Fabrication de la nature et aménagement de la réalité, “Home” la série de photos qui fait réfléchir sur une nature éternelle et met en lumière l’Homme, comme simple transition, influence post-traumatique de la photographe iranienne Gohar Dashti.
Gohar Dashti est née en 1980 à Ahvaz, en Iran, en plein conflit avec l’Irak qui sévit entre 1980 et 1988, expérience du pouvoir destructeur de la guerre qui influença indéniablement, le travail de cette artiste photographe et vidéaste iranienne qui étudia la photographie à l’Université de Téhéran. Son pays est le thème dominant de son travail où se succède une topographie unique entremêlée d’une histoire de la violence, travail reconnu et admirer à travers le monde faisant suite à de nombreuses expositions. Même si la guerre entre l’Iran et l’Irak s’est terminée en 1988, le pays est toujours en reconstruction. Dashti s’inspire pour son travail des séquelles physiques et durables causées par la guerre, des récits des populations, sans oublier la violence, permettant de délimiter une première période dans son travail. En 2017, un changement s’opère, Dashti s’intéresse au monde naturel et aux relations avec les humains. Le terrain de jeux reste le même, à savoir son pays, sa culture, et ses expériences de vie.
C’est ce que “Home” met en avant, les effets d’un conflit sur l’humanité, ou plutôt sur l’absence d’humanité, soigneusement mises en scène par des images aux intérieurs vides, gagnés par la nature. “Home” s’inscrit dans un travail de photographies en triptyque : “Home”, “Still Life” et “Alien”. Dashti s’interroge : beaucoup de guerres conduisent souvent à des déplacements de population, une migration qu’elle subit pendant son enfance. Les maisons sont toujours intactes ou non, mais abandonnées, vides de tout confort et de vie humaine. Les images de la série “Home” sont inquiétantes, parfois mélancoliques, mais sûrement oniriques. Dashti pratique donc l’Urbex, visite les lieux abandonnés par l’Homme, terrain de jeux pour la création de ses œuvres. Bien qu’elle soit une fabrication et un aménagement de la réalité par l’artiste, la série suscite la réflexion. Elle montre ce qui se passe quand les gens quittent les lieux. Si le bâtiment est toujours debout, la nature conquérante en est la nouvelle résidente. Elle se faufile dans les différentes pièces, surgis des fissures, droits qu’elle reprend inlassablement. Si le bâtiment n’est plus qu’un champ de ruines, il se produit le même effet : la nature se faufile à travers les gravats, tapisse les ruines… et suggère, de manière directe, la situation précaire de l’Homme face à la nature constante. C’est un questionnement voulu par l’artiste pour pousser le spectateur à la réflexion, à savoir, la place de l’Homme dans le monde.
Vous retrouverez ses œuvres sur son site web.
1 commentaire
Philibert Marie
Belle plume et jolies photos. Bravo