Pour sa troisième édition, We Love Green a été victime de son succès (et c’est le moins que l’on puisse dire !).
Un samedi de festival qui démarre bien : grand soleil sur le parc, la musique qui résonne et qui, à défaut d’indications claires, nous guide vers l’entrée. La première journée affiche complet et la foule se presse en direction de la pelouse du Parc de Bagatelle. Les minutes se font longues alors que les festivaliers patientent pour rentrer tout en remuant mécaniquement la tête sur le rythme du DJ set de la scène électronic.
Arrivés sur place, chacun fait la queue pour attraper sa première bière. Rien de surprenant : cela fait partie du rituel et les copeaux des toilettes nous amuseraient presque. Les robes à fleurs sont assorties aux couronnes et les enfants sont déjà hauts perchés sur les épaules des plus grands. Les gens déambulent entre les tipis, observant d’un œil curieux sous leurs lunettes de soleil les stands et ateliers à l’identité éco-responsable.
Mais alors que les heures passent et que les artistes enchaînent leurs performances, les files d’attente deviennent interminables. Plus d’une heure pour aller aux toilettes – autant dire que les copeaux n’ont plus rien d’amusants. Près d’une heure pour commander une bière ou à manger et encore, il faut se considérer chanceux s’il reste des pâtes chaudes. Plus d’eau potable non plus ; c’était donc bien la peine de nous prendre nos bouteilles d’eau à l’entrée (reste à espérer que celles-ci aient été recyclées).
C’en est presque ironique : le temps d’un après-midi, We Love Green semble être devenu le festival où l’on voit le moins d’artistes jouer, chacun étant piégé dans sa file respective. Comme lorsque l’on est malgré soi mis en attente au téléphone pour une durée indéterminée, on se retient de raccrocher pour rentrer profiter de sa soirée. Pourtant, la musique de fond est excellente : l’Islandais Asgeir avec sa voix cristalline rivalise avec la mélancolie de Cat Power et de son piano.
La programmation plutôt calme de la première journée peine à entraîner les festivaliers nombreux à rester assis par terre et étendus sur les panneaux solaires pour profiter de la musique. La chanteuse de Little Dragon, son tambourin au bras, commence à électriser la foule. Celle-ci grossit à vue d’œil pour les tants attendus London Grammar, qui feront place aux masques aztèques de SBTRKT.
Dimanche matin, mea-culpa sur les réseaux sociaux de la part de l’équipe. Les organisateurs de We Love Green, nous-auraient-ils compris ? Ils ont surtout bien pris conscience du manque d’organisation évident de cette première journée, sûrement complètement dépassés par une foule plus nombreuse que ce à quoi les éditions précédentes les avaient habitués.
Dommage : à lire les réponses, il en faudra plus pour convaincre certains de renouveler l’expérience « green ». À en croire quelques commentaires, de nombreux détenteurs du pass 2 jours auraient même choisi de ne pas revenir pour la deuxième journée. Certainement un coup dur pour le festival mais qui aura au moins eu le mérite d’apporter une certaine fluidité à la journée et plus de confort pour le public du dimanche.
Les festivaliers prennent en effet visiblement plus de plaisir et après la prestation d’Earl Sweatshirt se laissent finalement entraîner par les rythmes groovy et les claquements de doigts synchronisés des excellents Jungle.
Ce qui marquera les esprits (et heureusement !) ce ne seront ni les heures interminables d’attente de la veille ni les stands éthiques et responsables qui nous donnent bonne conscience, mais celle que l’on peut considérer comme la tête d’affiche du festival, Lorde. Du haut de ses dix-sept ans, la Néo-zélandaise subjugue et hypnotise la foule par sa présence et sa puissance. La chanteuse sublime la programmation du festival, qualifiant We Love Green d’un « pays des merveilles » avant d’inviter le public à danser.
C’est finalement Foals qui parviendra à remuer une dernière fois la foule. Armés d’un jeu de lumières travaillé et de guitares entraînantes, ils apportent l’énergie nécessaire au retour vers les navettes et le métro. Ils clôturent une édition qui aura laissé beaucoup de déçus qu’il faudra convaincre à revenir l’année prochaine. Mais le potentiel est bel et bien là. Reste au jeune festival à apprendre de ses erreurs.
Récit par Mélanie Relaut
Photographies par William Lounsbury
1 commentaire