Si vous avez plus de 60 ans, que tricoter vous agace, que vous avez revu l’intégrale de Derrick 5 fois, que vous en avez marre de garder votre petit fils (ce petit racketteur de 6 ans addict au sucre) et que vos chats commencent à avoir plus de conversation que votre voisine d’en face, c’est qu’il est temps que vous preniez les bombes comme les séniors de Lata 65. Ces mamies et papis portugais que l’on croirait tout droit sortis d’une œuvre d’Ella & Pitr tordent littéralement le cou à cette précédente liste de clichés. Mais qui est ce groupe de personnes âgées dopées au street art ?
L’initiative du projet a germé dans l’esprit de Lara Seixo Rodrigues, une architecte chevronnée qui n’a cessé tout au long de sa carrière d’être passionnée par le graffiti. Passion qui l’emmena à créer, en compagnie de son frère, le WOOL Covilhã Urban Art Festival. La machine était lancée et WOOL ne cessa de grandir allant durant ces 4 dernières années, de collaboration en collaboration, de pays en pays et de projet en projet. Pour ne citer qu’elles, on notera leur participation à la TOUR PARIS 13 ou à DJERBAHOOD – si vous n’avez jamais entendu parler de ces évènements, c’est que vous vivez dans une grotte et qu’il est temps pour vous de reprendre votre vie en main.
Et c’est parfois autour d’un café que les idées grandissent (merci la drogue). Assise au bar avec son ami Fernando Mendes (de COWORKLISBOA), elle l’interpelle sur les visiteurs de ses festivals. Les plus intrigués et avides de connaissance se trouvent être les personnes âgées. Il lui lança donc le défi de créer un atelier autour de l’art urbain et des séniors. CHALLENGE ACCEPTED : le vieillissement actif et la solidarité intergénérationnelle sont les mots d’ordre de cette nouvelle démarche. L’art urbain comme pont entre les générations, si ça ce n’est pas beau. 15 jours plus tard, le premier atelier voyait le jour.
LATA 65 : le nom de ces workshops découle tout naturellement. Lata signifiant « bombe de peinture » en portugais et « 65 » faisant référence à l’âge de la retraite dans ce pays. Comme le dit Lara, le premier atelier lui aura prouvé « qu’il est possible de motiver les personnes âgées à travers l’art urbain et qu’il est souhaitable de présenter à ces générations de nouvelles activités, de nouvelles techniques associées à la jeunesse, comme un moyen de briser les routines dans un esprit jovial et de bien-être ». Le principe est simple : des papis, des mamies, des bombes de peintures, des murs à réhabiliter, des artistes là pour guider et du fun (beaucoup de fun). Le concept fait de plus en plus écho et les différentes municipalités et festivals commencent à s’arracher le workshop. Ils sont 100 ainés à avoir participé jusqu’ici à Lata 65. Ils furent recrutés par les villes, les entreprises et même les paroisses – oui oui les paroisses ne sont pas cools que dans Sister Act.
Les réactions positives autour de ce projet affluent du monde entier et en même temps : on comprend ! Face à l’isolement des séniors, c’est l’idée la plus originale que l’on ait entendu depuis longtemps pour rapprocher les générations, rétablir le dialogue entre les individus, sensibiliser à l’art et combattre le pessimisme ambiant lié au vieillissement. Le message social et quasi politique des Lata 65 inspire et nous fait réfléchir sur un idéal de société où chacun a sa place… Et si vous n’êtes absolument pas sensible à tout cela, dites vous juste que ces mamies sont trois fois plus badass que vous !
Boa sorte Lata 65, você é incrível !
(Muito obrigado Lara)
Pour en voir plus : Facebook : Lata 65
Crédit photo : Rui Soares, Rui Gaiola, Lara Seixo Rodrigues, Pedro Seixo Rodrigues