Magdalena Jetelová a déjà un long parcours artistique derrière elle. D’origine tchèque, elle ancre son travail dans le champ du Land art, avec une affinité pour l’art conceptuel. L’artiste s’est fait connaître dans les années 80 via ses sculptures monumentales en bois (tables, chaises, escaliers) exposées notamment au MOMA de New York ou à la Tate Gallery de Londres. Au début des années 90, elle insère dans les espaces d’exposition Domestication of Pyramids, des sculptures, fragments de pyramides recouverts de cendres volcaniques. Mais ici, c’est son travail photographique qui retient notre attention.


« Iceland Project », performance et série photographique au cœur du paysage islandais.
Cela peut être bien, parfois, de rembobiner les images pour faire de nouvelles découvertes et mettre le focus sur ce qui aurait pu nous échapper. Dans les années 90, Magdalena Jetelová réfléchit à la manière d’occuper l’espace en articulant projection lumineuse et paysage. Dans la série Iceland Project (1992), elle place des faisceaux lumineux au cœur du paysage islandais capturé en noir et blanc. En ressort une tension dramatique qui génère une nouvelle lecture du territoire. Derrière la sobriété de cette simple ligne blanche de lumière qui éclaire une nature sombre, elle s’interroge sur une manière de cartographier le territoire intercontinental sous-marin en Islande situé à cheval sur deux plaques tectoniques : la plaque eurasienne et américaine. Au milieu de ces deux plaques, une fissure émerge du sud-ouest au nord-est de l’île ce qui marque la figure du paysage islandais.



Par la lumière, l’artiste dessine une ligne dans le paysage pour ancrer à la surface de la terre cette frontière géologique entre les Amériques et l’Europe. Ainsi, à travers une performance documentée en images, Magdalena Jetelová cherche à rendre visible ce qui se joue de manière invisible dans l’espace entre ces plaques tectoniques divergentes qui bougent chaque année (de deux centimètres environ) et forment des failles d’effondrement et des fractures ouvertes dans les terres vocaliques et chaînes de montagne du paysage islandais.

Magdalena Jetelová construit un paysage de signes, indices d’un monde en mouvement qui répond à un ordre subtil et caché. Elle cherche, non pas à comprendre le monde pour mieux le cerner, mais à l’ouvrir à une dimension plus symbolique. Pour révéler ce qui s’agite, aujourd’hui plus que jamais, sous nos pieds.





Si cette série photographique vous a plu, il serait temps de découvrir le travail du photographe Reuben Wu qui depuis quelques années explore la photographie grâce à des drones armés de LED, le résultat : Lux Noctis, est à couper le souple. Proche visuellement du Iceland project, Dry light de Xavier Chassaing met en scène le désert et ses cactus à l’aide de centaines de projections et de lumières.
Le site de Magdalena Jetelová