Qui a dit que le street art ne devait se résumer qu’à de la peinture et des collages ? Mademoiselle Maurice est la street artiste qui casse les codes et qui opte plutôt pour des origamis faits de plastique et papier qu’elle accroche ensuite aux murs.
Mademoiselle Maurice, de son vrai nom Marie Saudin, est une artiste plasticienne originaire d’Annemasse. Diplômée en architecture d’intérieur à l’École Supérieure d’Architecture Intérieure de Lyon, elle a d’abord travaillé pour un cabinet d’architectes à Genève. C’est en 2009 qu’elle décide de se tourner vers l’art urbain. Pendant un an, elle part vivre au Japon où elle développe son goût pour les origamis qui seront par la suite au cœur de son art.
Rentrée précipitamment du pays du Soleil Levant suite à la catastrophe de Fukushima survenue le 11 mars 2011, elle devient militante antinucléaire et artiviste chevronnée. C’est dans ce contexte qu’en 2012 elle crée sa première oeuvre en origamis : une installation dévoilant le mot « NON » et s’inspirant de la légende japonaise des mille grues, qui raconte que si l’on plie mille grues en papier dans l’année, qu’on les relie toutes ensemble par un lien, l’on pourra voir son vœu exaucé.
Le crédo de Mademoiselle Maurice : gaieté et légèreté
Comme le papier qui se plie sous ses doigts, Mademoiselle Maurice n’aspire qu’à une chose : apporter plus de légèreté dans les rues. Là où le gris et le béton dominent, elle contre-attaque avec ses œuvres aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Que ce soit de sa propre initiative sur des bâtiments abandonnés ou alors pour répondre à des commandes, l’art de Mademoiselle Maurice est le point lumineux qui égaye les villes. Friches abandonnées, hangars, maisons, chapelles… Tout y passe ! Adieu le terne, bonjour les couleurs qui redonnent la joie de vivre.
S’il existe plusieurs formes possibles en origami, Mademoiselle Maurice a ses cinq préférées, celles avec lesquelles elle travaille constamment : l’oiseau, la grue, le vent, le bâteau et la fleur. Et au papier se mélange aussi régulièrement la dentelle et la broderie, pour plus de délicatesse.
Comme un jeu pour l’artiste, ses pliages n’en restent pas moins lourds de sens et amènent, après contemplation, à une réflexion sur la nature humaine et les interactions que l’homme entretient avec son environnement. Le tout, on l’aura compris, dans une atmosphère positive et colorée.
Le succès est au rendez-vous pour Mademoiselle Maurice
Marseille, Paris, mais aussi San Francisco ou encore Scherpenzeel aux Pays-Bas, les petits bouts de papiers de Mademoiselle Maurice s’envolent à travers le monde. Son œuvre la plus colossale ? Une fresque baptisée « Les Cycles Lunaires », érigée dans le XIIIe arrondissement de Paris à la demande de la mairie, sur la façade d’un immeuble promis à la destruction, rue Paul Bourget.
L’artiste a d’abord eu l’idée de repeindre entièrement le bâtiment en noir, afin de faire ressortir les couleurs et donner de la profondeur et du mouvement à ses délicats pliages.
La rue pour le partage
Et si elle a choisi la rue comme lieu d’expression, c’est pour le partage qu’elle permet et rend plus facilement accessible. Un tel contraste dénote et apporte un véritable éclat dans les yeux des passants et des passantes. La joie de vivre, la lumière renaissent là où jusqu’à maintenant l’abandon et le maussade régnaient en maîtres.
La beauté réside dans l’éphémère
Avec Mademoiselle Maurice, l’art se pratique tout en finesse, le pliage devient poétique. Mais parce qu’il est érigé dans un matériau fragile, il est aussi éphémère. Le papier subit les effets du temps qui passe et de la météo. Ses créations sont donc vouées à disparaître.
Une fugacité à l’image du cycle de la vie. L’œuvre née, l’œuvre disparaît. Heureusement pour nous, Mademoiselle Maurice partage bon nombre de ses travaux sur son compte instagram.
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