Ma rue par Achbé, un visage sur les mots
Ma rue par Achbé, c’est d’abord un message, un poème dans la rue de Claudie Baudry et de tous ses voisins, ses passants à qui elle déclare ses réflexions, pensées. À la craie, vous pouvez lire des mots courts, mots longs, maux tristes ou maux d’espoirs sans jamais aucun mauvais jeu de mot.


Tout commence un matin d’avril 2017, Claudie Baudry alias Ma rue par Achbé descend dans sa rue avec une des craies de ses enfants et se met à écrire un message, son tout premier, agenouillée sur le bitume Montmartrois : « ça monte, hein ? ». Et depuis, elle en a écrit plus de 600, cumulé les vues, les likes sur les réseaux sociaux, participé à des expositions, et même publié un livre (que vous pouvez retrouver aux éditions Alternatives sur ce site) !


Ma rue par Achbé, c’est aussi les initiales de son mari décédé sur ce trottoir-même où elle dessine ses craintes, ses bonheurs et ses révoltes. C’est une façon pour elle de lui rendre hommage, d’être vue du ciel, d’être lue du ciel : « Je ne suis pas mystique, mais y croire me rassure, c’est un acte de résilience, une performance éphémère et poétique, une déclaration ».

« Écrire ses pensées, bousculer, s’amuser, partager Montmartre et être lue du ciel »
Ma rue par Achbé

C’est après des études de lettre et de civilisation étrangère, un mémoire sur l’utilisation de l’art dans la publicité qu’elle devient conceptrice rédactrice. Aujourd’hui, Ma Rue par Achbé a deux casquettes, celle de la poétesse urbaine, amoureuse du street art, de la rue, et celle assise dans un bureau. Ce qu’elle aime par-dessus-tout c’est donner à la rue, offrir aux passants des cadeaux, des cadeaux qui n’ont pas besoin d’être emballés ou rangés, mais qui au contraire se prennent, instantanément, dans les yeux et les rêves. La craie s’efface, c’est quelque chose de très éphémère, mais aussi quelque chose qui se repasse, se réécrit à l’infini. La photographie lui permet de rendre ses mots immortels, et de les partager au plus grand nombre.


Parmi ses inspirations, elle cite le photographe Robert Doisneau et ses sublimes photos en noir et blanc. Elle voit à travers elles une forme de nostalgie, mais aussi une énergie positive.

Si ses vers sont en noir et blanc, c’est parce que le mot blanc sous un fond noir attire l’œil : il expulse et se jette sur nous, délicatement. Et surtout parce que la couleur, la vraie couleur, ce sont les mots. Ils donnent le ton, l’ambiance, l’ombre, l’éclat à la rue.

Deux à trois fois par semaine, comme on peut avoir besoin de manger, de boire ou de pleurer, Ma rue par Achbé a besoin d’écrire et défier le smartphone pour aller écrire à la rue. Elle se fiche de l’étiquette qu’on lui donne, peu importe le nom, l’art ou le courant, ce qui compte, c’est ce qu’elle fait, ce qu’elle donne et ce qu’elle « craie« . Elle aborde des multiples sujets comme l’amour, le combat des femmes, la poésie, le bonheur, le voyage ou encore l’adolescence…Et transforme l’usure du quotidien en quelque chose de plus riche, de plus rythmique et de plus dansant.






Une de ses plus grandes fiertés et expositions se déroulera le 18 septembre au Musée National de l’Éducation à Rouen. Dysgraphique depuis toute petite, sa calligraphie a toujours été méprisée et illisible, aujourd’hui c’est une revanche, la preuve qu’une faiblesse peut devenir une force. La boucle est bouclée, celle que l’on n’arrivait pas à lire à l’école et aujourd’hui lue par des milliers de vivants.


Nous vous invitons à aller sur son site ainsi que sur son Instagram ! Vous aimerez aussi les illustrations pleines de poésie de Estine Coquerelle.