Entre minimalisme et symbolisme, les illustrations de Sébastien Thibault sont des œuvres très parlantes qui dénoncent sans détour de nombreux travers de notre société.
Une simplicité efficace
Sébastien Thibault se démarque avec des illustrations minimalistes réalisées à la manière de pochoirs. Sur fond coloré se détachent des personnages, des animaux ou même des bâtiments aux contours nets et auxquels l’artiste rajoute les petits détails qui font la différence. De simples étoiles en arc de cercle nous suffisent pour comprendre qu’il représente la politique chinoise. Ou encore un cadenas qui ne peut pas s’ouvrir à cause d’une clé qui est un Big Ben en miniature pour parler du Brexit.
Les symboles sont la clé de compréhension des illustrations de Sébastien Thibault. Ils sont paradoxalement très précis dans ces travaux faussement simples. On retrouve des symboles connus qu’il retravaille, comme la colombe de la paix qui se retrouve attaquée par les feuilles de la branche d’olivier. Mais il en invente de nouveaux aussi, par de malines associations d’idées, comme l’araignée de la pandémie ou la collerette du confinement.
La lutte par l’image
L’apparente simplicité des illustrations de Sébastien Thibault est plus que trompeuse. C’est même parce qu’elles sont minimalistes qu’elles peuvent délivrer des messages forts. Il prend position dans des débats actuels grâce à ses travaux, soulignant la mauvaise gestion de la crise du Covid-19 par le gouvernement de Trump (voir notre article sur les caricatures de Trump) ou dénonçant le sexisme des lois américaines. Et on est un peu jaloux de lui parce qu’il arrive à dire, dans ses illustrations, ce qu’on n’arrive pas à formuler correctement, même dans de longs monologues. Dénoncer la société ou la moquer par l’art, c’est aussi le dada de SLip qui s’y attelle volontiers dans de nombreux collages pastels.
On sent que l’art de Sébastien Thibault est profondément lié à l’actualité. Le Covid-19 et les derniers instants mouvementés de Trump à la tête des États-Unis sont déclinés dans plusieurs de ses récents travaux. Lesquels sont d’ailleurs utilisés pour illustrer des articles de journaux tels que The New York Times, The Guardian ou Le Nouvel Observateur, en plus d’être fréquemment publiés sur le Behance personnel de l’artiste.
Sébastien Thibault caché dans ses œuvres
Quelque part dans les illustrations de Sébastien Thibault, on retrouve une part de nous. Serait-ce l’amertume qui se dégage de ses illustrations qui cause ce pincement au cœur ? On ressent comme une sorte d’accablement, d’écœurement peut-être, dans toutes les dénonciations qu’il fait dans son art.
L’illustrateur cherche à communiquer grâce à ses créations dans lesquelles il semble parfois se mettre lui-même en scène. Il se positionne par rapport à la pandémie, aux conflits qui le touchent… Mais il exprime aussi des sentiments plus personnels et tout autant douloureux. Un sourire cache parfois beaucoup !