Stupéfiant. C’est le mot qui vient à l’esprit lorsque l’on observe le travail de Mandy Barker, photographe anglaise. Au premier abord, on ne voit que des formes qui composent une galaxie, comme des étoiles flottantes dans l’espace. Mais quand on s’y penche un peu, la réalité est toute autre.

Mandy Barker photographie les déchets qui composent les mers et les océans. Son travail ne se limite cependant pas seulement à ça. Elles participe aux collectes aux côtés de scientifiques ou d’organisations comme Greenpeace. Son travail consiste ensuite à photographier ces ordures et en faire des images hors du commun grâce à des logiciels comme Photoshop. Elle explique sur son site : « Le but de mon travail est d’engager et de stimuler une réponse émotionnelle pour le spectateur, en combinant une contradiction entre l’attraction esthétique initiale et le message de conscience. Le processus de recherche est une partie vitale du développement de mes images, elles sont basées sur des faits scientifiques qui sont essentiels pour l’intégrité de mon travail. »



Ses œuvres ne paraissent pourtant pas laides ni catastrophiques, mais au contraire belles et apaisantes. Barker reproduit l’esthétique des océans, leur manière de garder les objets en suspension dans l’eau. C’est quand on regarde mieux que l’on se rend compte de la masse de déchets et de leur nature. Les sentiments de gêne et de dégoût sont omniprésents. La photographe a parcouru le monde pour ces collectes, dans des endroits qui avaient connu des catastrophes naturelles comme les mers japonaises en 2012 avec le tsunami. Elle a aussi réalisé un travail de rassemblement de ces déchets trouvés dans le monde pour créer ses séries de photographies, comme pour « Penalty ». Uniquement composés de ballons de football, ces clichés ont pour but d’alarmer à travers le sport du danger environnemental qu’est le plastique dans l’océan. À travers seulement quatre images, elle rassemble toutes les balles de football retrouvées dans les eaux : autour du Royaume-Uni, de l’Europe, dans le Monde et enfin celles qu’un seul homme a réunit par lui-même. Elle explique qu’avec 89 personnes collectrices sur 144 plages de 41 pays et îles, ce ne sont pas moins de 769 balles de foot qui ont été réunies. Elle prend cet objet comme symbole d’un problème à échelle globale.



Mandy Barker a également réalisé des séries de photographies qui concernent les animaux de la mer, comme sa collection « SOUP ». Elle représente tous les déchets qu’elle trie par couleur, leur donnant un nom d’ingrédient pour appuyer le fait qu’ils n’en sont pas. Elle explique d’ailleurs que les animaux sont les premiers affectés par cette pollution, voulant manger les déchets et se retrouvant à y perdre des dents, à ingurgiter des objets dangereux pour leur systèmes digestifs. Elle alerte à travers cela de la contamination des océans et des mers due à la facilité que nous avons à jeter des objets à usage unique, comme des gobelets en plastique ou des briquets. Elle y inclue également toutes sortes d’ordures, dont des tortues en plastiques qui ont été déversées par des conteneurs en 1992 dans le nord de l’Océan Pacifique.


Le travail que réalise la photographe anglaise est très engagé, comme nous pouvons le voir. Il est voué depuis des années à éveiller les consciences de ceux qui l’observent, tout en attirant leur regard par une esthétique choisie volontairement. On se retrouve perdu entre la beauté de la photo et l’horreur de ce qu’elle représente. Mandy Barker a été la lauréate de la bourse du National Geographic en 2018, son travail a été repris par d’innombrables médias qui utilisent ses montages pour sensibiliser le public à la catastrophe climatique qu’est la contamination des océans.















1 commentaire
Christine MILLOT-CONTE
Sublime ! la laideur au service de l’art ! On en ressort KO avec au fond des tripes un sentiment d’urgence ! Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Glaçant et hypnotisant !