Imaginez un pigeon mangeant du pain sur le bord de la Seine. Cela vous répugne n’est-ce pas ? Et bien si l’on vous disait qu’en réalité cette petite bête est une merveille de la ville ? C’est ce qu’Adèle Renault, graffiteuse française, essaye de faire paraître au monde, dévoiler la beauté là où personne n’ose regarder.

L’art est une activité qui nous permet de voir la beauté partout, même dans les endroits les plus improbables. Adèle Renault, graffiteuse, a très bien compris cela. Munie de sa bombe et de son masque, elle couvre les murs du monde entier, en dévoilant la splendeur de sujets dont on soupçonne le moins. Venez découvrir le portrait de cette jeune femme remplie de sensibilité et de jolies visions.

Une histoire de famille
Avec des parents musiciens au penchant globe-trotteur, Adèle a passé une grande partie de son enfance sur les routes d’Afrique, d’Amérique latine ou encore d’Europe. C’est durant ces longs jours à contempler les paysages des sept merveilles du monde, qu’elle a le déclic. Dans la gare de Prague, elle reste assise plusieurs heures à examiner de manière admirative les historiques trains pragois ornés de graffitis, c’est à ce moment-là que la passion d’une vie s’est déployée. Ainsi, à treize ans, tel Victor Hugo tenant son premier stylo, elle attrape sa toute première bombe aérosol devant les yeux fiers de son père, qui l’emmène par la suite à ses premiers cours de graffiti chaque semaine.


Bien loin d’être un pigeon !
Motivée par la soif de poursuivre son rêve, Adèle réussit à devenir diplômée de la prestigieuse école Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Le bout de papier en main, elle décide de parcourir le monde à la recherche de son inspiration principale. C’est en 2009 que cela lui frappe aux yeux, elle décide de donner toute la gloire que le pigeon mérite selon elle. Considéré comme nuisible, infesté de maladies et pollueur de paysage, le pigeon a toujours été le vilain petit canard des volatiles. Mais Adèle ne voit rien de tout cela, elle comprend l’enjeu social qui se cache derrière cet animal « Il vit dans la rue, et j’y travaille en permanence. Je ne m’intéressais pas vraiment au pigeon en lui-même, mais à ce qu’il représente. » précise-t-elle lors d’une interview donnée à A.S adventure. C’est ainsi qu’elle commence à parcourir le monde à la recherche du « pigeon parfait ». Pour chaque pays visité, la jeune femme cherche toujours le fameux volatile comme modèle pour démanteler l’image souillée du pigeon au monde entier, et ainsi montrer que la beauté se cache de partout, ce n’est qu’une question de point de vue.



De l’illégalité à la liberté
Vous l’aurez compris, Adèle est aujourd’hui une des plus grandes graffiteuses françaises. Mais cela n’a pas été un titre facile à acquérir. Durant ses années d’études à Brighton en Angleterre, l’artiste explorait de plus en plus sa passion, notamment en admirant les halls of fame, ces fameux murs anglais réservés à la créativité et l’art. Cependant, il lui arrivait de peindre sur des murs lambda, ce qui a su attirer l’attention, pas toujours très pédagogue, de la police anglaise. Elle explique d’ailleurs avoir déjà passé des nuits en prison pour dégradation des lieux publics. Mais pour elle, il faut bien que le jeu en vaille la chandelle. L’histoire du street art est née dans l’illégalité !



Heureusement aujourd’hui les mentalités ont changé. D’ailleurs, les autorités et les entreprises elles-mêmes la payent pour égayer les murs des villes. Comme quoi Adèle a bel et bien réussi à dévoiler la beauté du monde cachée au grand jour.