L’artiste et curateur Britannique Stuart Semple a récemment interdit Anish Kapoor de visite dans son magasin de matériel artistique à Londres. Un nouveau volet de la saga Kapoor vs. Semple.
Lors de l’ouverture de sa boutique Londonienne Culture Hustle début août 2019, Stuart Semple a pris soin de priver Anish Kapoor d’accès. À l’entrée du magasin, un vigile tient entre ses mains un portrait barré d’Anish Kapoor et demande aux visiteurs de signer une déclaration indiquant leur non-affiliation à l’artiste plasticien multimillionnaire.
L’achat en ligne des produits de Stuart Semple est lui aussi accompagné d’un message d’avertissement : « En ajoutant ce produit à votre panier, vous confirmez que vous n’êtes pas Anish Kapoor, que vous n’êtes pas affilié à Anish Kapoor, et que vous n’achetez pas ce produit pour le compte d’Anish Kapoor ou un de ses associés ».
Une chamaillerie haute en couleur
Pour comprendre le conflit qui oppose Anish Kapoor et Stuart Semple, il faut remonter à sa source. Tout démarre en 2016, lorsqu’Anish Kapoor achète l’exclusivité des droits d’utilisation de Vantablack – un pigment noir plus noir que noir. À l’origine Vantablack a été développé à des fins scientifiques et militaires. Ce pigment absorbe 99,6 % de la lumière, et son potentiel dans le domaine de l’art est immense.
Indignée, la communauté artistique réagit. L’artiste Christian Furr confie au Daily Mail – « Je n’ai jamais vu un artiste monopoliser un matériau. Tous les grands artistes ont été fascinés par le noir pur – Turner, Manet, Goya… Ce noir est révolutionnaire. Nous devrions tous avoir le droit de l’utiliser. Ce n’est pas juste qu’il n’appartienne qu’à un seul et unique homme. »
En réponse, Stuart Semple crée PINK – le pigment le plus intensément rose. PINK est en vente en ligne et accessible à tous… Tous, à l’exception d’Anish Kapoor. Malgré les précautions prises par Stuart Semple, Anish Kapoor réussit à se procurer PINK et publie une photo de son majeur imbibé du pigment rose sur Instagram.
Stuart Semple achève son adversaire à coup de pigments noirs et pailletés
Depuis, Stuart Semple a riposté avec le lancement de Black 1.0, Black 2.0 et Black 3.0, qui s’avèrent être des alternatives efficaces et moins onéreuses à Vantablack. Les pigments noirs de Stuart Semple sont disponibles à tous, sauf à Anish Kapoor. Si Black 1.0, 2.0 et 3.0 sont moins intenses que Vantablack, ils ont l’avantage de ne pas avoir de propriétés explosives ou d’être toxiques. Et la différence d’intensité entre les pigments de Stuart Semple et Vantablack est si minime qu’elle est à peine perceptible à l’œil nu. Résultat, Anish Kapoor n’est plus le seul à avoir accès à un pigment noir d’une pureté incroyable et qui plus est, il n’a pas accès à la version abordable et non toxique de Stuart Semple.
Ils auraient pu en rester là mais après l’affront d’Anish Kapoor de tremper son doigt dans PINK, Stuart Semple s’est amusé à crée des paillettes d’une clarté imparables. Habituellement les paillettes sont fabriquées avec du plastique, mais la Diamond Dust de Stuart Semple est faite à base de verre. Le contact de la Diamond Dust avec la peau s’avèrerait être très douloureuse. Ce projet (vous l’aurez deviné), est une façon d’envoyer Anish Kapoor dans les roses, après son post sur PINK. C’est pour Stuart Semple une élégante façon de dire, sans le dire, « trempes ton doigts la dedans c****** ».
Cette bataille en apparence futile, est en réalité la confrontation de deux mondes artistiques – un monde ouvert et accessible incarné par Stuart Semple, et le monde élitiste et bourgeois d’Anish Kapoor .
Un thread tumblr est dédié à cette anecdote et il vaut le détour !