En février 2019, Meghan Markle, Duchesse de Sussex retourne pour la première fois à New York depuis son mariage avec le Prince Harry. Elle attend son premier enfant, Archie Mountbatten-Windsor. Pour l’occasion, un groupe d’amies proches de la comédienne lui organise une baby shower : Serena Williams, Jessica Mulroney et Genevieve Hillis. Au centre de la fête, intime, le fleuriste Lewis Miller. L’artiste donne des cours, aux invités et à la duchesse, de composition florale : « Je n’ai jamais rien vu de tel à une baby shower » rapporte Gayle King, une amie proche présente à l’évènement. Et pourtant, tous les New Yorkais ont déjà vu les compositions florales de Lewis Miller. Le fleuriste est à l’origine du très populaire mouvement Flower Flashes. Le concept : faire des compositions florales dans la rue, dans les poubelles ou sur les lampadaires.
Du street-art floral
Il est 4 heures 26 du matin à New York City. Les rues sont presque désertes, il fait nuit noire. Lewis Miller s’active avec l’un de ses collègues ou ami. Il doit faire vite. Le fleuriste porte un lourd pot noir. Il contient de longues feuilles vertes. Il range sans trop de difficultés son dernier pot dans son van bleu foncé. Son acolyte et lui ferment le coffre de leur Ford : « Ok, allons-y » lance Lewis Miller d’une voix pleine d’excitation. C’est la première fois, qu’ils vont constituer une composition florale aussi tôt : « Nous nous rendons à Harlem pour notre premier flash floral depuis un certain temps » explique-t-il alors qu’il guide son ami qui conduit dans les rues d’Harlem : « Il s’agit des restes de ce grand événement fantaisiste que nous avons organisé la semaine dernière » explique le fleuriste en montrant les pots à l’arrière du van.
À quelques mètres d’un arrêt de bus, Lewis Miller explique son plan d’attaque : « Je vais me donner à fond à cet arrêt de bus pendant environ un quart d’heure » explique-t-il d’une voix plutôt calme qui cache son adrénaline. Comme les street-artistes, Lewis Miller doit se dépêcher, pour ne pas être verbalisé ou emmené par les policiers qui rodent parfois dans les quartiers d’Harlem. Comme les street-artistes, sa pratique n’est pas reconnue dans la loi. C’est une pratique interdite. Elle est nouvelle. Elle s’appelle : “Flash Flower”. Flash pour la rapidité et Flower pour les compositions florales de qualité que livre le fleuriste renommé de New York.
« C’est très amusant parce qu’il y a aussi cet élément de danger, de rapidité. Comme si cela se passait très vite, et spontanément d’ailleurs. C’est très exaltant pour moi ! » raconte le fleuriste. Le van se gare juste devant l’arrêt de bus, pour camoufler le remue ménage d’une quinzaine de minutes. Les hommes déchargent les pots du van. Lewis Miller s’active, pot en main. Il monte sur un escabeau pour poser les vases en plastique noir sur l’abris-bus. L’artiste recule, pour prendre du recul. Il avise : « déplace l’ensemble un tout petit peu vers la gauche » conseille-t-il en pointant du doigt sa composition. « Ça semble parfait, ok, c’est bon ! » fini-t-il par avouer. L’artiste ajoute quelques fleurs à sa verdure. Puis tag au pochoir et à la bombe aérosol sa signature, comme les street-artistes : LMD X NYC. L’intervention est terminée. Le jour se lève doucement. C’est l’aurore. Il est 5h40. Les New Yorkais se dirigent vers les transports en commun. Ils s’arrêtent devant les compositions de Lewis Miller. Interloqués, ébahis : « Super, j’adore, vraiment ! » lâche une dame au micro de Vice News après avoir photographié la composition.
Flower flash et écologie
C’est en 2016 que Lewis Miller et ses acolytes ont l’idée de lancer ce qu’ils appelleront plus tard “Flower Flashs”. Un soir d’octobre, les fleuristes chargent des dahlias et des œillets à l’arrière de leur van. Ils composent leur première œuvre de rue en plein Central Park, à l’abri des regards. Le lendemain, c’est un succès. Les passants s’arrêtent et sont subjugués par cet ovni en plein centre de New York.
Pour Lewis Miller, le but est de redonner le sourire aux New Yorkais : « Le Flower Flash est notre cadeau aux New-Yorkais » explique-t-il avant d’ajouter : « Notre objectif est de créer une réponse positive et émotionnelle à travers les fleurs. Voir les réactions des gens à nos Flashs de fleurs met en évidence la bonté fondamentale de tous et donne la priorité à la compassion et à la nécessité pour LMD x NYC de continuer. Votre ville est peut-être la prochaine ! »
Les compositions florales de Lewis Miller sont éclectiques : roses rouges, branches de forsythia et de tournesols. Lewis Miller nettoie aussi les rues de New York. Il enlève les mauvaises odeurs des poubelles, des déchets, des égouts, en les remplaçant par des effluves roses. Fleurir les rues de New York, c’est aussi pour lui, l’occasion de ne pas jeter les fleurs qu’il ne vend pas ou qui restent lors de plusieurs évènements. Toutes les fleurs sont donc recyclées.
Si vous aimez le street art et souhaitez en savoir plus à propos de cette forme d’expression urbaine, nous avons réalisé un article dossier sur le sujet.
L’artiste ne compose pas seulement dans la rue des bouquets géants de fleurs. Il réalise aussi avec son studio Lewis Miller Design, des messages floraux, parfois engagés :
La fleurs ne sont pas des inconnues pour Lewis Miller : « `J’ai grandi entouré de jardins et parmi les fleurs » explique-t-il lors d’une interview pour Forbes. Dès 7 ou 8 ans, le futur fleuriste est passionné de magazines spécialisés dans les jardins et les fleurs. L’enfant est subjugué de voir comment des fleurs peuvent changer une pièce : l’éclairer ou la rendre plus agréable. L’artiste est alors surpris de voir que tout est à portée de main : « J’habitais dans le centre de la Californie. Je n’avais plus qu’à sortir dehors et couper des fleurs. Je pouvais ressentir la même chose. Je trouvais excitant de voir comment on pouvait rapidement changer quelque chose mais aussi comment puisque la nature parce qu’il suffit juste de se tourner et de recommencer pour avoir des résultats complètement différents. »
L’artiste travaille d’abord dans un golf avant de se lancer en tant que fleuriste. Il commence par décorer des appartements pour Noël puis des fêtes privées. En 2000, l’artiste quitte Seattle pour New York. Les fleurs entrent dans sa vie. C’est la première Flower Flash qu’il effectue en 2016 qui ravit la vie de Lewis Miller. L’artiste voit les gens intéressés par ce qu’il fait. Pour l’artiste, ses compositions florales n’ont pas d’autres objectifs que d’être là pour la beauté.
Pourtant, pour remercier les soignants investis durant la crise du Coronavirus, Lewis Miller et son équipe ont effectué plusieurs Flower Flashes : « Le faire pour les professionnels de la santé était une évidence, car ce sont eux qui sont dehors à faire le travail pendant que le reste d’entre nous est enfermé à l’intérieur » explique à CNN le fleuriste.
« Les professionnels de la santé de New York continuent de faire plus que prendre soin des personnes dans le besoin pendant cette pandémie. »
Lewis Miller
Pour l’occasion, Lewis Miller a vendu des boites de fleurs. 100% des revenus ont été distribués à une association pour les hôpitaux New yorkais : la Greater New York Hospital Association.
On vous laisse avec quelques images des compositions de Lewis Miller :
Si vous aimez le concept de Lewis Miller, vous pouvez vous rendre sur son site officiel.
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