meilleurs photographes de 2020

Les quinze meilleurs photographes de l’année 2020

Image d'avatar de Hadrien VecchioneHadrien Vecchione - Le 5 janvier 2021

Petite coutume annuelle de Beware! où notre équipe élabore une rétrospective des photographes les plus marquants dont nous avons parlé cette année. Une sélection qui commence 2021 de la plus belle des manières.

Elizaveta Porodina, maître du romantisme sombre

Un esprit occupé par les ténèbres et le déconfort d’une mélancolie, exploration énigmatiques, parfois morbides de la photographe russe.
Son travail expérimental fait appel à des codes bien ancrés. La vision artistique d’Elizaveta Porodina provoque un déconfort hypnotisant renforcé par l’utilisation du noir et blanc. L’artiste joue avec le symbolisme mélancolique pour retranscrire les ténèbres ayant trouvé refuge dans son esprit. Effets psychédéliques, corps qui semblent se distordre dans l’espace, le travail Porodina est une véritable ode au surréalisme. Elle voyage dans sa propre dimension, erre dans les songes de son esprit, comme si elle nous invitait à l’y accompagner. Parfois d’une honnêteté déconcertante, parfois d’une complexité terrifiante, ses photos varient entre un hommage à l’imagerie cinématographique (notamment à l’expressionnisme allemand) et l’usage des codes de la mode et des beaux-arts.

Elizaveta Porodina

Yegan Mazandarani, Parias de la guerre au présent et en image

C’est l’histoire d’une guerre au présent et en image dont personne ne parle plus et qui pourtant est bien réelle. Avec Parias, Yegan Mazandarani vous propose de découvrir un livre d’images accompagnées d’entretiens avec les hommes et les femmes qui vivent la guerre du Donbass, un conflit armé qui dure depuis 2014 à l’Est de l’Ukraine. Un récit de guerre sur fond de photographies en noir et blanc, dernière parole peut-être, des oubliés du Donbass.

Yegan Mazandarani "Parias"

Michel Gantner, fusion entre visiteur, peinture et série de photo poétique

Grandiose et fascinant ! Avec “Museal”, le photographe Michel Gantner porte un regard lyrique sur les rapports entre peinture, art et visiteurs où l’observation des êtres humains est une grande première pour l’artiste, plus habitué à photographier le silence des objets ou des végétaux.
“Museal” c’est une rencontre, celle des œuvres du passé et des spectateurs contemporains dans une alchimie poétique. C’est peut-être aussi une communion, celle où les visiteurs s’intègrent et se mêlent aux œuvres. Ils ne sont plus des visiteurs, dans l’objectif du photographe : ils sont le tableau. Au premier contact de “Museal”, on est presque désarçonné de ses photographies qui confondent spectateurs et peintures. Et pourtant, en prenant son temps, nous nous perdons dans ces illusions d’œuvres réinterprétées.

Michel Gantner "Museal"

Kevin Fletcher, les photographies cinématographiques ” Avenue of roses”

« Ce projet est un regard sur mon arrière-cour – un regard sur ma ville. Un documentaire sur la 82e Avenue avec pour toile de fond, la croissance urbaine galopante
Avenue of Roses“. C’est une allée que les Américains empruntent quotidiennement. Elle est considérée comme neutre, fade voire insignifiante : « Elle est souvent tournée en dérision. Certains considèrent que l’Avenue des Roses est laide. Elle n’est pas connue parce qu’elle est pratique, mais surtout parce que c’est un lieu nécessaire et fonctionnel de la ville. » Ses photos sont cinématographiques. Elles semblent être tirées tout droit de Blade runner 2049Sicario ou encore Prisoners. Une série de photos sociales ou le regard se porte sur la croissance de la ville, son urbanisation et sur sa gentrification.

Kevin Fletcher "Avenue of Roses"
Kevin Fletcher

Brendan George Ko, l’envie de se souvenir

Brendan George Ko référence dans le monde de la photographie. Vous ne connaissez pas ? Une chose est sûre, après avoir vu son travail, vous comprendrez pourquoi.
Chaque année, il capture ses instants de vie, ses lieux, ses découvertes, mais avant tout ses rencontres, avec des proches ou de parfaits inconnus. Attaché à la notion de mémoire, Brendan détaille sa vie par le biais de son objectif, pour en saisir toute la beauté, la surprise et la singularité. Raconter par l’image, voilà toute son envie, et tout son talent. Chaque année se termine en un Scrapbook, une sorte de journal visuel où chaque année est un “chapitre”. L’artiste s’exprime ainsi “Chaque Scrapbook me fait penser à ces miettes de pain que l’on sème, pour retrouver notre chemin“. Une beauté brute, le sentiment d’être avec lui, de connaître les inconnus qu’il fige pour l’éternité, un récit de vie aux multiples facettes, un besoin intrinsèque de partager pour se souvenir.

Brendan George Ko
Brendan George Ko

Cody Cobb, quiétude du Grand Ouest américain

Partir seul dans l’immensité de l’Amérique de l’Ouest pour mieux capturer sa beauté, retour sur le photographe Cody Cobb et son amour pour le Grand Ouest américain.
Passant des vallées glaciaires aux déserts, des côtes accidentées aux denses forêts, il n’en a jamais fini d’explorer et de mettre à l’honneur la beauté parfois insoupçonnée de la planète. Loin des grandes routes, Cody préfère se perdre et se laisser guider par son instinct. Ses errances lui permettent alors d’enregistrer des moments calmes, presque immobiles, dans la brutalité naturelle des paysages inaltérés. une nature apparemment intacte. Un isolement volontaire qui lui permet une observation plus sensible des paysages et un travail de recherche de la lumière accrue. Jouant avec les formes géographiques, les textures et les couleurs, le photographe donne un côté mystique et intemporel à ses clichés.

Cody Cobb Ouest Américain

Olivia Bee, poésie de l’adolescence

Portraits d’amis et chroniques en images de ses aventures de jeunesse quotidiennes, poésie en image de l’adolescence d’Olivia Bee.
La démarche d’Olivia Bee trouve rapidement des points communs avec le documentaire. Sauf qu’ici, elle déborde le cadre de la simple réalité. En mettant sa créativité au service de sa photographie, elle nous fait entrer dans les rêveries éveillées de sa génération. C’est un récit en images et sans fard de sa jeunesse ici dévoilée. Des moments de liberté, de légèreté, à travers ces relations d’amour naissantes et avec avidité pour les premières expériences de liberté. La photographe cherche avant tout à révéler la beauté du quotidien pris dans un espace à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire. Par la forte présence du grain dans certains clichés elle donne une assertion, une présence physique, une matérialité à cette mémoire sensible. C’est cet élan de « naïveté » mêlé aux audaces de la jeunesse qui fait la force de ses images.

Olivia Bee

Yoko Ishii et les cerfs sacrés de Nara

La photographe Yoko Ishii photographie les cerfs sacrés aux premières heures du jour ainsi qu’à la tombée de la nuit et les magnifient dans des tirages subtils.
C’est après avoir trébuché sur un chevreuil à une intersection en 2011 que la photographe Yoko Ishii se décide à prendre en photo les animaux de la ville de Nara et de l’ile de Miyajima. À travers ces images surréalistes se dégage une douceur, et aussi de l’étrangeté. La nature et la ville semblent cohabiter à travers un drôle de compromis, une ambiance presque post-apocalyptique où l’animal semble régner en maître.

Yoko Lishi et les cerfs sacrés de Nara

André Josselin, photographe touche-à-tout

André Josselin est un photographe de 32 ans originaire de Cologne. S’il a beaucoup photographié pour de la publicité comme pour Nike ou Red Bull, Magnum ou Adobe, il participe également aux campagnes d’offices du tourisme de pays comme l’Australie ou le Japon. En milieu urbain, comme à la campagne, Josselin ne se sépare jamais de son appareil photo et se laisse porter, au gré des rencontres et des paysages… Retour sur un prodige de la photo, un véritable touche-à-tout.

André Josselin

Charles Pétillon, magie des ballons blancs

Charles Pétillon est un photographe français dont l’œuvre est entièrement tournée vers l’installation de ballons blancs gonflables dans des situations subversives aux mises en scène poétiques.
Son œuvre est sans nul doute une ode à l’enfance, mais soulève parfois des questions plus profondes pour nous renvoyer à fragilité du monde alentour. Charles Pétillon, une magie des ballons blancs engagée.

Charles Pétillon

Tom Hegen, les conséquences de l’arrêt du trafic aérien en photos

Une vue aérienne sur le monde des avions “The Lockdown”. Cette série de photographies est le reflet de la situation mondiale en 2020. En photographiant des avions au sol, il montre les conséquences de la Covid-19. Le monde est verrouillé, plus rien ne bouge, même les avions ne volent plus : « L’industrie aéronautique, qui est l’un des facteurs clés de la mondialisation a aidé à connecter le monde. Seule la mondialisation et le monde bien connecté ont permis au virus de se propager. Maintenant, le virus nous interrompt tous et fait reculer la mondialisation. » 

Tom Hegen "Lockdown"

Oded Wagenstein, “Herders of Siberia”, après une vie de nomade chez les Nenets

Du nomadisme à la sédentarisation, ou comment “les femmes doivent affronter seules les affres de la vieillesse”.
Oded Wagenstein, photographe israélien s’est rendu au Nord-Ouest de la Sibérie, dans le petit village de Yar-Sale, afin de se documenter et de rencontrer un groupe de femmes âgées qui s’y sont installées après de longues vies passées traverser la toundra arctique en tant qu’éleveuses de rennes, passant d’une vie de nomade à la sédentarisation. C’est de cette recherche que l’artiste tire sa dernière série de photos “Herders Of Siberia”. Des images à couper le souffle mêlant paysages, portraits et natures mortes pour ce début d’hiver.

Oded Wagenstein "Herders Of Siberia"

Arch McLeish, beauté des paysages désolés

Prendre le temps de s’attarder. Arch McLeish à mis chemin entre la beauté des paysages désolés et un romantisme urbain.
Toutes ses photographies sont prises aux premières heures du jour ou à la tombée de la nuit ce qui produit une lumière chaude et rosée, participant ainsi au mystère et à la rêverie qu’inspirent ses photographies. Son usage de la perspective est souvent déconcertante, avec tantôt des plans larges et des plans très resserrés à d’autres moments, particulièrement pour ses photographies architecturales. Ces dernières nous poussent à regarder avec un œil neuf des bâtiments pour le moins anodins et à se réapproprier des codes architecturaux qui passent aujourd’hui complètement inaperçus.

Arch McLeish "romantisme de paysages désolés"

Danila Tkachenko, mémoire historique de monuments abandonnés

Des églises orthodoxes du passé abandonnées, édification de structures légères sur des sites historiques délaissés dans des formes modernistes abstraites, retour sur la série de photos “Mystic Monuments” par Danila Tkachenko où les images du passé sont exploitées pour des projets futurs.
Mystic Monuments“, mélange les genres naviguant entre structures artistiques modernes, bâtiments religieux abandonnés, et captation photographique, pour des œuvres d’art exceptionnelles créant un lien direct entre photographies d’architecture, urbex et conceptualisme moderniste.

Danila Tkachenko "Mystic Monuments"

James Kerwin “A Paradise Lost” à Beyrouth

Beyrouth, une des plus vieilles villes du monde, un patrimoine qui témoigne d’une succession d’époque, des minarets de mosquées en passant par ses palais, sans oublier les manoirs coloniaux, bienvenue à Beyrouth et ses ruines architecturales, stigmates des guerres dans l’objectif de James Kerwin, à mis chemin entre conservation patrimoniale et Exploration urbaine.
Partout dans la ville, des structures neuves et modernes émergent au centre de la capitale Libanaise. Mais quelques témoignages d’une époque de faste antérieure trônent au milieu de ces superstructures. On y retrouve des bâtiments d’une autre époque à l’allure ottomane, des manoirs coloniaux français, ainsi que des immeubles d’avant-guerre en ruine, symbole de tout un pays confronté aux guerres depuis la seconde moitié des années 70. C’est cette beauté architecturale passée que le photographe James Kerwin met à l’honneur dans une série de photos “A paradise lost”.

James Kerwin " A Paradise Lost"

À voir aussi, notre article sur les meilleurs photographes de 2019

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