A première vue, le projet « Water Bottles – H20 / Si02 » de l’artiste américain Dylan Martinez semble très basique. On croirait voir des sacs en plastique soigneusement noués, contenant de l’eau et de l’air. Seulement à y regarder de plus près, on réalise qu’il s’agit de sculptures en verre. Un trompe l’œil parfaitement exécuté !


Chaque pièce est unique et fait-main. Une fois chauffées et sculptées il faut compter 5 jours avant que chacune des sculptures ne refroidissent. Depuis la forme évasée du fond des sacs, jusqu’à l’ajout méticuleux de faux plis, en passant par la confection de bulles artificielles à l’intérieur de ce qui s’apparente à de l’eau – l’artiste n’a laissé échappé aucun détail.



L’œil associe d’emblée ces sculptures à un objet et des matières facilement identifiables (eau, air et plastique), mais l’artiste nous oblige à reconsidérer nos perceptions. Il manipule nos sens, plus particulièrement la vue, et nous fait voyager entre illusion et réalité. En utilisant du verre – matière à la fois rigide et fragile – pour représenter l’eau, l’air et le plastique – matières légères et souples -, Dylan Martinez joue avec les contrastes. Les propriétés des matières représentées (eau, air, plastique) comparées à celles de la matière véritable (verre) sont très différentes. Malgré tout, elles ont un point commun : la transparence. Et avec la transparence comme point d’ancrage à la réalité, nos sens sont facilement dupés.


La fascination de Dylan Martinez pour la notion de perception s’explique par le fait qu’il soit né avec une déficience visuelle l’empêchant de voir les couleurs rouge et vert. Ce qui pourrait être considéré comme un handicap, s’avère aussi être une opportunité. L’artiste voit le monde différemment, et sa propre réalité est finalement tout aussi valide.



« Ce qui est fascinant c’est que nos désirs supplantent souvent nos véritables perceptions de la réalité, et on finit par croire ce qui nous apparaît comme étant véritable » confie Dylan Martinez. La série « Water Bottles – H20 / Si02 » incite à s’interroger sur l’usage de nos sens. Contrairement à Saint Thomas qui ne croit que ce qu’il voit, l’humain aurait tout à gagner à maintenir ses cinq sens en éveil afin d’appréhender, au mieux, le monde qu’il l’entoure. Ce projet en particulier, invite à activer le sens du toucher pour déceler le contraste entre ce qui est et ce qui paraît.

L’approche avant-gardiste et innovante de Dylan Martinez lui a permis de remporter le prix Enrico Bersellini du Milano Vetro -35 en 2018. Ses sculptures sont disponibles à l’achat à la Gallery Modus à Paris.