Les réalités fictionnelles d’Alex Prager

Image d'avatar de Reda MReda M - Le 18 septembre 2024

Depuis 2005, Alex Prager a réussi à se hisser parmi les rangs du gratin artistique américain. Cette photographe et réalisatrice prolonge dans sa filmographie les réalités fictionnelles de ses clichés photographiques, touchant aux thèmes de l’aliénation et du pluralisme de la vie moderne.

photographie de Alex prager, assemblage oeil et voiture

S’il faut attendre l’année 2007 pour que sa notoriété s’amplifie, après son exposition Polyester, consacrée à la Californie du sud et des portraits de femmes, c’est surtout en 2011 que certains découvrent pour la première fois son travail remarquable et que sa renommée soit internationale. Désormais connue pour sa brillante collaboration avec le New York Times pour son projet « Touch of evil » constitué de 13 courts métrages, faisant appel à la crème des acteurs hollywoodiens (Brad Pitt, Rooney Mara, Jessica Chastain, Ryan Gosling, Mia Wasikowska… ) mis en scène dans d’étranges situations et dans la peau de mystérieux personnages nous rappelant curieusement l’univers de David Lynch ou Alfred Hitchcock,  Alex Prager expose aujourd’hui un peu partout dans le monde.

Quand les mondes énigmatiques et familiers…

Alex Prager se distingue par ses photographies minutieusement mises en scène, puisant son inspiration dans l’univers du cinéma hollywoodien, de la culture populaire et de la photographie de rue. Ses œuvres tissent une toile fascinante où se mêlent des références du passé et du présent, créant une atmosphère empreinte d’ambiguïté. Familières et étranges à la fois, ses images nous plongent dans des univers où fiction et réalité se confondent. Chaque photographie capture un instant figé dans le temps, dominé par un personnage féminin, rappelant les techniques hitchcockiennes. Le spectateur est ainsi invité à “compléter l’histoire”, à s’interroger sur le contexte narratif et à laisser libre cours à son imagination.

…côtoient le voyeurisme et le malaise

Le travail d’Alex Prager attire aussi notre attention sur la nature voyeuriste inhérente à la photographie et au cinéma. Le sentiment d’intrusion dans un moment potentiellement intime est palpable. Qu’il s’agisse de foules ou d’individus, ses images explorent les émotions contradictoires de la claustrophobie et de l’isolement, révélant une anxiété latente et omniprésente.

Une série emblématique : Compulsion

En 2012, elle dévoile un de ses plus gros projets : la série « Compulsion » traitant de la perception des gens des événements tragiques.

Composées en 2 images aux cadrages complètement différents, ses photos sont constituées d’une première partie illustrant de manière très réaliste une situation dramatique telle qu’un accident de voiture, un incendie ou un crash d’avion et puis une deuxième partie où l’on voit simplement un œil exprimant une émotion forte. Esthétiquement parlant, les images sont très proches des réalisations cinématographiques de Douglas Sirk  et Alex le dit elle-même, elle puise également beaucoup son inspiration des célèbres travaux photo-journalistiques qu’Enrique Metinides a effectués entre 1949 et 1979 pour le « Bloody news » au Mexique.

En réalité, en plaçant les deux différentes images côte à côte, Alex essaye d’instaurer de la confusion dans notre esprit : « A qui appartient l’œil ? A la victime de l’accident ? Aux témoins de l’accident? Est-ce l’expression que l’on devrait normalement lire dans nos yeux à la vue de cette image ? En témoignage de cet accident ?». La photographe américaine laisse le choix au spectateur d’interpréter ce qu’il veut mais ce qui peut justement nous sembler encore plus déconcertant c’est de se dire: « Cette image, n’est-elle pas au final rien d’autre qu’une mise en scène ? ». Que devrait donc être notre réaction ? Attendre que l’on nous dise que ces photos sont de véritables clichés de faits réels ou que l’on nous conduise directement aux lieux pour y être sensibles?

A l’occasion de la remise du prestigieux Paul Huf Award au FOAM Photography Museum à Amsterdam, c’est Alex Prager qui remporte le prix et au cours de ses expositions, elle y projette également un petit court métrage nommé « La Petite Mort » qui n’est autre qu’une continuité de son projet photographique.Pour plus d’informations, son site : www.alexprager.com

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Article originale écrit par Reda M le 12 novembre 2012 mis à jour le 18/09/2024

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