Nous nous sommes souvent interrogés sur le travail de l’artiste italien Biancochock : Street art ? Détournements urbains ? Performances ? Jusqu’au jour où l’artiste s’est lui-même placé comme pionnier du mouvement de l’éphéméralisme. Entre humour, références pop, réinterprétations urbaines et installations satiriques, Biancoshock propose encore et toujours des œuvres in situ qui poussent le spectateur à s’interroger sur son environnement.
Depuis 2004, Biancoshock a produit plus de 650 installations autour du globe. Bien vite, il se prend au jeu et comprend que l’art urbain est plein de possibilités. Très attaché à certains combats, que viennent matérialiser ses œuvres, il cherche alors un terme à même de rassembler activisme et art urbain performatif : l’Ephemeralism.
Il s’agit d’un mouvement artistique et activiste qui définit les œuvres qui n’existent que de façon éphémère dans l’espace public, mais qui se pérennise grâce à une documentation photographique et vidéo. Cette définition fait entrer une pluralité de productions possibles comme l’œuvre “Graffiti is a religion”, installation regroupant une centaine de morceaux de graffiti présentés dans des petits sacs d’échantillonnage.
Pour Biancoshock, l’éphéméralisme “a pour but de produire des œuvres d’art qui doivent exister brièvement dans l’espace mais de manière illimitée dans le temps”.
Dans ses nombreux projets, existe toujours un aspect parodique, satirique et moqueur qui interpelle le spectateur et le pousse à s’interroger sur la société qui l’entoure. L’utilisation de l’espace public n’est pas seulement support artistique, mais tient une place prépondérante dans le travail de Biancoshock. Il s’agit plutôt de détourner ou d’intégrer l’espace et les éléments qui le composent dans une œuvre qui défend une idée ou un combat.
L’expression VIP est ici détournée pour coller au concept de Very Important Pauvre. L’œuvre interpelle le passant qui a pris l’habitude de détourner le regard de ces personnes pauvres et vulnérables que nous rencontrons tous dans la rue. Ainsi, les personnes qui normalement ignorent les sans abris ne peuvent s’empêcher de regarder les Very Important Pauvres. Biancoshock dédie l’œuvre à la Syrie, pays en conflit qui produit des milliers de réfugiés qui se retrouvent alors dans nos rues.
Dans le cadre de son projet, intitulé “Borderlife”, Biancoshock a décoré des bouches d’égouts abandonnées pour les transformer en minuscules pièces secrètes, dans le quartier de Lodi à Milan. Biancoshock dit de cette création urbaine : ‘’Si quelques problèmes ne peuvent pas être évités, on peut essayer de les rendre plus confortables. Un exemple d’inspiration est Bucarest, où plus de 600 personnes vivent sous la terre dans les égouts.’’
A l’intérieur du projet, il dénonce également les conditions de vie des personnes en difficulté à Bucarest en ajoutant un lien HTML sur lequel on peut se renseigner sur les enfants et les familles qui habitent sous terre. L’art devient un prétexte pour dénoncer, renseigner, aider et contribuer à l’amélioration des conditions de vies de ces personnes. En utilisant l’art, il tente de donner un visage à toutes ces personnes qui habitent sous terre, résidant dans l’espace public mais dans l’ombre.
Digital Vandalism est une performance visible sur youtube qui met en scène Biancoshock devant son ordinateur qui, à l’aide de photoshop, peint sur un mur. Dans une seconde partie, il peint à l’aide d’une bombe son ordinateur qui affiche le mur. Il dira de cette œuvre ” Les outils du digital permettent de changer la réalité. Actuellement, un acte de vandalisme peut être réalisé assis confortablement devant son PC. La valeur d’une action est-elle dans l’acte de le faire ou dans la façon dans laquelle elle est introduite a une audience ?’’
Si vous avez apprécié le travail urbain de l’artiste Biancoshock vous devriez visiter son site et jeter un œil au travail de LosOtros qui évolue aussi dans l’univers du street art.