La science-fiction se mélange à la réalité dans les photographies et mises en scène de Lori Nix. Au côté de sa partenaire Kathleen Gerber, les deux artistes construisent un univers post-apocalyptique qu’ils capturent à la perfection avec leurs appareils numériques. Entre création et prise en image, les deux se mêlent et forment le travail de Lori Nix.
Le diorama selon Lori Nix
Nous sommes plus confiants en travaillant avec nos mains. Avec mon expérience dans la céramique et la menuiserie, et l’histoire du verre de Kathleen, nous sommes plus à l’aise en construisant nos mondes plutôt que sortir pour les rechercher.
Lori Nix sur son site
Après avoir travaillé en solo pendant des années, Lori Nix est maintenant accompagné de sa partenaire Kathleen Geber. Depuis dix ans maintenant, ces deux artistes créent des dioramas surréalistes et très détaillées d’un monde post-apocalyptique sans forme de vie humaine.
C’est clairement un monde inexistant que veut fonder Lori Nix. Cet univers qu’il a voulu photographier ne vient pas d’un montage après des images prises à l’extérieur. L’artiste s’est transformé en un véritable architecte. Dorénavant, il met en scène un modèle d’exposition en le construisant de sa propre main – et depuis maintenant plusieurs années, il le fait à l’aide de Kathleen Geber.
Lori Nix a toujours été inspiré par son environnement. En grandissant sur les terres rurales de l’ouest de Kansas dans les années 1970, il admet que chaque saison amenait une nouvelle forme de désastre ou un phénomène météorologique de tout genre dans sa campagne. Tornades, inondations, tempêtes de neige, sécheresse… Cet américain du Kansas a été un principal témoin de ces catastrophes à son plus jeune âge. Plutôt qu’être inquiet comme ses parents l’étaient, cela a entraîné une sorte d’excitation chez lui. Dans les mêmes années, le cinéma dystopique est à son apogée. Voilà le résultat de ses expériences et passions cinématographiques : au lieu de voyager à travers le Kansas pour capturer ces phénomènes, il a décidé de les créer par lui-même en repensant à ces films contre-utopiques. De son côté, Kathleen Geber n’a fait que rajouter de la fantaisie au travail de Lori Nix. Fan de science-fiction, elle est devenue la partenaire parfaite pour lui.
De la création manuelle à la photographie
Lori Nix n’est définitivement pas un artiste comme les autres, ce n’est surtout pas un photographe comme les autres. Il ne se contente pas de se déplacer d’un point A à un point B pour créer ses séries photographiques. Ces points de distance, il les amène à lui. Toujours dans cette volonté de prendre en image les paysages urbains fictifs post-apocalyptiques, il a décidé de concevoir à la main et dans son studio sa propre inspiration au lieu d’en faire un montage à partir d’une photo.
Sa première série photographique intitulée The City naît alors qu’il emménage à New York en 1999. Entouré d’une architecture urbaine impressionnante, des gratte-ciel aux points majestueux, Lori Nix n’avait pas d’autre choix que de la représenter dans son travail. The City imagine à quoi ressemblerait la ville de New York et Brooklyn si l’humanité disparaissait soudainement. La cause de cette disparition n’est pas évoquée dans sa série. Est-ce une catastrophe naturelle, un virus, le réchauffement climatise, la guerre ? Certaines images laissent des pistes sur l’histoire destructrice de l’espace : un dôme de bibliothèque semble avoir été écrasé par une tornade et un train de métro est empli de sable. Pour le reste, Lori Nix laisse son public faire les interprétations qu’il souhaite.
Dans cette même série, Nix et Gerber ont élaboré un monde post-apocalyptique dans leur propre studio de création. Cette auto-représentation met en scène leur lieu de travail dans un état d’abandon suite à un cataclysme inconnu. Afin de garder le réalisme souhaité, les deux artistes ont reproduit les moindres détails de ce lieu, des CDs présents sur les étagères à la fidélité de la place de chaque objet dans la pièce. The Drawing Room ont pu les suivre dans l’élaboration de ce travail pour en faire un documentaire. Les images sont réunies dans le livre Lori Nix: The Power of Nature.
Le message engagé derrière les mises en scène fictives
En sachant que le travail de Lori Nix présente un modèle et non une réalité, cela crée un espace sûr pour penser à des idées plus destructives. Dépourvus d’une quelconque humanité, ces lieux deviennent méditatifs et ils sont remplis de possibilités. Les détails dans les bâtiments semblent plus prononcés : c’est ce qui rappelle que l’humain a autrefois été présent. Ces simples structures ne peuvent pas nous protéger du vent et de la pluie. Elles sont des exemples des créations, des compétences et des ambitions des hommes et des femmes. La beauté et le design se marient avec la fonction de créer quelque chose de plus grand que le Soleil et ses voisins.
Le public est tiré dans la scène, lui permettant d’être complètement immergé par l’architecture et les objets du monde moderne. Le Temps et Dame Nature deviennent les grandes armes de ces endroits désertés. Malheureusement, l’humanité est la première victime de ces gardiens de l’environnement.
Pour explorer l’univers catastrophique de Lori Nix – et sa partenaire -, c’est ici que ça se passe. Et si vous avez apprécié son monde dystopique, vous aimez sans aucun doute celui de Joe Pettet-Smith.