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Urb’expo : quand le street-art rencontre l’urbex

Image d'avatar de Yohann PerezYohann Perez - Le 22 août 2020

Une maison abandonnée, trois étages, douze artistes. le street-art s’invite à Angers dans un bâtiment abandonné qui va bientôt être rénové. Organisé par Art Project Partner, à l’initiative de Doris Koffi, le projet allie subtilement urbex et street art.

art street art graffitis

Urb’expo se trouve au centre d’Angers. Lorsqu’elle voit pour la première fois le lieu, Doris Koffi tombe sous son charme : « Lorsque j’ai découvert cette maison abandonnée, j’ai aimé son charme, dans l’état…la première chose que je me suis dit donc c’est qu’il fallait que le public la découvre presque telle quelle. C’est de là qu’est venue l’idée de faire une exposition un peu urbex. » nous confie-t-elle. L’artiste n’en est pas à son coup d’essai : «  Cela fait 5 ans que j’organise des expositions dans des lieux qui ne sont pas voués à en faire. Le dernier en date était un ancien couvent (Arts au couvent NDLR). L’idée est donc de m’adapter à chaque lieu et de faire en fonction de ce qu’il m’inspire. »

Le lieu précis n’est pas indiqué. Il n’est dévoilé qu’après réservation sur le site de l’évènement. Ce mystère colle avec les règles tacites de l’urban exploration : on ne dévoile pas les adresses des lieux abandonnés.

Une exposition novatrice

Le concept d’Urb’expo est d’offrir la possibilité aux visiteurs de toucher du doigt l’exploration urbaine en toute sécurité. Souvent, l’Urbex demande de grandes précautions : s’aventurer dans des lieux abandonnés est dangereux puisque les bâtiments sont instables. Il peut y avoir des trous de plusieurs dizaines de mètres dans le sol… C’est pourquoi la pratique est interdite.

Urb’expo permet justement de combiner plaisir de l’Urbex et exposition. La visite se fait accompagnée et en toute sécurité. Sur trois étages, Doris Koffi explique sur le site officiel de l’exposition que tout a été fait pour garder l’esprit de l’urbex et permettre au visiteur de découvrir un lieu unique : « La scénographie sert ici à garder l’atmosphère trouvée lors de la découverte de la maison abandonnée et de recréer une ambiance “urbex” dans le but de tisser un lien entre le passé et le présent, thème de l’expo. » À chaque étage, le visiteur rencontre des œuvres street art d’artistes reconnus.

« L’objectif de cette exposition est de mettre les artistes en valeur dans des conditions atypiques et de donner la possibilité au public de découvrir des lieux abandonnés par la même occasion. L’urbex étant dangereux et surtout interdit à la base, je trouvais ça intéressant de mélanger les deux. Pour ceux qui aiment l’urbex mais également pour les autres. »

Doris Koffi

Doris Koffi nous explique avoir conscience que l’Urb’expo n’est pas de l’urbex pur et dur : « Il y a eu un minimum d’aménagement pour pouvoir accueillir du public : on a par exemple, consolidé les planchers, nettoyé plus de soixante fientes de pigeons… Mais l’idée était que le public ne ressente pas vraiment tout cet aménagement; j’ai donc re-sali derrière, laissé les toiles d’araignées, etc. J’ai également demandé aux artistes de ne pas reboucher les trous, de ne pas toucher aux tapisseries qui pendaient, pas de préparation de mur, etc pour la réalisation de leurs oeuvres afin que le public ressente pleinement l’abandon de cette maison. »

Street-art

Urb’expo n’est pas seulement une invitation à l’exploration. C’est une invitation au street-art. Une douzaine d’artistes ont investi les trois étages du bâtiment. Les artistes ont dû investir les lieux sans le dénaturer comme le ferait des street-artistes lors d’une exploration urbaine.

Pour Doris Koffi, street art et urbex vont de paire : « Le street art étant un art de rue, il s’accorde bien à l’univers de l’urbex. Il s’agit ici de mettre en avant le street art en permettant aux artistes de s’imprégner de l’histoire du lieu, de son émotion, sans le dénaturer, à l’inverse du vandalisme. Il se crée un vrai univers de création, d’harmonie. C’est ce que je voulais pour cette exposition qui a pour thématique “entre présent et passé” »

Le street artiste bordelais Jean Rooble investit le premier étage du bâtiment avec des peintures réalistes à la bombe. Pour l’association Art Project Partner, l’artiste réalise une peinture réaliste qu’il a nommé “Histoire de famille”. Il a choisi une cousine éloignée comme modèle : « J’ai souhaité établir un parallèle entre nos histoires familiales : elle qui n’a pas connu un de ses parents, et mon père qui a dû s’éloigner jeune d’Angers, laissant derrière lui une partie de sa famille qu’il ne reverra plus. » Explique-t-il sur le site de l’exposition avant d’ajouter : « Histoire de famille représente l’entre-deux complexe qu’est la vie et le tiraillement perpétuel que représente notre histoire et les relations intimes qui nous lient à des êtres que nous ne choisissons pas. »

peinture street art urbex femme fume Jean Rooble
Crédit Photo : Jérémy Armand

« Peindre ici est une sorte de retour aux sources, émouvant et douloureux, qui met en exergue l’importance de ses origines et le besoin de comprendre sa propre histoire malgré l’injonction d’avancer et de progresser coûte que coûte… »

Jean Rooble

Jean Rooble est accompagné de deux autres artistes : Saïr ou encore Dem Dillon, renommé pour son travail sur les formes féminines d’après Art Project Partner.

Le deuxième étage invite Djalouz. Le street artiste évoque la planète après le confinement ainsi que les changements qui en découlent. DAvid Jaunay quant à lui met à l’honneur les maquettes 3D faites en bois ou PVC. C’est la force de l’urb’expo : l’installation comporte plusieurs types de street-art allant de la peinture, à la bombe en passant par des sculptures. L’artiste Rise up questionne avec sa fresque d’une femme Touareg ce peuple nomade et la temporalité du monde : « Cette peinture, vouée ensuite à la démolition n’est qu’un simple arrêt sur image, un regard vers l’horizon. Il s’agit ici d’illustrer notre passage sur terre comme le signe d’un éternel recommencement, un signe d’espoir.  » L’exposition invite ensuite la street-artiste natif d’Angers, Doline Legrand Diop. L’artiste combat le racisme pour l’exposition : « Je rêve d’un monde en couleurs qui fût et qui est dans l’égalité de droits, de justice, et de richesses….. »

fresque peinture classique colonnes pierrot le peintre fou
Pierrot le Peintre Fou

Enfin, le troisième étage vous trouverez les sculptures somptueuses d’Eva Czaplicki, une fresque classique du peintre Pierrot le Peintre Fou : « Dans un souci de conservation du patrimoine,  cette fresque sort d’une volonté de promouvoir cet art rupestre qu’est la peinture classique. » et les peintures en lettres de Louise Comiran.

fresque yeux oeil bleu mur déchiré papier peint

Pour choisir tout ces artistes, Doris Koffi s’est d’abord imprégnée du lieu. Il règne donc une symbiose parfaite entre les œuvres des artistes et l’urbex : « J’avais envie de proposer au public un choix d’artistes aux univers et aux techniques différentes mais qui puissent raconter un bout d’histoire de la maison et/ou le ressenti de chaque artiste face à elle. »

En plus de ses installations artistiques, l’Urb’expo propose aussi des animations : la fondatrice de l’association Art Project Partner de Doris Koffi a accueilli le slameur Wojtek mais aussi Jamie Gallienne ou encore DJ Coinx. Qui seront les prochains invités ? Rendez-vous sur le site officiel de l’Urb’expo ou sur le compte Instagram de l’évènement.

Doris Koffi a de nombreux autres projets : une prestation sur le festival Label Valette le 28 et 29 août, un festival de culture urbaine en septembre, une autre exposition collective sur un nouveau lieu privé en fin d’année et d’autres projets d’artistes qui lui tiennent à cœur, comme le HarddiskMuseum de Soliman Lopez, un artiste espagnol ou celui de Doline Legrand Diop avec le projet “All lives are noble” pour lutter contre le racisme…

 

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Yohann Perez
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