« les œuvres d’art modernes dépeignent les femmes comme très maternelles ou très sexuelles. Même si les femmes peuvent en faire partie, elles ne peuvent être réduites à cela. » déclare Amber Vittoria dans une interview pour Hypbeast. L’illustratrice, dans ses dessins, combat les diktats imposés aux femmes dans la société : poils, tailles, poids… Amber Vittoria re-dessine les femmes avec des formes arrondies et des couleurs fruitées.
Lutter contre les stéréotypes
Avec “You Are Not What You Eat”, l’illustratrice lutte contre le body shaming avec humour. Amber Vittoria remplace les organes par du raisin, des tomates ou des pommes : « J’ai récemment reçu des publicités sur ce qu’il faut manger, ce qu’il ne faut pas manger, ce qu’est un “bon” et un “mauvais” régime alimentaire. C’est difficile, mais j’essaie de me rappeler comment et ce que je mange dépend de moi. » explique la jeune femme sous son post Instagram.
« A travers mon travail artistique, j’essaye de briser la “femme physique idéale”. C’est pourquoi plusieurs de mes œuvres se concentrent sur la féminité et la forme féminine, en exagérant des traits physiques tels que la pilosité, les membres ouvertement étendus et les traits arrondis. »
Amber Vittoria pour The Knocktural
L’illustratrice a sorti un ouvrage qui allie poèmes et illustrations sur le thème du corps féminin : “Est-ce que les pommes font attention à leur apparence ?”.
Ci-dessous, Amber Vittoria légende son illustration « Long hair, don’t care ! ». L’illustratrice exacerbe les poils dans son dessin. Les longs traits opaques qui représentent la pilosité féminine contrastent avec le teint rosé de la femme dessinée par l’artiste.
La mission que se donne la jeune illustratrice de 30 ans est d’offrir un miroir réaliste pour les femmes sur les réseaux sociaux : « Ce que j’espère en premier lieu, c’est que les gens puissent se reconnaitre dans le travail que je fais. Quand je reçois des dm sur Instagram du genre “Cette œuvre, c’est moi !”, c’est la chose la plus flatteuse. » confie-t-elle à Hypebeast. Cette recherche constante de représenter les femmes telles qu’elles sont, à sa manière, tient aussi au fait que la « grande femme blanche de taille moyenne » comme elle se qualifie elle-même ne se reconnaissait pas à travers les publicités et les photos mises en avant sur les réseaux sociaux.
Les illustrations d’Amber Vittoria poussent souvent les corps à l’extrême : leurs postures sont incongrues, presque impossible à répliquer dans la vie de tous les jours. Cette dualité entre les messages que la dessinatrice souhaite faire passer à travers ses illustrations et l’extravagance de ses dessins est interpellante. On comprend presque instantanément la problématique posée par l’illustratrice.
Si l’artiste travaille pour son compte, elle collabore aussi avec de grandes marques. Mais pour elle, le choix de l’entreprise avec laquelle elle collabore est tout aussi important.
De Victoria Secret à Gucci
Avant de travailler pour le New York Times ou Gucci, Amber Vittoria a fait des études de design graphique à l’université de Boston. Ses parents l’ont toujours encouragée à suivre cette voie : « J’ai commencé à dessiner très jeune. Ma mère l’a remarqué, et elle m’a dit : “Tu aimes vraiment faire de l’art. As-tu déjà pensé à en faire une carrière ? J’avais 11 ans. » explique-t-elle à The Knockturnal
L’étudiante rencontre des professeurs de l’université qui la marquent, comme elle l’a confié dans un article publié sur le site de son université. Alston Purvis, par exemple, qui lui enseigne le design graphique. Il a publié de nombreux ouvrages comme “The Vendetta”, ou encore Kristen Coogan qui a travaillé notamment pour National Geographic.
« J’ai remarqué qu’une grande partie des histoires que je racontais utilisaient la forme et la couleur comme moteurs pour raconter ce récit. J’ai commencé à me pencher sur ces motifs et j’ai fini par former une sorte de style. »
Amber Vittoria, Hypebeast.
La jeune femme trouve ensuite rapidement un travail chez Victoria Secret. Elle est Web designer. Mais Amber Vittoria déchante. L’entreprise n’adhère pas à ses valeurs : « J’aimais tous ceux avec qui je travaillais, mais retoucher des images d’un type de femme très spécifique sans pouvoir m’identifier à ce type de femme, était assez dur pour mon estime de soi. » explique-t-elle à Boston university. L’illustratrice ne cautionne pas l’unique modèle de femmes choisit pour les publicités.
Après plus d’un an passé à éditer des sites web pour Victoria Secret, la jeune femme devient directrice artistique pour Vayner Media pendant 2 ans et 5 mois puis designer pour Avon. Depuis 2017, Amber Vittoria est désormais indépendante. Elle fait partie de la prestigieuse liste Forbes 30 under 30. Cette liste établie par le journal Forbes reconnaît le travail de plus de 600 individus, qu’ils soient artistes ou hommes ou femmes d’affaires. Cela permet aux artistes une plus grande visibilité sur leur travail et sans doute de trouver plus facilement des clients.
Trouver des clients, ce n’est pas ce qui manque à Amber Vittoria. La newyorkaise a travaillé pour les plus grands. Son travail mixe à la fois papier, numérique et parfois même textiles.
« J’ai eu la chance de travailler avec des marques et des publications qui ont une éthique, un point de vue et une histoire similaires à raconter. »
Amber Vittoria pour The Knocturnal
Pour Giphy et Instagram, la jeune femme réalise des gifs animés. Ils sont utilisés par plusieurs millions de personnes dans les stories et servent à exprimer des sentiments : la joie, la flatterie, l’indifférence…
Pour illustrer les publicités de Gucci de parfums et de tricots, Amber Vittoria réalise plusieurs visuels en 2018.
« La nature est quelque chose qui m’a toujours rendue heureuse. Je trouve qu’intensifier les teintes les plus vives des éléments naturels est un excellent point de départ. »
Amber Vittoria pour CFA Magazine
L’illustratrice travaille avec d’autres marques de luxe pour le catalogue Le Bon Marché à l’occasion des fêtes de fin d’année en 2019. L’artiste explique que les illustrations reprennent les styles les plus prisés par les marques. Sa série obtient le prix 39 de l’Association des illustrateurs :
On retrouve les thèmes phares des dessins d’Amber Vittoria : les femmes, la diversité. Les illustrations sont aussi épurées mais restent colorées.
L’artiste travaille pour de nombreuses autres marques comme Adidas. Ses illustrations célèbrent le sport, la musique et la culture.
Comme de nombreux illustrateurs, Amber Vittoria dessine pour la presse. Ici, le New York Times dans un article sur les femmes qui tentent de se faire une place et d’échapper à une société pensée par et pour les hommes :
Outre sa collaboration avec les marques, ses éditoriaux pour plusieurs magazines, la jeune femme publie aussi des ouvrages. Elle publie “With beautiful large feet” en 2018. Le livre pour enfants célèbre en poèmes et en images la beauté de chacun.
En 2020, l’auteur a lancé une collection de chaussettes. Sur chacune d’elles, Amber Vittoria a dessiné le portrait d’une femme.
Chaussettes, illustrations, gifs. Une seule question nous trotte dans la tête : quelles seront les prochaines idées d’Amber Vittoria ?
Si vous appréciez le travail de l’artiste, vous pouvez la suivre sur Instagram et sur son site officiel.
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