Ses récentes expositions à New York, qui l’ont propulsé sur le devant de la scène, ne sont qu’une infime partie de l’œuvre de cet artiste. Âgé de 34 ans, Othelo Gervacio a su disséminer son art dans de nombreux projets, et ceux, depuis plus de 10 ans. Son aventure débute en 2005 auprès de Scott Campbell. Le célèbre tatoueur va lui permettre de se construire artistiquement parlant. Développant un style, qui fait aujourd’hui sa renommée, Othelo va vite se faire remarquer auprès des grandes marques de mode ou des principaux acteurs du monde artistique. Nike, Off-White, directeur de l’atelier de Campbell, directeur artistique pour l’agence Alldayeveryday. L’artiste américain va multiplier les projets sans oublier ce qui l’a poussé dans ce milieu : la contre-culture.
Ayant grandi en banlieue, Othelo Gervacio n’a pas eu la chance d’être directement exposé au renouveau artistique qu’ont connu les États-Unis. La démocratisation du Pop-Art et la naissance du graffiti d’un côté. Un jeune homme passionné par ce monde qui n’est pas encore le sien. Mais Othelo est quelqu’un d’autodidacte, de déterminer. Il débute par s’intéresser aux premiers groupes de metal, Black Sabbath notamment, par découvrir la culture motard et du tatouage. De ses 12 à ses 16 ans, il peint des trains, pose quelques murs légaux. En parallèle, Othelo s’intéresse de plus en plus au monde des beaux-arts et plus particulièrement à Keith Haring. Véritable légende, l’artiste est un pionnier. Un des premiers à avoir permis le rapprochement entre deux mondes qui semblaient antagonistes : le street-art et les beaux-arts. C’est ce besoin de partage, de discussion qui va guider Othelo dans son œuvre.
Quand art rime avec partage et conversation
Othelo accorde une place importante au sentiment de distorsion, au sentiment inéluctable que le temps passe. Mêlant dessin photoréaliste, aquarelle et graffiti, l’artiste américain prend l’art comme un défi. Il préfère l’audacieux au consensuel, le personnel au commercial. Faire en sorte que chacune des œuvres représentent une part de lui-même est son principal credo. Ses compositions sont accompagnées de phrases symboliques, mais surtout mélancoliques. Comme s’il tentait sans cesse de communiquer aux spectateurs ses états d’âme.
Particulièrement inspiré par le langage visuel de cette contre-culture qu’il a tant adulé, Othelo fait étalage de tout ce qu’il a pu apprendre. Son style mêle, avec brio, l’onirique et le réel. Il a su créer un lien entre graphiste et artiste en jonglant entre ses inspirations punk et son obsession pour la typographie. Au-delà de cette recherche continuelle du partage entre les cultures, Othelo a diversifié ses univers. Il a débuté avec une série de peintures de Madonna, a enchaîné avec une période punk / métal et ses nombreux personnages démoniaques (comme son célèbre Grim Reaper), pour aboutir à des œuvres plus mélancoliques. Réaliser des fleurs photoréalistes lui permet de s’aventurer sur des sujets plus contrastés. Appelée Lettres d’amour, sa dernière exposition est une commémoration. Quand le sombre des fleurs fanées rencontre le romantique des couleurs chaleureuses et puissantes de ces mêmes plantes. “Les fleurs ont des significations uniques dans différentes cultures et je suis intéressé par la façon dont les gens les interprètent.”
Retrouvez le travail d’Othelo Gervacio sur son site et pour plus d’artistes new yorkais qui réinventent les codes de l’art, découvrez les oeuvres de Robin F. Williams.