Sur ses réseaux sociaux, Li Hui partage ses photographies intimes depuis plus de quinze ans maintenant. Des clichés poétiques qui arrivent à transmettre une douce mélodie. Une force de l’artiste. Être capable de faire chanter des images fixes.
S’apprendre son métier
Li Hui est une photographe autodidacte chinoise née dans la ville de Hangzhou. En 2003, elle quitte la Central Academy of Fine Arts de Pékin avec son diplôme en poche. Durant ses années d’études, Li ne touche pas à un seul appareil photo. Elle devrait attendre six ans avant de recevoir un Nikon FM2.
Caméra en main, Li Hui s’amuse à documenter sa vie. Pour la jeune femme, la photographie appartenait au monde des loisirs. Un loisir qui prenait de plus en plus de place dans son quotidien. Dotée d’une mémoire visuelle, Li se retrouve avec une quantité conséquente d’idées qui ne demandent qu’à être exploitées telles quelles.
Une fois la pellicule remplie, la photographe amateure la faisait développer avant de scanner méticuleusement chaque cliché. Le résultat final se retrouvait sur le site d’hébergement d’images canadien Flickr. Les retours positifs se sont peu à peu mis à pleuvoir, ainsi que l’organisation de sa première exposition. Une proposition d’une maison d’édition espagnole qui avait vu du potentiel dans son travail en 2010. Un an seulement après la prise de sa première photographie.
Li Hui, artiste à part entière
Malgré cette reconnaissance presque immédiate, il faudra attendre huit ans (et autant d’expositions) pour que Li Hui cesse enfin de considérer la photographie comme un hobby. Au fil des années, Li a appris de nouvelles techniques, s’est trompée, mais elle a surtout trouvé ce qui rendait son travail unique, sa patte personnelle.
Un choix décisif qui la conduit à évoluer professionnellement. Il n’est plus question de Li Hui, la photographe qui publie ses clichés sur Internet et qui les voit dans des magazines spécialisés de temps à temps. Non, dorénavant, Li Hui reçoit des commandes de la part de créateurs de mode souhaitant que l’artiste capture des mannequins portant leur dernière création. La designer chinoise Caroline Hu, ou encore la maison de couture italienne Miu Miu ont déjà sollicité la photographe pour des campagnes publicitaires.
Douce mélodie sur fond de scènes intimes
À l’étranger, le travail de Li Hui résonne. Ses scènes intimes, parfois dénudées, ne sont pas toujours au goût de la société chinoise. Elle n’est pas la seule artiste à avoir été confrontée à ce problème. Le photographe et poète Ren Hang a, lui aussi, une vision de l’art qui diffère de celle de l’Empire du Milieu. De son vivant, il appréciait capturer des dizaines de corps nus dans diverses positions. Si Li n’est jamais allée jusque-là, cela n’empêche pas les retours froids qu’elle peut recevoir.
Cette mise à l’écart valorise involontairement le travail de la photographe. Avec sa façon unique de jouer avec la lumière, les couleurs douces utilisées et les positions précises que prennent les mannequins, l’œuvre de Li est reconnaissable en coup d’œil. Pas besoin de détails encombrant, ou de teintes vives pour titiller l’intérêt chez les spectateurs.
Cette sensation d’intimité n’est pas calculée par Li Hui. C’est plutôt le résultat de la sensibilité de l’artiste mélangée avec la perception du spectateur qui la produit. Un sentiment qui peut alors différer, bien qu’il soit le même pour beaucoup d’admirateurs du travail de Li.
Pour suivre l’actualité de Li Hui, ça se passe sur son compte Instagram. Et si vous voulez vous plonger dans ces anciens clichés, jetez un œil à son Flickr.