L’événement à voir du moment, c’est ce fameux spectacle dont vous avez entendu parler. Certains d’entre nous sont amoureux des mouvements conjoints des corps sur scène, d’autres fans de musique électronique, et curieux de découvrir ce qu’un artiste dont l’art s’écoute pourrait avoir à montrer. Pour ne rien vous cacher, on fait plutôt partie du second groupe. Ça n’est pas un secret : nous suivons Rone depuis maintenant des années, de sortie en sortie.

Contrairement à bien des pièces, la scène était occupée dès notre arrivée dans la vertigineuse salle du Châtelet. Une carrière de marbre l’occupe, et au milieu des pierres, Rone, dos à la salle, lance déjà un beat techno indus’ à l’image de son environnement. La salle se remplit, et à son tour la scène. Les lumières clignotent puis s’éteignent, on aperçoit même des cascades de poussière s’abattrent sur à proximité des acteurs par moments. C’est l’effondrement. C’est peut-être aussi le moment de résumer quelques traits marqués chez les êtres humains. Notre violence, notre aveuglement, notre acharnement, mais aussi notre capacité à nous révolter ou à aimer en communauté.

Débutant de manière sombre, et dévoilant par la danse nos traits les plus pervers, Room With A View devient plus belle au fil des minutes qui passent. Chaque sentiment suscité par la danse du ballet national de Marseille et par la scénographie, Rone le renforce à travers sa musique, installant une ambiance particulièrement contemplative.

Pour l’installer, les rythmes réguliers et soutenus sont mis de côté : place au nappes de synthé sirupeuses et au développements mélodiques lents. On y retrouve l’intro de I, Philip, issu de Mirapolis, mais aussi Human, présent dans l’album à venir, dont les choeurs chantés par le ballet achèvent de nous convaincre alors même que les danseurs, face au public, se mettent à sourire en voyant les visages s’illuminer dans la salle.

Ce chant qui vient couvrir et dissiper les sons électroniques, le public y répondra en se levant et en offrant un déferlement d’applaudissement qui ne s’interrompra qu’après de nombreuses minutes, concluant Room With A view, cet échange éminemment humain, orchestré par (La) Horde, dansé par le ballet national de Marseille, et mis en musique par Rone.

Alors bien évidemment, on vous conseille d’aller voir cette pièce, dont la beauté ne transparait pas assez à travers nos histoires et nos photographies, mais on vous invite aussi à surveiller la sortie de son album le 24 avril chez Infiné.
