Artiste engagé pour l’environnement, Saype érige d’immenses œuvres en pleine nature. Aussi belles soient elles, elles n’en restent pas moins éphémères…
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Qui est Sapye ?
Saype, pseudo de Guillaume Legros formé de la contraction de say (dire) et peace (paix), est un peintre connu pour ses fresques géantes, proches de l’hyperréalisme.
C’est à l’âge de quatorze ans que cet ancien infirmier découvre l’art de rue en tant qu’autodidacte. Il comme en tant que graffeur, un acte rebelle qui selon lui constitue « une manière d’exister dans la société ». Il développe ses techniques, son talent. Très vite, il se détourne de la rue pour un autre terrain de jeu, plus grand et moins exploité : la nature.
Le land art de Saype
Après le street art, direction le land art. Convaincu que « le graffiti est dilué dans la pollution de nos sociétés actuelles », il commence l’exploration de fresques géantes sur l’herbe. Et bien évidemment, en tant que fervent écologiste, pas question d’utiliser de la peinture nocive pour l’environnement.
En 2012, après plusieurs mois de recherche pendant près d’un an dans le jardin de ses parents, il commence à utiliser une peinture totalement biodégradable, qu’il a lui-même élaborée à partir de caséine, la protéine du lait.
Sa première œuvre mémorable en pleine nature, L’Amour, est réalisée en 2015, dans les Alpes françaises, sur herbe. Elle représente un buste de femme dans un style figuratif comparé à l’hyperréalisme et à l’impressionnisme. C’est alors la plus grande fresque sur herbe réalisée au monde.
“Ce qui me plaît, c’est vraiment d’avoir une œuvre qui va interagir avec la nature”, explique l’artiste. Son nom devient très vite indissociable d’une autre technique artistique : l’anamorphose. Il joue avec les perspectives des paysages pour donner l’impression lorsqu’il prend ses photos par drone que les dessins sont aux mêmes dimensions.
Une beauté éphémère
Titanesques, les œuvres de Saype sont visibles depuis le ciel. Et heureusement que les drones existent pour les immortaliser, car ces créations biodégradables ont une particularité : elles disparaissent au bout de quelques semaines.
Elles sont pensées pour évoluer en même temps que les aléas de la nature. Et parfois, elles représentent plus d’un an de travail.
En même temps, les défis techniques sont de taille. Vous imaginez, vous, gravir une montagne pour peindre deux dessins de 1000 mètres carré chacun, à même la neige, à plus de 2000 mètres d’altitude ? Saype l’a fait !
Faire réfléchir, la mission de Saype
On le rappelle, Saype est un ancien infirmier. Un détail qui a son importance puisque ce métier a nourri l’inspiration et la réflexion derrière les premières démarches de l’artiste. En effet, cela l’a notamment amené à se questionner sur des « questions existentielles comme la souffrance de l’être humain ».
Chacune de ses œuvres, sensibles et grandioses, pousse à s’interroger sur les conditions de vie de l’être humain dans notre société actuelle mais également sur des questions écologiques. Saype souhaite attirer l’attention des gens et impacter les mentalités sans laisser de trace dans la nature.
Des messages universels
En 2019, il a également entamé un projet d’envergure mondiale intitulé « Beyond Walls ». Son ambition : créer symboliquement, à l’aide de sa peinture, la plus grande chaîne humaine au monde, dans plus de 30 villes et au cours de plusieurs années, invitant les peuples à l’entraide, la bienveillance et le vivre ensemble.
« Ce n’est qu’ensemble, main dans la main, que nous pourrons surmonter les plus grands défis de notre temps », a-t-il déclaré lors de la présentation de son projet à Turin. Toujours avec de l’herbe comme toile, Saype a peint plusieurs paires de mains qui s’entrelacent et se serrent les unes contre les autres. Le message est simple : pousser les êtres humains à franchir les murs dressés devant eux, qui les séparent ou les enferment dans des compartiments mentaux ou géographiques.
Depuis son lancement, Saype a peint ces mains à Paris, à Berlin, à Ouagadougou ou encore à Istanbul et au Cap. Son message, éphémère sur l’herbe mais à jamais encré dans les mémoires, est parti pour traverser les 5 continents.
Il a aussi peint en 2020 au cœur du parc du palais des Nations à Genève, une œuvre intitulée « World in progress » qui évoque la construction collective de notre futur. Symbole du monde de demain, il y a représenté deux enfants reliés par une farandole universelle rappelant aux générations présentes leur devoir à l’égard de celles à venir. L’artiste a voulu ici rappeler l’idéal lumineux de paix et d’entraide de demain entre les nations qui ira de pair avec la préservation du patrimoine mondial environnemental.
Avec une bienveillance inouïe, il crée des œuvres aux messages universels. Humaniste des temps modernes, Saype partage également son art éphémère sur son compte instagram.