Né aux États-Unis dans les années 70, le street art était jusqu’à présent considéré comme étant illégal et clandestin, un aspect certes attractif pour bon nombre d’artistes, mais qui faisait d’eux des vandales.
L’affaire 5Pointz
Mais si tout est reconsidéré aujourd’hui, c’est en grande partie à cause de l’affaire 5Pointz. Usine désaffectée de 20 000 m2 située à New York et datant de la fin du XIX ème siècle, elle était devenue légendaire et était considérée comme “la Mecque” du graffiti tant elle avait été investie par les artistes.
Lieu très symbolique, influent sur la culture du graffiti et la culture New-yorkaise, il était devenu un véritable espace d’exposition informel. Or voilà, tout s’arrête en 2013 lorsque les promoteurs Wolkoff recouvrent le bâtiment d’une peinture blanche et détruit donc illégalement les peintures murales dans la nuit du lundi au mardi 19 novembre 2013. Le promoteur s’était justifié dans une interview pour la chaine NBC, déclarant ceci : « J’imaginais la torture que ce serait pour tout le monde de détruire les œuvres pièce par pièce. Je me suis donc dit faisons-le en une fois et mettons un terme à cette torture une fois pour toutes ».
Finalement le bâtiment est complétement démoli en 2014.
Vécu comme un véritable drame, les artistes refusent d’en rester là. En avril 2017, des artistes dont les œuvres avaient été présentées à 5Pointz déposent une plainte fédérale contre Jerry Wolkoff, déclarant que la destruction du bâtiment violait la loi de 1990 sur les droits des artistes visuels et qu’ils n’avaient pas reçu l’avis de démolition du bâtiment 90 jours à l’avance. L’affaire devient majeure car elle met sur le devant de la scène le cas de l’art urbain et son futur.
L’avenir du street art aux US
C’est en février 2018 qu’un juge de New York décide finalement d’accorder 6,75 millions de dollars aux 21 artistes urbains, pour des œuvres “effacées” par les promoteurs immobiliers, leur reconnaissant ainsi des droits identiques à ceux des artistes professionnels. Wolkoff fait toutefois appel de la décision et le 20 février 2020, la deuxième cour d’appel de circuit confirme la décision prise en 2018, un jugement qui pourrait donc bien changer les choses.
Aux yeux de la loi américaine, les artistes de street art auront donc les mêmes droits que les autres artistes. Une belle révolution, surtout lorsque l’on se remémore que les graffeurs ont longtemps été considérés comme des vandales, réprimés par les autorités judiciaires et politiques.
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