Sabrina Bellaouel pochette EP We Don't Have To Be Enemies

“We Don’t Need To Be Enemies” : le nouvel EP expérimental de Sabrina Bellaouel

Image d'avatar de Yohann PerezYohann Perez - Le 4 septembre 2020

Sabrina Bellaouel dévoile ce vendredi 4 septembre, son premier EP sous le label InFiné. “We Don’t Need to Be Enemies” est un EP très singulier qui nous transporte, lorsqu’on l’écoute, dans un monde à part et pourtant bien ancré dans notre société.

pochette album EP We Don't Have To Be Enemies déesse blanche dessin oriental épée palmiers

« J’ai tellement tâté le terrain de la chanson que j’avais envie d’aller autre part, de prendre le temps de créer une transe, de laisser aux gens la possibilité de plonger dans mes morceaux » explique Sabrina Bellaouel dans un communiqué. L’artiste dévoile un EP en dehors des sentiers battus. Écouter “We Don’t Need To Be Ennemies”, c’est plonger dans des compositions singulières, c’est se familiariser avec des constructions instrumentales différentes de celles que l’on a l’habitude d’entendre : ici il ne faut pas s’attendre à un schéma : couplet-refrain-couplet. À noter, les morceaux de l’EP ont été mixés par le compositeur de musique électronique mexicain, Cubenx.

« En général, je n’ai pas de thème en tête au moment d’écrire. J’essaye de me fondre dans la musique plutôt que de l’utiliser pour raconter une historie précise. »

Sabrina Bellaouel
Sabrina Bellaouel studio assise sur chaise enregistre EP We Don't Have To Be Enemies

Sabrina Bellaouel est perfectionniste au point d’ « enregistrer parfois 150 fois le même couplet », mais avant tout déterminée à « créer des ponts afin de sortir des sentiers battus ». Une chose est certaine : avec son nouvel EP, l’artiste est presque inqualifiable. On sent chez elle, dans ses mélodies, du FKA Twings. On pense notamment à “Cellophane” avec la voix, aiguë et sensible, de Sabrina Bellaouel qui semble sortir des abysses. “Nasser” est une musique particulière, saccadée dans sa construction. Elle commence par des vocalises délicates et sombres à la fois, puis, la musique prend un nouveau tournant : l’effet est radical. La voix devient tranchée et robotique. Pour l’accompagner, Sabrina Bellaouel utilise un rythme presque proche de ceux utilisés lors des défilés militaires. Pas de paroles à part celles d’un homme politique parlant dans un microphone. Sûrement celle de Nasser. On entend ensuite des applaudissements.

Un EP surprenant

Utiliser des sons plutôt que des chants n’est pas une coïncidence pour la chanteuse : « Pour moi, il est plus simple d’exprimer mes émotions à travers des notes plutôt qu’à l’aide de mots qui enferment d’office le propos dans une histoire. Retirer la partie vocale m’a donc permis d’aller plus loin musicalement, de composer une bande-son plutôt qu’un simple EP. » confie Sabrina Bellaouel. Dans “Pulse”, on entend toutes sortes de bruits qui alimentent la musique. Des sons lointains, d’abord, comme si des feuilles de papiers étaient froissées par le vent. On discerne ensuite les bruits de pas marchant dans ce qui pourrait être de la neige. Sabrina Bellaouel lie tous ces sons avec des instruments à vent et une voix cristalline qui s’appuie sur la mélodie, tout en harmonie. À la toute fin du morceau, on entend le souffle, sans doute de la chanteuse, qui s’essouffle.

Photo portrait chanteuse yeux maquillage bleu chemise blanche
Sabrina Bellaouel / crédit photo : Maxime Wolff

« Toutes ces petites choses atypiques, qui ne nécessitent pas de mots, juste un ressenti, mais qui influencent tellement les sens que l’on a l’impression de sortir de notre zone intime ».

Sabrina Bellaouel

Dans la musique éponyme de son EP, “We Don’t Need To Be Ennemies”, Sabrina Bellaouel quitte son R&B expérimental et se tourne vers une mélodie plus trap et électro. L’artiste parle, dans la musique plus qu’elle ne chante, d’une voix assurée. Elle réaliste ici une musique badass. Avec “If”, l’artiste se recentre vers un son plus qu’R&B en 48 secondes. Sabrina Bellaouel se rapproche alors de l’artiste Kelela. Enfin, “Chute” est une musique beaucoup plus calme que les autres de l’EP. L’artiste puise dans le gospel pour délivrer un son angélique. Une source d’inspiration qui n’a rien d’anormal si l’on se penche sur le parcours de l’artiste.

« une musique de lutte »

La particularité des musiques de Sabrina Bellaouel vient de son lien avec la musique qu’elle cotoie très jeune. Elle apprend le gospel à l’adolescence avec un professeur en Alabama mais elle écoute aussi du punk. Le résultat de son apprentissage musical est unique et déconstruit. L’artiste ne se contente pas des productions standards du milieu musical. La chanteuse puise ses sons dans les lieux où elle a vécu : « Il est évident que le contexte dans lequel je me trouve influence directement ma façon de produire. Il est vrai que le fait d’avoir récemment partagé mon temps entre Paris, Rotterdam, Londres et le Maghreb a donné une certaine couleur à mes nouvelles compositions. ». On sent ainsi des influences maghrebines dans le son “We Don’t Need To Be Ennemies”.

photo Sabrina Bellaouel Maxime Wolff écriture arabe
Sabrina Bellaouel / Crédit photo : Maxime Wolff

Sabrina Bellaouel n’est pas une inconnue de la scène musicale : l’artiste a sorti son EP “Cheikh” en 2016, produit par Myth Syzer, Loubenski et Rahman, puis “Illusions” en 2018, un album de R&B qui flirte avec la nostalgie sans jamais s’en approcher complètement. L’artiste a aussi, ces dernières années, produit des sons avec plusieurs esthètes de la scène parisienne : “minuit” pour l’album “Nuit” de Jazzy Bazz, ou encore “The Hop” avec Oxmo Puccino, Jazzy Bazz et Dune.

« We Don’t Need To Be Enemies, c‘est une musique de lutte, où chaque composition s’intéresse à des questions liées au sexe, au genre, aux sociétés ou à l’identité ».

Sabrina Bellaouel

L’artiste revient aujourd’hui avec son nouvel EP sous un nouveau label pour la chanteuse, InFiné.

Elle prolonge ainsi sa quête musicale, sa liberté de s’affranchir des stéréotypes. Son album est militant et atypique : « « We Don’t Need To Be Enemies, c‘est une musique de lutte, où chaque composition s’intéresse à des questions liées au sexe, au genre, aux sociétés ou à l’identité. »

Si “We Don’t Need To Be Enemies” sort ce jeudi 4 septembre, Sabrina Bellaouel a préparé un nouvel EP “Libra”, cette fois, davantage axé sur le R&B que sur l’électro.

Vous pouvez suivre la chanteuse sur son compte Instagram ou sur Facebook.

L’artiste vient de rejoindre un nouveau label, InFiné, on avait fait le portrait de ce label : notre article.

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