Jungle Volcano

[Interview] Jungle se réinvente avec “Volcano”

Image d'avatar de Shad De BaryShad De Bary - Le 11 août 2023

Depuis 2014, Tom McFarland et Josh Lloyd-Watson, les britanniques de Jungle, nous font vibrer sur une funk solaire. À l’occasion de leur dernier album, McFarland à confié à Beware! sa méthode pour continuer à innover.

Tom McFarland (à gauche) et Josh Lloyd-Watson (à droite), un duo complice à la ville comme à la scène. Crédit photo Luis Aviles.
Tom McFarland (à gauche) et Josh Lloyd-Watson (à droite), un duo complice à la ville comme à la scène. Crédit photo Luis Aviles.

On avait déjà eu la chance de rencontrer Tom McFarland, moitié de la tête pensante de Jungle, à l’occasion de leur dernier opus, Loving in Stereo. S’y dessinait déjà l’aube d’une nouvelle ère, faite de nouvelles expérimentations. Volcano, avec ses 14 titres, ne trahit pas les habitudes du groupe. Toujours emprunt de joie et de rythmes entêtants, il renouvelle sa patte en l’infusant de notes électroniques. Il n’est pas question de rebrand, pour l’artiste, mais d’un “remix” réussi des sonorités qui ont séduit les fans des premiers jours.

Le nouvel album continue à explorer des sonorités plus proches de l’électro. Pour vous, Volcano serait la continuité de Loving In Stereo ?

Tom McFarland : Absolument. C’est à la fois une évolution, mais aussi un point de bascule. Je pense que, même si le troisième album a été le fruit d’un processus dans lequel on s’est libérés, celui-là le dépasse quelque part. Ce n’est plus une question de trouver une forme de liberté, mais de faire ce qu’on a envie de faire.

Si demain on enregistrait un album encore plus électro, je crois que le public serait prêt. Alors que si on avait pris ce chemin directement après le premier album, personne n’aurait compris. Lovin in Stereo a été une sorte de pont, un tournant. Une fondation solide pour ce qu’on veut faire plus tard, aussi.

Pour vous, c’est le nouvel esprit de Jungle ?

Oui, il y a quelque chose de nouveau. On a fait beaucoup de choses sur cet album qu’on avait toujours eu envie de faire sans vraiment en avoir le courage. On essaie toujours de tout réinventer, de rester au fait des nouvelles technologies, des nouvelles sonorités et des nouvelles méthodes… On est constamment en train de chercher ces moments qui nous exaltent … 

Parce que c’est énergivore, et on ne rajeunit pas – ça fait dix ans qu’on tourne. Ce n’est pas exclu qu’à un moment on arrête. Mais avec Volcano on a réussi à se surprendre, c’est étonnant à quel point il nous semble novateur Je sais que ça semble un peu fou, mais c’est comme si on avait tout recommencé. J’ai l’impression d’avoir à nouveau 24 ans, pas 34 ans. Putain, j’ai 34 ans (rires)…

Et avec ce nouvel esprit, est-ce qu’on peut s’attendre à voir des nouveaux concepts dans les vidéos ?

On a toujours fait des vidéos avec des danseurs. On fera tout le temps des vidéos comme ça. Pour Volcano, il y a un fil rouge, quand même. A la fin, il y aura un film, avec une histoire. C’est un projet qu’on avait déjà avec Loving In Stereo, mais on a été pris de court. Cette fois, on a vraiment réussi à réaliser ce qu’on avait en tête.

Il y a encore beaucoup de featuring, dont Bas qui apparaît de nouveau dans les crédits. C’est toujours aussi important pour vous de collaborer avec d’autres artistes ?

Absolument. Cela nous permet d’ajouter toute une dimension aux morceaux. Collaborer, c’est un des meilleurs moyens d’apprendre, d’élargir nos horizons musicaux aussi, d’observer comment les autres fonctionnent, comment ils vivent leur créativité. Cela nous donne absolument un nouveau point de vue sur qui on est, ce qu’on fait, ce qu’on veut faire. C’est très enrichissant.

Vous réfléchissez au live pendant que vous enregistrez ?

Non, on ne peut pas faire ça. Ça nous limite trop. D’accord, c’est une galère de trouver un moyen de traduire des morceaux enregistrés en expériences live. Mais on n’a pas autant d’options en live, ce qui limite forcément le nombre d’instruments qu’on peut utiliser. On préfère laisser libre court à notre imagination, ce qui nous permet d’intégrer plus d’éléments plus difficiles à garantir en concert comme des chœurs ou des featuring par exemple.

J’ai hâte de commencer la tournée. Il faut que ce soit spectaculaire.

J’imagine que les prochains concerts reposeront plus sur du “mix”. Vous allez continuer à jouer avec des musiciens pour les lives ?

Oui ! Je pense que notre prochain défi sera de surprendre notre public et sa manière d’imaginer comment jouer ces nouvelles sonorités. On veut mixer pendant tout le set, mais avec un groupe avec nous. Il y aura des moments où on pourrait se demander “est-ce que c’est du live ou est-ce que c’est pré-enregistré ?“. Dans notre esprit, le concept semble génial. En live, ce sera peut-être la catastrophe. (rires)

On ne veut pas prendre la voie la plus facile. Même si ça représente plus de travail, les résultats sont uniques, beaucoup plus enthousiasmants. Si on se contentait de jouer les morceaux, certes, le concert serait bon et le public pourra entendre ses chansons préférées. Mais s’il sort de nos concerts en se demandant “mais ils ont fait quoi ? Est-ce qu’ils ont vraiment fait ça“, là ce serait une vraie réussite.

Sur la dernière tournée, le duo s'accompagne de cinq autres musiciens pour proposer une expérience organique. Crédit photo Luis Aviles.
Sur la dernière tournée, le duo s’accompagne de cinq autres musiciens pour proposer une expérience organique. Crédit photo Luis Aviles.

Vous avez le trac avant la nouvelle tournée ?

J’ai hâte, plutôt. En ce moment je ressens surtout de l’adrénaline, entre les répétitions et l’élaboration des nouveaux concepts. Il faut que ce soit spectaculaire. Et on est perfectionnistes. Quand on a l’impression que tout le potentiel n’est pas exploité, il y a un moment de doute, je dirais. Mais ça nous motive aussi, à trouver des moyens de faire mieux.

Et, avec les musiciens, on se connaît tous très bien. Il y a beaucoup de soutien émotionnel entre nous. Tourner, c’est parfois stressant, et extrêmement fatiguant. Avoir cette intimité, cette compréhension – il me suffit que Josh me regarde pour qu’il sache ce que je ressens – c’est très précieux.

Il y a quoi dans votre playlist en ce moment ?

Il y a le producteur britannique Anish Kumar, qui est étudiant à Cambridge, et qui fait de l’électro vraiment cool. J’écoute aussi Chenayder, une artiste américaine et haïtienne qui fait de la soul pop. Qui d’autre ? Joy Anonymous ! Ils sont vraiment bons.

J’ai aussi acheté ça pendant que j’étais à Paris. Il sort des vinyles de Mansur Brown, Kae Tempest et 2manydjs.

C’est drôle, même ces recommandations sont beaucoup plus électro que la dernière fois …

On mixe plus en ce moment. Et c’est drôle, mais j’ai grandi en écoutant beaucoup d’électro : Moby, Daft Punk, Justice, Air, … Mais aussi Marvin Gaye. La funk m’a semblé plus naturelle au début. Qui sait, peut-être qu’on finira DJ de deep house (rires).

Jungle sera au Centquatre (Paris) les 24 et 25 octobre prochain, et à La Paloma (Nîmes) le 1er novembre.

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