En 2018, choisissons de ne pas nous reposer sur nos lauriers, d’aller chercher toujours plus loin, des choses un peu différentes, parfois moins évidentes. Des dessins qui demandent un peu plus d’attention, de lecture, mais qui décuplent le plaisir quand l’œil se fait plus aguerri, plus pointu.
Alors c’est sympa les remontrances, mais chez Beware on vous donne aussi les clés pour y parvenir. Donc sans plus attendre, une sélection de dessinatrices et dessinateurs à suivre en 2018, et en petite bonus, des projets très cools qui vont vous tenir éveillé jusqu’à au moins l’année prochaine ! On s’y engage !
Et bonne année ! bisous.
Lucas Harari
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Lucas Harari, jeune dessinateur prometteur est né en 1990 est diplômé des Arts Décoratifs en 2015, section images imprimé. Avant ça il fait un rapide passage par la case étude en architecture, expliquant peut-être le sujet de sa première BD, L’Aimant, parue aux éditions Sarbacanes. Sortie durant l’été 2017, elle s’est imposée comme une des meilleures BD de la fin de l’année, de façon quasi unanime. Si vous n’y avez pas encore jeté un coup d’œil, il est encore temps bien evidemment !
Rapide synopsis pour vous faire saliver : Pierre, étudiant en architecture, rédigeait une thèse sur les Thermes de Vals, oeuvre de l’architecte suisse Peter Zumthor, avant que celle-ci ne le pousse vers le délire et le contraigne à arrêter ses recherches. Quelques temps après, il décide de s’y rendre, attiré par ce lieu, comme un aimant. Une étrange ambiance règne dans ce cube de béton épuré, entouré par la neige et bercé de légendes. La ligne claire de Lucas Harari nous accompagne dans ce labyrinthe architecturale aux allures de thriller fantastique !
Bande De
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En provenance de Bruxelles, la maison d’édition Bande De est composé des deux artistes Pauline Rivière et Marine Pascale. Un duo artistique à surveiller de près puisqu’elle sont à la tête d’un vrai laboratoire d’expérimentation graphique où l’ingéniosité est de mise: édition, illustration, collage, photocopie, couture, paillettes, calque, scotch … Tout est bon à prendre et tout est prétexte à la création. A l’arrivée, une revue sous forme de véritable objet graphique, un mille feuille artistique qui se lit et se relit à l’infini.
Chacune se déploit aussi de son coté, nourrissant Bande De de ses compétences propres. Marine, plutôt dans la construction en volume et l’installation et Pauline plutôt vers le l’édition et le dessin.
Petit détour par Marseille, destination en vogue quand on a du talent apparemment, puisque ce ne sont pas un, ni deux, mais trois artistes que l’on met à l’honneur (et encore on a du choisir!).
Elodie Lascar
Elodie Lascar est une des occupantes de l’Atelier Boucherie, un atelier partagé à Marseille. Créé en 2015 dans une ancienne boucherie du centre-ville de Marseille par des artistes réunis en association, il est un lieu de travail, d’exposition, et depuis 2016, il est devenu une micro-maison d’édition riso, qui édite notamment des projets conçus par Élodie Lascar, Amélie Laval, Pierre Tandille et Adeline Debatisse.
Dans le travail d’Élodie on retrouve des couleurs, des femmes, des formes et de la chaleur. Depuis son interview pour Beware, outre de nombreux magnifique dessins, elle a publié deux calendriers.
Pour l’année 2018 : Sorcières, en duo avec Amélie Laval, qui met en avant les sorcières de la vie réelle. Des calendriers engagés en faveur des femmes puisque celui de l’année dernière mettait à l’honneur 12 femmes oubliées de l’histoire : la déesse Inanna, l’artiste Claude Cahun ou encore la scientifique Ada Lovelace.
Irene Tardif
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La formation initiale d’Irène Tardif c’est conceptrice de site web. Pas étonnant quand on parcourt son site qui se révèle être un truffé de surprises et de zoom dans tous les sens.
Ses illustrations ont une texture bien à elles, dans lesquelles on sent la précision de ses coups de crayons, mais Irène est aussi super douée pour les gifs. Exercice compliqué puisqu’ils affluent de partout sur internet et qu’il est alors compliqué de faire valoir le sien. Aucun soucis pour Irène Tardif de ce côté la, c’est un exercice qu’elle réussit haut la main.
Elle est aussi de mèche avec l’Atelier Boucherie, puisqu’à chacune de leur parution elle réalise une petite animation, dont les calendriers dont on vous parlait plus haut.
Les Paysages inspirés
Florent Groc
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Toujours à Marseille, on continue avec Florent Groc. On peut dire que l’artiste a un sujet de prédilection, le paysage, qu’il réinvente à chaque fois. D’un dessin à l’autre, ce n’est jamais redondant. Le motif précis, l’alliance des couleurs, le support (une feuille transparente pour rétroprojecteur, à qui l’artiste donne une seconde vie plus funky) délivrant ce rendu si particulier, foisonnant et incandescent.
Depuis deux ans, on a pu voir le travail de Florent Groc au Musée d’Orsay, à la Double V Gallery, au POC MArseille, chez Portefoin, ou dans le calendrier de l’avent de Carven, toujours bien entouré de l’avant-garde de l’art et du dessin contemporain.
Magali Brueder
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On quitte les paysages de Florent Groc pour des eaux plus calmes, mais tout aussi riches, et retour à Paris (quoi qu’elle soit pas mal inspirée par Marseille aussi) pour découvrir le travail de Magali Brueder. Une parisienne à la double casquette puisqu’elle est à la fois graphiste et dessinatrice. Après 3 ans à l’ECV, elle sort diplômée de la HEAR section communication graphique. A l’inverse de sa formation de base qui privilégie les outils informatiques, sa pratique du dessin passe uniquement par la main.
C’est après un voyage aux États-Unis et ses grands paysages que Magali commencent à sortir ses feutres à alcools. Depuis, ils ne l’ont pas quittés et une collection de paysages aux couleurs douces et aux panoramas variés a vu le jour, pour notre plus grand bonheur.
Kevin Manach
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Kevin Manach, une trentaine d’années, est diplômé des Gobelins. C’est dans une formation tournée vers l’animation qu’il prend ses marques, bien qu’aujourd’hui il partage son temps entre dessin et animation.
Sans transition aucune, pour vous mettre dans l’ambiance, on vous conseille d’aller regarder Vésuves sans perdre une seconde. Un court écrit et réalisé par Kevin en 2011 lorsqu’il est encore étudiant. Son synopsis “Deux hommes regardent une femme. L’un la veut, l’autre se sert.”. Ambiance.
Kevin Manach est aussi un féru de littérature, nous ouvrant les portes sur un univers super référencé, qu’il partage parfois avec Ugo Bienvenu, ancien camarade de classe, lui aussi animateur et illustrateur et avec qui il crée le duo Manach & Bienvenu. La plupart du temps en animation traditionnelle, ils réalisent de nombreux clips (Jabberwoky, Renart), des courts (pour Canal +), ou encore des séries (Ant-Man, issue de la collaboration entre Disney et Marvel).
Pablo Grand Mourcel
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Au début de l’année, Papier Magazine et l’atelier Meraki organisait une exposition collective autour du foot sobrement appelés “Champions du Monde”. On y retrouvait alors Pablo Grand Mourcel, dans une installation de coupes, semblable à des totems, dont la base arborait les visages sculpturaux des anciens joueurs de l’équipe de France, époque 98.
Pablo vit et travaille à Paris. En 2011, après un stage au sein du studio de Steven Harrington, il fonde le studio de création Super Groupe avec Lisa Laubreaux, autre jeune illustratrice de talent.
Le travail de Pablo Grand Mourcel reprend souvent cette forme de totem, un ensemble graphique dans lequel se détache différentes formes et différents éléments. Il semble aussi avoir une certaine lubie pour le sport, puisqu’on retrouve beaucoup de scènes de boxe, de lutte ou de foot, dans des tenues souvent très légères.
Clément Bataille
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Durant l’exposition “Champions du Monde” de Papier Magazine, on retrouvait aussi l’artiste Clément Bataille. Diplomé en Histoire de l’art contemporain à l’École du Louvre, il vit et travaille à Paris. Il est illustrateur mais aussi plasticien, puisqu’il dessine aussi bien qu’il réalise des masques, des céramiques et des dessins brodés.
“Jour après jour, se constitue la collection d’amulettes d’une religion personnelle.“
Une grande partie du travail de Clément Bataille se concentre autour du masque et des dessins à l’encre et à l’aquarelle, la plupart du temps sur du papier recyclé. Des ensemble étranges et colorés, qui puisent leur inspiration dans des cérémonies magiques et des rites de sorcellerie méconnus.
Alice Wietzel Instagram
Fraichement diplômée des Arts Décoratifs de Paris, on retrouve déjà la jeune dessinatrice un peu partout ! les Puces de l’Illustration, différentes expositions collectives parisiennes, Places de la République en soutien au mouvement #metoo, où elle réalisait une grande fresque au côté de la talentueuse LalaSaidko, ou encore bientôt au off d’Angoulême. Bref, rien ne l’arrête.
Alice Wietzel questionne la question de la féminité, de la nudité, du corps dans une gamme de tons pastels la plupart du temps. Parfois accompagnée de son copain, Valentin Guillon, au style plus abstrait, Alice délaisse les crayons et la riso pour arpenter les rues des villes et poser ses magnifique fresques à 4 mains.
Pour terminer, comme promis, deux concepts sympas qui regorgent de pépites à découvrir !
476
site
Créé par le graphiste Etienne Robial et Maxime Barbier, cette structure d’édition parisienne propose une sélection affutée d’œuvres imprimées en riso, avec une attention portée à la qualité et à la précision (pour exemple, le nom 476 fait référence à la norme DIN 476 A, formats papier standardisés par le Deutschen Institut für Normung en 1922, proportion 1,414 √2, voila ça c’était pour le soucis du détail.)
Dans leur répertoire on retrouve le travail de graphistes, photographes et dessinateurs. Autant des nouvelles pépites comme Kristelle Rodeia, Marie Baudet ou Marion Chapuis, que confirmés (Jean-Francois Martin, Stéphane Trapier, Loulou Picasso ..). On y retrouve aussi bien des artistes français qu’étrangers : les soeurs Sorlet, Thomas Hedger, Simon Landrein, Aline Zalko. Mais aussi des noms que l’on commence à connaitre, et dont vous avez déjà entendu parler sur Beware, comme Camille de Cussac, Call Me Georges ou Oriane Safré Proust.
Exposé chez Arts Factory, Rue de Charonne à Paris.
Ciné croquis
facebook
Tout est dans le titre. Ciné croquis c’est un blind test cinéphile, avec dessin à la clé, qui se déroule toutes les semaines sur Facebook. Les règles sont simples : du lundi au vendredi, une à deux fois par jour (varie en fonction du temps et de l’inspiration du dessinateur de la semaine) est publié un croquis qui reprend une scène de film. Coté dessinateurs, il y a ceux qui cherchent les films les plus pointus, et ceux qui proposent une sélection plus mainstream. Bref, une définition de l’éclectisme à l’état pur. Ils proviennent majoritairement tous d’écoles d’animation dont le vivier principal est l’école Les Gobelins. Ceux qui feront, entre autre, l’animation de demain. Tout semble cohérent.
La page est victime de son succès et des connaissances pointues de ses abonnés puisque généralement il ne faut pas plus de 10 secondes pour que l’un d’entre eux reconnaisse le film dont est tiré le croquis. Il vous faudra être rapide (et avec une bonne connexion internet) pour tenter de remporter ces croquis souvent en noir et blanc, parfois en couleurs, en gif, ou encore même sous la forme de tatouages !
Et si tu en veux encore, voici un recap de tout ce qu’on a pu écrire sur le dessin et le graphisme cette année !
Et puisque bien évidemment nous en oublions, des artistes qui feront 2018, on vous retrouve tout au long de cette année pour vous les faire découvrir !
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