YAASTER

[INTERVIEW] Yaåster, la force tranquille au service d’une pop psychédélique

Image d'avatar de Thomas DagnasThomas Dagnas - Le 31 juillet 2023

Un après-midi ensoleillé de Juillet, on retrouve Yaåster en plein air. En pleine méditation dans un coin ombragé des Jardins du Luxembourg, le jeune artiste nous accorde une entrevue à cœur ouvert. Pendant près d’une demi-heure, le chanteur évoque sa manière de créer, ses influences, la personne qu’il est dans la vraie vie, le tout avec une sagesse déconcertante.

Rencontre avec un musicien passionné qui débute sa carrière solo mais qui possède déjà une patte musicale pop rock psyché très évoluée !

Portrait de Yaaster avec un bandana, du mascara et des colliers
© William Nothin

Alors Yaåster, qu’est-ce qui t’a donné envie de faire le grand saut en te lançant en solo ?

Je faisais déjà de la musique en tant que compositeur sous mon vrai nom Arnaud Goetgheluck. Puis, j’ai créé le projet Yaåster en 2018. Quand j’ai commencé sous ce pseudo, j’ai créé des morceaux mais je considère ça comme des balbutiements donc j’ai préféré tourner la page. Et à partir de 2021, j’ai réellement trouvé ma couleur musicale : un son pop et rock psychédélique.

Quelle place occupe l’environnement dans lequel tu vis dans ton processus créatif ?

L’environnement c’est important pour moi parce qu’il y a des énergies qui circulent dans certains lieux. C’est propice à trouver une sorte de calme, ça permet de se mettre dans une bulle de création qui va permettre de se libérer l’esprit. Je sens que les idées viennent sans forcément se casser la tête à les chercher. L’environnement permet cette approche de création. Aujourd’hui, je vis dans les Yvelines, sous les arbres, dans la forêt, donc ça m’inspire énormément.

Portrait de Yaaster avec un bandana, des cheveux longs

Comment est-ce que tu vis l’ensemble de l’expérience et de l’univers que tu proposes à ton public ?

C’est quelque chose que j’incarne dans ma vie de tous les jours. Yaåster, c’est un peu comme si je vivais ma réalité ultime, ce délire enfantin de laisser place à son imaginaire surdéveloppé.

Sur toute la direction artistique que je propose, il y a cet imaginaire qui est censé faire rêver. Quand je dis que je l’incarne dans ma vie de tous les jours, c’est que je suis habillé en pattes d’eph, chez moi c’est décoré avec des objets chinés qui rappellent des endroits et des époques différentes du monde… J’aime bien l’idée de l’universel, de l’intemporel.

Justement, pour revenir sur ce personnage : Yaåster. C’est un personnage androgyne, extravagant, est-ce qu’il est complètement différent d’Arnaud Goetgheluck ?

Oui et non. Par exemple, sur toute la direction artistique de mes clips : la façon de m’habiller, les objets décoratifs… ce sont des éléments que j’ai chinés pour moi, que j’ai kiffé et qui sont présents dans mon studio. Donc pour ça, Yaåster et Arnaud sont les mêmes personnes.

Par contre, Yaåster, il est sur scène, il est intense, il partage de la musique et des émotions par ce biais là. Arnaud, il est plus simple dans la vie de tous les jours, il ne porte pas les tresses tout le temps (rires). Fondamentalement, la base reste la même.

“Yaåster, il est sur scène, il est intense, il partage de la musique et des émotions par ce biais là. Arnaud, il est plus simple dans la vie de tous les jours, il ne porte pas les tresses tout le temps (rires).”

Yaåster, sur son personnage
Portrait de Yaaster en noir et blanc avec des tresses
© William Nothin

Tu composes, arranges et enregistres tout seul ta musique. Qu’est ce que ça t’apporte cette forme d’indépendance ?

Ça m’apporte une liberté sur les idées. J’ai pas de comptes à rendre sur « pourquoi je veux mettre tel ou tel son ». C’est vraiment un terrain de jeu qui est à moi et je construis ma réalité dans ce terrain de jeu. C’est quelque chose que j’ai cherché à avoir car j’avais une certaine timidité à jouer et à composer avec d’autres personnes. Du coup, quand j’ai découvert que je pouvais pallier à ça et créer seul, c’était magique.

Pour l’anecdote, un jour mon père est arrivé et il m’avait acheté un clavier MIDI. J’avais le logiciel Garage Band, j’ai branché le clavier MIDI et j’ai passé la nuit à créer ma première musique tout seul. J’avais jamais fait ça et c’est venu très naturellement. Quand j’ai découvert ça, il y a une ouverture qui s’est créée chez moi où je me suis dit : « Wow, je peux m’exprimer ». Grâce à la musique, je peux dire des choses que je n’arrive pas forcément à conscientiser ou à dire dans la vie de tous les jours.

Dans ta carrière, tu as touché plusieurs genres et styles et tu continues à expérimenter dans ce disque. Comment tu réussis à faire la balance entre l’expérimentation et la construction de ton identité ?

Déjà dans l’expérimentation, il y a beaucoup de doutes, de tâtonnement et de peur clairement. Mais il y a certains points d’accroche rassurants. Imagine que tu navigues dans ta barque sur la mer, tu avances, tu ne sais pas où tu vas mais à un moment tu trouves un rocher. J’associe ce rocher au moment où je trouve tel ou tel son synthé qui marche bien et que j’aime vraiment. À ce moment là, je vais m’accrocher à ce rocher pendant un certain temps. Parfois, je trouve des rochers de plus en plus gros, voire une île.

C’est vraiment une métaphore à la con (rires), mais c’est pour dire que la recherche d’un son n’est pas anodine. Je ne sais pas où je vais mais je sais que je vais quelque part et parfois je trouve des choses formidables sur mon chemin. Les trucs formidables que je trouve, je les garde dans mon coffre et c’est ce qui construit petit à petit mon identité.

Quels sont les artistes qui t’inspirent ?

Sur l’EP Out Of My Zone, mes influences principales sont Tame Impala, Temples pour ce côté textures sonores très recherchées. Pour moi, c’est très agréable à entendre, les mélodies sont incroyables, ils utilisent beaucoup d’effets.

Après, indirectement, des groupes comme Muse ou Pink Floyd ont ancré des sonorités très rock dans ma mémoire. Sur le morceau Try It With Another Man, j’ai fait un solo de guitare qui sonne à fond Pink Floyd. Pourtant, j’étais pas forcément en recherche de ça, j’ai juste branché mes trucs, fait mes effets et improvisé.

Capture d'écran du clip La Balade de Yaaster

Avec quel matériel tu composes et enregistres tes morceaux ?

J’ai un logiciel séquenceur qui est Ableton Live. Je branche mes guitares et ma basse à mon ampli à lampes Fender Hot Rod Deville. J’ai mes pédales d’effets : reverb, overdrive, phaser ou encore delay. Pour les synthés, j’utilise beaucoup de plug-in sur l’ordi que j’accompagne de mon synthétiseur hardware qui est le Prophet 8.

Quels sont tes coups de cœur musicaux des dernières semaines ?

Je surkiffe le dernier album de Temples Exotico (ndlr voir l’article sur le single Gamma Rays). Dans le disque, il y a des mélodies assez orientales qui m’inspirent beaucoup. Justement, en ce moment je suis en train de composer des tracks qui ont cette couleur musicale. Il y a aussi l’album live Mahal de Toro Y Moi. C’est un album très psyché, très rock et surtout groovy et j’adore ça.

Le dernier album de Temples : “Exotico”, sorti en avril dernier

Est-ce qu’il y a un sujet important dont on a pas parlé dans cette entrevue et que tu aimerais aborder ?

On peut parler de spiritualité.

Pourquoi pas ! C’est quelque chose que tu intègres beaucoup dans ta musique ?

C’est quelque chose que je vis beaucoup dans mon quotidien et que j’intègre dans mon art. Je pense que c’est pour ça que j’ai une musique assez psyché, c’est parce qu’il y a cette recherche de connexion avec quelque chose de plus grand, qui me dépasse.

Il y a des moments où je suis frappé par l’énergie que je reçois et que je dégage. En concert par exemple, quand je suis dans l’instant, je vis quelque chose de fort, il y a une énergie puissante qui émane de moi et de mon public.

Toute cette énergie dont on parle, et dont on comprend parfois pas tellement ce que ça veut dire, je la ressens personnellement de façon réelle. Quand mes pensées sont positives et que je partage cet amour autour de moi, je suis persuadé que les gens reçoivent concrètement cette énergie.

Capture d'écran du clip The Alarm de Yaaster

Est-ce qu’on peut s’attendre à entendre des nouvelles sorties Yaåster dans les prochaines semaines ?

Je prévois de sortir une réédition acoustique des singles que j’ai sorti : Otherside, La balade et The Alarm. Je vais y ajouter un morceau inédit : Spleen d’été, que je n’ai joué qu’en concert pour l’instant.

Je vais aussi accompagner ces morceaux de visuels tournés à Val d’Isère. Notamment le clip de Spleen d’été, qui sera co-réalisé par ma copine photographe Adèle Cartier.

Pour écouter l’EP « Out Of My Zone » de Yaåster, sorti en mai 2023 :

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Thomas Dagnas
Article écrit par :
Etudiant Grand amoureux de musique et de culture, je traite des sujets qui touchent aux variantes du rap et du RnB, mais aussi à la culture graphique.

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