« En tant qu’artiste, je crois en la puissance des images pour éveiller les consciences ».
James Colomina.
On ne se rendra jamais assez compte des violences que subit le monde tant que l’on ne les vit pas. Beaucoup de choses ne sont pas montrées, ni dénoncées. Pourtant, certaines personnes, des artistes, nous montrent les coulisses de ces vies négligées. Dans un monde en proie aux conflits, l’art devient un cri du cœur.
C’est de James Colomina dont nous parlons aujourd’hui. Un sculpteur français, qui a choisi des figures de couleur rouge pour illustrer la douleur, la vulnérabilité et l’espoir.
Ses œuvres sont bien plus que de simples sculptures : ce sont des témoignages, des appels à la paix et à l’innocence bafouée. C’est une invitation à s’interroger sur les questions sociales et politiques qui touchent notre monde. Pourquoi eux ? Pourquoi vous ? Pourquoi nous ?
Un artiste, une couleur, une cause
Le rouge, couleur de la vie et de la colère
Le rouge est omniprésent dans son travail. Ce choix n’est pas anodin. On associe souvent cette couleur à la violence, la passion, le danger, mais aussi à la vie et au sang. Notre regard est instantanément attiré et s’invite à une réflexion plus profonde. Colomina fige l’urgence des situations qu’il dénonce. Que ce soit la guerre, l’injustice sociale ou la vulnérabilité des enfants, il nous fait entendre un cri visuel qui transcende les mots. On se rappelle alors que chaque instant doit nous être précieux et que les injustices ne peuvent être ignorées.
Des actions fortes
Colomina n’expose pas dans des musées. Non ! Ce serait bien trop banal. Ses œuvres s’exposent elles-mêmes dans la rue, là où tout le monde peut les voir, les ressentir et interagir. Nous sommes amenés sur des lieux de débats et de discussions. C’est un choix : l’art doit être accessible à tous. Cette approche a conduit à des installations marquantes, telle que la sculpture d’Emmanuel Macron placée parmi des sans-abri à Paris, (une critique de la gestion des inégalités sociales). Ces actions sont souvent réalisées sans autorisation. Il veut que ses œuvres parlent, dénoncent et, surtout, fassent réagir. Elles nous parlent, maintenant, agissons !
L’art comme outil
Des lieux chargés d’histoire
Les endroits choisis ne sont pas sélectionnés par hasard. Ils sont souvent chargés d’histoire, comme la place de l’Indépendance ou le métro Universytet. Ces lieux ont été témoins de nombreux événements marquants. Colomina tisse un lien entre l’histoire de la ville et un sujet présent. Ces espaces publics deviennent alors des espaces où passé, présent et futur se rencontrent. C’est un peu comme si son art nous permettait de remontrer dans le temps, en vivant l’instant.
L’enfant comme miroir de la société
Qu’est-ce que l’image de l’enfant nous renvoie ? Elle est à la fois le symbole de ce que nous devons protéger et celui de ce que nous risquons de perdre si nous ne changeons pas. En mettant en scène des enfants dans ces contextes, Colomina renvoie à la société une image déformée de ce qu’elle devient. Ces enfants rouges incarnent ainsi des formes de résistance, nous rappelant que notre avenir dépend de notre capacité à préserver l’innocence et à combattre l’injustice. Quel monde voulons-nous laisser aux générations futurs ?
Son art voyage en Ukraine
Récemment l’artiste c’est déplacé en Ukraine. Il nous a partagé sa vision du monde à travers son art. De ce qui se passe et de ce qui s’y cache. Pour mieux comprendre, je vous laisse avec ses quelques phrases sur deux de ses œuvres.
La petite fille au tournesol
Une petite fille qui tient un tournesol et qui regarde vers l’avenir : « Elle symbolise le renouveau et l’espoir pour l’Ukraine. C’est la vision d’un avenir lumineux. Cette installation marque une nouvelle ère pour le pays, celle de la liberté et de la fierté. Les tournesols, l’emblème de l’Ukraine, incarnent la résilience et la détermination du peuple ukrainien à reconstruire et à s’épanouir malgré les épreuves. Cette œuvre est un hommage à l’indépendance de l’Ukraine et un appel à la solidarité et à l’espoir des jours meilleurs. »
L’attrape-cœur
Sur la façade du métro Universytet à Kiev, se trouve un enfant qui tient un cœur devant son visage, et un nounours assis à ses côtés : « Cette installation symbolise l’innocence et la vulnérabilité des enfants au milieu des conflits. En choisissant la devanture du métro de Kiev, j’ai voulu mettre en lumière le rôle de ces lieux devenus des abris pour protéger les civils des bombardements, offrant un semblant de sécurité dans des moments de grande menace. Le cœur que l’enfant tient devant son visage représente l’amour, la compassion et l’espoir — des valeurs essentielles face à la violence et la peur. Le nounours, symbole de l’enfance et du réconfort, rappelle que même dans les moments les plus sombres, les enfants ont besoin de protection et de tendresse. Placée à côté d’un parc, cette sculpture évoque aussi la liberté du jeu et le droit des enfants à vivre leur enfance en toute insouciance. À travers cette œuvre, je souhaite souligner l’importance de préserver l’humanité et l’amour, surtout pour les plus jeunes, dans ces temps troublés. »
D’autres œuvres porteuses de messages forts
- La colombe de la paix, un message d’espoir
- La petite fille à la balançoire : l’innocence volée par la guerre
- La marelle, contraste entre jeu et destruction
- Le messager, un hommage aux héros ukrainiens
En plus de ses installations en Ukraine, il s’est fait connaître par des œuvres intégrées dans plusieurs grandes villes du monde telles que Paris, New York ou Berlin.
D’autres artistes sont aussi passer en Ukraine, comme Banksy a Borodianka ou les photographes de National Geographic
Des œuvres éphémères qui deviennent un impact durable
Souvent installées clandestinement et pouvant disparaître du jour au lendemain, leur impact reste durable. Ce caractère éphémère renforce leur force symbolique. On se dit que tout est fragile, que la beauté comme l’innocence, peuvent être détruites à tout moment. C’est pourquoi il est essentiel de parler de ces œuvres, de les photographier, de les raconter. Chaque sculpture doit laisser une trace, un souvenir, car elle porte en elle un message puissant. Nous pouvons aussi devenir acteurs du changement.
James Colomina est un artiste qui ne laisse personne indifférent. Il ne nous laisse pas indifférents ! Il ne fait pas que sculpter des figures rouges, il sculpte aussi nos esprits, nos cœurs et notre conscience. Nous sommes poussés à réfléchir à ce que nous sommes devenus et à ce que nous voulons être. Que ce soit par la couleur, le choix des figures d’enfants ou les lieux de ses installations, il nous montre le monde différemment : à travers ses yeux. Colomina ne se contente pas d’imaginer et de créer ; il est un acteur du changement, un provocateur bienveillant qui, à travers son art, nous rappelle que l’humanité, dans toute sa complexité, mérite d’être protégée. Une vie n’est pas moins importante qu’une autre.
Retrouvez le travail de James Colomina sur son site : https://www.james-colomina.com/