Les plantes courent les rues grâce à Mona Caron, artiste suisse se plaisant à vêtir les immeubles de gigantesques herbes folles et autres fleurs champêtres.
Basée à San Francisco, l’artiste parcoure le monde à la recherche d’espaces urbains pour y faire fleurir ses fresques. Mêlant muralisme, street art, botanique et activisme, portrait d’une créatrice à la main verte.
Un “art monumental et héroïque, humain et populaire”
Mona Caron s’inspire du muralisme, un mouvement artistique mexicain apparu au début des années 20 et défini par la réalisation de peintures politiques gigantesques ornant les façades d’immeubles. Ce mouvement a permis aux muralistes de se réapproprier l’espace public tout en utilisant l’art comme moyen de contestation et d’expression. Cet “art monumental et héroïque, humain et populaire” (Siqueiros, peintre muraliste), Mona décide de l’interpréter dans une version moderne et surtout, végétale.
Mona grandit dans une région verdoyante de Suisse. Auprès de sa famille, elle s’imprègne de la nature, trouvant parmi les plantes la source de ses inspirations futures. Après de brèves études de littératures anglaises à Zurich, elle décide de s’installer à San Francisco, ville dans laquelle elle a obtenu son baccalauréat en Beaux Arts, mention illustration. Dans le compté de Californie, elle plante ses racines, expérimentant son art et sa manière de créer avec diverses fresques.
Semer les graines d’un activisme artistique
Artiste aux multiples supports, Mona pose son dévolu sur la réalisation d’herbes sauvages gigantesques sur les façades d’immeubles, au cœur d’un paysage urbain qui grandit, lui, en rasant ces mêmes plantes. Ce projet d’envergure, elle le nomme “Weeds“. L’artiste souhaite envahir les villes de mauvaises herbes, ces plantes dont on tente de se débarrasser, qui finissent constamment par réapparaître mystérieusement.
Elle décore des façades, envahit le paysage urbain, parfois sur près de 50 m de haut : les herbes poussent et rampent le long des buildings, à l’image des gratte-ciels qui demeurent, eux, toujours plus hauts et toujours plus ternes.
Qu’il s’agisse d’espèces envahissantes ou de plantes sauvages bénignes, elles agissent comme des mauvaises herbes lorsqu’elles apparaissent clandestinement, de façon autonome, dans des endroits urbains surprenants.
Mona Caron
Pour contrecarrer la grisaille de la ville, rien de tel que de voir de gigantesques fleurs escalader le long des immeubles. Avec ces fresques, la nature ne se fait plus écraser par l’homme et ses volontés d’expansion voraces. Les plantes finissent par reconquérir leur terrain, plus majestueuses que jamais, à la fois titanesques et superbes.
L’art de la muraliste vient questionner et pointer du doigt des thématiques écologiques, l’empreinte que peut avoir l’homme sur l’environnement. En retrouvant ces herbes qu’on ne côtoie plus au sein des villes, on les laisse de nouveau s’imposer dans un paysage qui ne leur appartenait plus.
Mona Caron, dans la fleur de l’art
La muraliste défini ses fresques comme une forme d’ “art-ivisme“, un activisme permis par le biais de l’art. Dans cette démarche, elle travaille régulièrement aux côtés d’organisations sociales et environnementales, afin de créer de nouvelles fresques. C’est par exemple aux côtés de l’organisation Quai 36 qu’elle réalisera une fresque à Versailles, dans le cadre du Projet 1096.
Libère-toi de tes carcans et renait aussi résistant qu’une mauvaise herbe.
Devise de l’artiste
Avec Mona Caron, les plantes n’ont pas fini de courir les rues, et son art-ivisme non plus. Le street art, dans sa dimension grandiose, est un médium artistique régulièrement utilisé par divers créatifs pour s’exprimer sur des situations et des problématiques sociétales. Dans cette démarche, on peut retrouver l’artiste C215, ou encore celui qu’on ne présente plus : Banksy.
Pour découvrir ses nouvelles fresques et suivre l’actualité de l’artiste, ça se passe sur son site et sur son Instagram.