Découverte en 2017, la française développe sa pop poétique et lascive, entre réalité morose et fantasme obsessionnel, dans un premier album évènement : le bien nommé “Drama”.
Annoncé depuis près d’un an, le premier disque de la chanteuse Alice et moi confirme la tendance. “Drama” signe un ensemble de morceaux sensuels aux textes toujours plus imagés, témoignages d’un “mal être adulescent” grandissant.
Un vent de douceur sur la French Pop
La patte d’Alice Vannoorenberghe, auteure, compositrice et interprète de l’univers Alice et moi, se distingue dans l’horizon de la pop francophone. Voguant entre des sonorités éléctro, rap et reggae, elle déploie une base musicale mélodieuse et sensuelle. Une inspiration French Touch chaleureuse qu’elle renforce par ses textes chantés du bout des lèvres, presque murmurés.
Après les EP remarqués “Filme moi” en 2017 et “Frénésie” deux ans plus tard, l’album “Drama” reprend ses tubes et étoffe son répertoire. Après les passions amoureuses, elle décrit l’anti-frénésie apathique d’une vie qu’on regarde défiler devant soi, à mi-chemin entre un lendemain de soirée et le mode de vie suspendu par la pandémie dans “Sur mon lit”, par exemple. Reste toujours cette fascination pour l’aspect théâtral de la vie en société, car c’est bien elle “la reine du drama”.
Le mal du siècle
Bad Girl au cœur tendre, elle assume sa dualité. Fonceuse et subversive dans “Je suis fan” ou encore “Rappeur”, mais elle se donne aussi sensible presque écorchée avec “Tout nus” et “Maman m’a dit”. Alice et moi, c’est donc bien la séparation, un “je et un autre” philosophique. Enchaîné au groupe, l’individu devient pluriel, tiraillé entre sa conscience et son image.
À l’ère des réseaux sociaux, la notion de représentation se pose plus que jamais. L’exagération permanente de cette mise en scène du quotidien est pointé du doigt tout au long de l’album. L’intensité émotionnelle obsédante des premiers jours, de la passion envoutante et brûlante, devient inquiétante par cette recherche effrénée du rapport avec l’autre, soit-il en ligne. Transparait alors une génération connectée qui se consume sur les réseaux, à égale mesure qu’elle en devient désabusée.
Double mouvement entre émancipation et obsession, entre fantasme et désillusion, “Drama” décrit le mal être de toute une génération, pas encore adulte, plus vraiment adolescente, qui “veut bien faire mais [qui a] la flemme”. Mettant en scène des amours dramatiques pour mieux se distraire de mal êtres plus profonds, le règne du drama c’est aussi celui du déni, et l’album se conclut d’ailleurs par un “Tout va bien” plus critique qu’optimiste.
Écouter l’album
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