Ses œuvres envahissent les murs de Toulouse. Snake, graffeur emblématique de la ville, vit pour son art.
Snake, pseudo de Xavier, né à Nîmes le 1er avril 1974. Il commence “à s’amuser avec des bombes” dès l’âge de 15 ans. “J’allais sur les murs, les tables du lycée, les toilettes…” Rapidement, le jeune Xavier prend le pseudo de Snake, serpent en anglais. Un nom qui sonne bien et dont il apprécie l’enchaînement des lettres.
Lui qui n’a jamais été réellement intéressé par l’école réussit tout de même à décrocher un CAP-BEP électrotechnique. Il n’en fera jamais son métier et enchaînera plutôt les petits boulots, à l’usine, dans la vente, dans l’animation, histoire de gagner de quoi vivre… De 1990 à 2000, il continue de graffer par envie et par passion, même si cela ne lui rapporte rien, hormis un séjour de trois mois de prison pour des graffiti sur des trains à Tarbes en 1996. En 2000, finalement il prend un positionnement clair et net : “Le graffiti va payer mes factures. Je vais me donner les moyens de ce choix” confie-t-il lors d’une interview pour La Dépêche. Pour cela Snake prend le statut d’artiste indépendant. “J’avais alors 10 ans de pratique durant lesquels j’ai bien envoyé dans la rue. J’étais reconnu dans mon milieu, mais en me lançant en tant qu’artiste indépendant, je repartais à zéro, car pour en vivre je ne devais pas seulement séduire mes pairs. Je savais qu’il y avait des choses à faire car j’avais déjà travaillé avec des mairies par-ci par-là. Je voulais développer ça.”
La rage de graffer en lui, Snake réussit finalement à exploiter sa passion et devient une figure emblématique du street art français.
Sa mère, sa première source d’inspiration
Les œuvres de Snake se composent essentiellement de figures féminines. Le regard franc, il réussit à faire émaner d’elles une force de caractère palpable. Et si les femmes sont omniprésentes sur ses murs, c’est pour rendre hommage à la figure tutélaire de sa mère, disparue en 2021.
“Pour moi, c’est là boss. Inconsciemment derrière chacune d’entre elles, il y a l’image puissante de ma mère qui m’a élevé seule, s’est battue, n’a rien lâché. Elle ne m’a jamais mis des bâtons dans les roues. Dans les moments difficiles, comme au parloir, elle a toujours été là.”
Une renommée méritée
Reconnu internationalement grâce à son style et sa technique personnelle (wild-style, block-letters, personnages, tags…), celui qui cache son visage car il préfère être reconnu avant tout pour son talent est devenu un acteur majeur de la scène graffiti française.
Adepte des grandes surfaces, il a développé un véritable sens artistique professionnel pour les projets d’envergure, pour lesquels de grandes marques ont fait appel à lui.
Sa philosophie concernant l’espace urbain est bien définie. Pour lui, la véritable transfiguration de la ville du futur ne passera pas par la construction de grandes tours mais par le regard différent que les habitants porteront sur leur espace de vie. Il s’agit de mettre en lumière des lieux qui existent, mais que les gens ne perçoivent plus dans leur quotidien. Il faut écrire une histoire, ce qui est d’ailleurs devenu sa signature : intégrer l’histoire à travers le personnage.
“Sur 34 ans de pratique, je suis sur cette approche graphique depuis 11 ans, où l’intégration de la lettre permet de raconter une histoire à travers une seconde peau sur le personnage”, explique-t-il. Un concept qu’il a même baptisé typogractère contraction de typographie et character (personnage en anglais).
Les créations de Snake sont à voir ou à revoir sur sa page instagram.