Sayre Gomez

Les peintures hyperréalistes de Sayre Gomez

Image d'avatar de Victoire GlauzyVictoire Glauzy - Le 23 juin 2021

Peindre l’irréalité de nos constructions visuelles en une image hyperréaliste, une entreprise un peu paradoxale, mais très efficace qui fait rendre compte de la fausseté de notre société débordante de représentation. 

Né à Chicago en 1982, Sayre Gomez et un artiste peintre de Los Angeles. Il fait ses études à l’Institut des Arts de Chicago puis à l’Institut des Arts de Californie. Vivant dans une des plus grandes métropoles, il est un amoureux du monde urbain et s’inspire des paysages de toute sa ville : logements, panneaux de signalisations, affiches publicitaires etc… pour construire ses toiles. Il expose en permanence au LACMA de Los Angeles, à la Marciano Art Foundation de Los Angeles, mais aussi à Montréal à l’Arsenal Contemporain ; ou encore dans la Rubell Familly Collection de Miami.

Ses œuvres interrogent particulièrement le système politique patriarcal sous l’angle de la distribution et la lisibilité des images du XXIème siècle. Au croisement des traditions de l’art conceptuel et du pop art, Sayre Gomez sait inventer des visuels surprenants. 

Peinture par Sayre Gomez d'une vitrine avec une affiche publicitaire pour un lit.
X-Scapes

Déformer la réalité pour la rendre irréelle

Sans limite l’artiste se sert de différentes techniques picturales comme le trompe l’œil, l’aréographie, le pochoir ou encore la sculpture pour venir à bout de ses idées. Ses peintures peuvent être décrites comme semi-fictionnelles et photo-réalistes. En peignant, il synthétise des images hyperréalistes, il cherche à révéler la différence entre l’authenticité et la simulation. Ses œuvres en tant que constructions artificielles nous questionnent sur ce que nous voyons, il fait le lien entre notre environnement quotidien et la culture numérique qui donne des images améliorées et manipulées. En admirant son travail on ne peut qu’être frappé par sa réflexion picturale sur l’aplatissement et le brouillage numérique de la vie et de la culture par la technologie des écrans

Son exposition True Crime nous présente justement l’écart entre la réalité et la fiction en mettant en avant la notion d’une réalité construite par nos sociétés. Le monde naturel contraste fortement avec la déréliction des environnements bâtis. Comme sa toile “Tuesday Evenings” qui présente le First Street Bridge en construction. L’artiste voit la ville comme un baromètre sur la condition culturelle et économique et il défie la capacité de son spectateur à faire la différence entre l’authenticité et la simulation d’un monde numérique. 

Peinture d'une porte pour un salon de massage.
True Crime
Peinture d'un mur cachant le paysage.
True Crime
Peinture d'une affiche publicitaire et un vide ordure.
True Crime
Peinture d'un pont avec des constructions derrières.
True Crime
Détail de sa toile Tuesday Evening
True Crime

Los Angeles : une ville perdue pour Sayre Gomez

Il apprécie pourtant la beauté de la nature que l’on peut retrouver sur ses créations avec des couchers de soleil ou des palmiers, mais celle-ci est éclipsée des éléments perturbateurs montrant le passage du temps, la décadence urbaine ou encore la nostalgie commerciale. Les objets récurrents sont des métaphores de la ville de Los Angeles et de ses promesses de liberté. Sayre Gomez pointe du doigt cette ville aux rêves brisés et dépouillée de tout naturel. 

La réalité urbaine et la culture de l’image se rencontrent lors de son exposition X-Scapes. Les paysages urbains sont inventés, fragmentés, assemblés à partir d’archives photographiques réalisées par le peintre. On y découvre des portes, des fenêtres, des murs et des clôtures qui gâchent la splendeur de la nature. L’artiste pousse notre regard vers ce qui est invisible, obstrué et négligé comme par exemple l’enseigne de Fast-Food illuminée par un orage, ou l’enseigne de Don’s Donuts rendue attrayante par un joli coucher de soleil. Il construit une réalité à partir de ce qui nous est familier, rendant l’ensemble étrange. 

Peinture d'une enseigne avec un beau coucher de soleil.
X-Scapes
Peinture d'une enseigne pour un fast-food avec un orage.
X-Scapes
Peinture d'une antenne téléphonique.
X-Scapes

Lors de l’exposition The Independant c’est une vision plus austère du paysage américain que nous suggère l’artiste. Ses reproductions de panneaux routiers, de devantures de magasins fermés et de portes qui deviennent des murs nous insufflent l’impossibilité de circuler. Les panneaux publicitaires sont délabrés, ils représentent la réalité de Los Angeles loin des clichés bling-bling sur la ville pour mettre en lumière la disparition du rêve américain et particulièrement la crise des logements qui frappe la Californie. 

Peinture d'une mure avec une porte réalisé par l'artiste Sayre Gomez
The Independant

En réintégrant des choses que l’on connait, mais de manière détournée, Sayre Gomez bouleverse nos habitudes visuelles. Les beaux couchés de soleil floutés nous paraissent loin, enfermés dans l’image comme avec la série de peintures The Vitrine. L’artiste peint des objets accumulés sur le rebord d’une fenêtre fermée. Le premier plan et l’arrière-plan de la toile entretiennent une relation étrange tant ils semblent dysfonctionner et nous mettent mal-à-l’aise. On se sent cloitré, les paysages paraissent faux et symbolisent l’irréalité des images de notre quotidien.

Peinture d'une fenêtre avec des objets devant.
Vitrine
Peinture d'une fenêtre avec des objets devant.
Vitrine
Portrait du peintre Sayre Gomez
Vitrine

Pour découvrir d’autres œuvres de Sayre Gomez direction son site internet.

Sur le même thème allez lire notre article sur Stephanie Buer.

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Victoire Glauzy
Article écrit par :
Étudiante en Lettres, je me passionne pour l'Histoire de l'art et l'art contemporain en tant que reflet de notre société. L'apprentissage de la photographie en autodidacte me permet de voir le monde sous un autre angle.

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