On retrouve les créations de The Blind, street-artist nantais d’une trentaine d’années, aux quatre coins du monde, sur les murs du palais de justice de Nantes en passant par la Bourse de Bruxelles. Certains de ses nombreux messages éphémères faits de demi-sphères en plâtre sont encore visibles alors que d’autres sont déjà abîmés.
Le premier street artist à s’adresser aux aveugles
Avant The Blind, aucun street-artist n’avait jamais encore essayé de s’adresser aux aveugles tout en interpellant les voyants. Transmettre des sensations artistiques, s’approprier l’espace d’une manière détournée, comme un pied de nez au handicap : autant de prises de position de The Blind qui montrent son engagement.

Il a d’ailleurs conscience de l’aspect novateur de sa technique, ce qu’il a souligné en 2021 auprès de RTBF : « Je suis le seul à faire ça, à côté d’un travail plus classique. Mais c’est ma singularité. J’aime bien être un outsider ».

The Blind détourne les codes avec l’humour
Derrière ses créations en braille d’un nouveau genre, se cachent des messages cocasses : « Ne pas touchez », « A perte de vue », « Pas vu pas pris », « Open your eyes », « Love is blind ». Tous des slogans un brin transgressifs. Son tour de force majeur est d’avoir réuni symboliquement deux sens : la vue et le toucher, dans son art. Il s’était d’abord exercé avec des pochoirs avant d’avoir l’idée finale d’utiliser des demis sphères en plâtre. L’artiste perpétue donc la pratique illégale et éphémère du street-art d’une manière insolite.
Du bout des doigts, le passant peut décrypter les messages humoristiques de The Blind, parfois traduits sur les murs à proximité de ces demi sphères qui miment l’écriture en braille. Quand les non-voyants et les voyants se mettent à les décrypter, ils sont amusés pour la grande majorité par ces messages : « On m’a raconté un jour qu’un couple est tombé sur un de mes graffs en plein centre-ville de Nantes et la personne non voyante a explosé de rire en déchiffrant du bout des doigts : Ne pas toucher » annonce The Blind. Rappelons que le toucher a toute sa place dans l’acte de créer, de l’écriture à la photographie en passant par la danse, la musique et le dessin.
Une chose est sûre : en mêlant le street-art au braille, l’artiste The Blind aime bel et bien se jouer des codes, l’occasion, à notre tour, d’être actifs et engagés dans notre appréhension de l’art.


