Les illustrations de María Medem sont douces à admirer. Les tons tièdes, parfois chauds de ses graphismes nous invitent au voyage. Un voyage temporel, d’abord : on est presque toujours au crépuscule avec les dessins de l’artiste. Un voyage au sens premier du terme, ensuite : on est transporté instantanément dans un autre environnement.
María Medem est une illustratrice espagnole. Très jeune, elle dessine déjà. Son art évolue jusqu’à paraître minimaliste. Dans une interview pour Tetrahymena, elle définit son style : « Mes illustrations sont mystérieuses, esthétiques et subtiles. Du moins, c’est ce que j’essaye de transmettre, mais peut être qu’elles ne le sont pas toujours ! »
Il est vrai que María Medem laisse beaucoup de place à l’interprétation. Ces illustrations sont muettes. Pas besoin de mots pour raconter une histoire, pour plonger directement celui ou celle qui contemple les dessins dans un univers. Ici, les coups de crayon suffisent.
Elle avoue s’être d’abord tournée vers le dessin de Comics avant de faire cavalier seul : « Je ne me sentais pas à l’aise avec les couleurs » explique-t-elle lors d’une interview pour Beach London. La technique qu’elle utilise s’appelle le risograph printing ou le duplicopieur en français. Le duplicopieur permet d’imprimer de nombreux dessins ou documents à l’identique.
« J’essaye de me souvenir d’une atmosphère que j’ai vécue. Celle-ci m’affecte. Alors, quand je dessine, je l’ai en tête, particulièrement lorsque je travaille les couleurs. »
María Medem pour Tetrahymena (2018)
Les illustrations de M Medem transportent ceux qui les regardent, tout comme les personnages au centre de ses illustrations. Elles sont presque toujours mélancoliques.
Ici, un homme attend l’aurore. Mais une fois l’apparition du soleil, l’homme part. María Medem illustre peut-être le temps qui passe. Des heures à attendre l’astre rouge pour ensuite, quitter les lieux. L’attente c’est sans doute le voyage.
« Mon procédé est assez simple. Je réalise les contours à la main. Le plus souvent, je dessine des maquettes rapidement avant de travailler sur la version finale. Lorsque j’obtiens un croquis plus ou moins précis, je le reproduis proprement à l’aide d’une lightbox. Enfin, en général, je le scanne et je travaille les couleurs sur photoshop. Le plus souvent, j’ai mes meilleures idées le matin ! »
María Medem
Dans presque toutes les illustrations, les personnages sont solitaires. Ils attendent quelque chose ou contemplent le moment…
L’illustratrice fait des focus délicats sur des détails de son image. Ils sont choisis et participent à faire travailler notre imagination, à nous imprégner des lieux. La force du travail de l’artiste, c’est bien de rester évasif : on ne sait pas ce qu’attendent les personnages, on ne sait pas ce qu’ils cherchent, ce qu’ils pensent et c’est pourquoi nous pouvons facilement nous identifier à eux. Ils sont universels. Pour la plupart d’entre eux, ce sont des femmes.
Auteure et réalisatrice
María Medem n’a pas seulement un compte Instagram à 137 000 abonnés, ni un compte Tumblr encore actif. Son travail est connu et reconnu. Elle illustre un article du New York Times en février 2020 sur l’écoute de l’autre :
Elle a aussi illustré un article sur les balcons, toujours pour le New York Times :
Encore un autre article avec une illustration de María Medem. Cette fois, sur la difficulté pour les enfants de trouver le sommeil pendant le confinement :
L’automne dernier, elle réalise le clip pour le groupe de musique Hovvdy.
María Medem est aussi auteure de magnifiques ouvrages : “Tregua”, “Cenit” chez Appa appa comics, “Echos”, chez Fidèle Editions, “Karate zine” ou encore “Satori”.
María Medem expose dans plusieurs galeries. Il y a moins d’un an, elle montre ses œuvres au Kiblind atelier, à Lyon. Plus récemment, elle réalise la pochette d’album du groupe nord-coréen, Dabda :
María Medem publie régulièrement ses œuvres sur Instagram. Elle s’associe souvent avec d’autres artistes. Nous la retrouverons sûrement très vite pour d’autres collaborations.
Vous pouvez suivre María Medem sur Instagram.
On vous invite à lire notre article sur Valentin Tkach, un artiste russe qui, lui aussi, réalise des illustrations minimalistes. Ou encore Blanche Sabbah, qui illustre le féminisme.