Sandro Giordano est un photographe italien âgé de 49 ans, originaire de Rome. Après avoir étudié la scénographie et l’art dramatique et effectué une carrière d’acteur pendant vingt ans, il devient photographe sur le tard, de manière purement autodidacte. Il ne se consacre aujourd’hui plus qu’à son projet IN EXTREMIS – bodies with no regrets, né en 2013. Il définit ce concept déclinable à l’infini comme des « histoires courtes » à propos d’un monde en plein effondrement.


Il y met en scène des personnages victimes de leurs propres obsessions, de leurs propres névroses. Une humanité brisée qu’il immortalise avec tendresse, très inspirée de Charlie Chaplin et de Laurel et Hardy qui ont marqué son enfance. Il tente de reprendre le chemin de leur humour, leur thème de la chute, leur côté burlesque. Le but du photographe est de provoquer un rire libérateur chez ses spectateurs, en prônant l’empathie et l’authenticité, tout en les invitant à analyser le côté plus sombre de leur propre personnalité.


Avec ces images chaotiques et hautes en couleurs, il dédramatise les chutes et les poses en usant de palettes très saturées, très vives. Il a pris le parti de ne jamais montrer les visages, mais seulement les corps de ses personnages. D’où la grande importance donnée aux décors et aux vêtements : leurs visages étant cachés, ce sont ces détails qui vont aider les spectateur.ices à saisir leur identité. Il ne photographie jamais de mannequins, mais des comédiens, ainsi capables d’incarner la posture imaginée.





Avec ce style absurde et puissant, parfois choc, Giordano est persuadé – et nous persuade, que « la perfection est dans l’imperfection ». Pour le photographe, la fragilité est une force qui nous rend unique, et tend à rendre visible l’invisible.
« Dans la plupart des cas, les emplacements sont de véritables lieux de la ville (escaliers, cours, trottoirs, balcons). Tout ce qui se passe autour des modèles est une conception scénique et rien n’est accidentel. En laissant de côté le temps que la photo a réellement en tête, il faut une quinzaine de jours, parfois un peu plus, pour la réaliser. », explique-t-il.





Le quotidien des gens ordinaires est sa première source d’inspiration, qu’il considère la plus riche qui soit pour partager ces plaintes sociales. Dans un monde plein de violence et de guerres, l’art est pour Sandro Giordano le seul moyen de s’extirper de cette triste réalité. Il dit ne peut imaginer sa vie sans faire quelque chose de créatif et que s’il n’avait pas été un artiste, serait sûrement SDF. Le photographe a pu exposer dans de nombreux espaces en Italie, mais aussi en France, en Belgique, en Espagne, aux Etats Unis, au Canada…
Son travail est à retrouver sur son site web : http://www.sandrogiordanoinextremis.it/