Porté par une envie de se libérer des carcans de la composition contemporaines, tout en prenant de la distance avec les affects mercantiles qui y sont liés, Whim Therapy (de son vrai nom Jérémy Bénichoux) prend progressivement de la distance avec Diva Faune.
Alors que ses compositions précédentes étaient tintées de notes électro-pop, l’artiste décide de pousser son exploration musicale à l’extrême, en s’intéressant aux possibilités qu’offre l’intelligence artificielle en matière de musique.
Son premier EP, 10 : 23 sorti en Novembre dernier utilise des prototypes développés par Sony CLS et qui pour la première fois dans le monde, repousse les standards de la musique Pop électronique.
Beware! a rencontré Whim Therapy, pour une interview portrait pleine de fun.
A l’origine, ton univers musical est plutôt porté vers le métal et puis, la découverte de Trentemoller et son univers musical t’ouvre les portes d’un monde qui t’est encore inconnu, est ce que tu pourrais nous parler de cette première rencontre avec la musique électro ?
En effet, ma culture musicale a très longtemps été liée au Métal, j’étais très fan de Sepultura par exemple. Au début des années 2000, quand les plateformes de streaming n’existaient pas encore, un des moyens de se procurer de nouveaux sons étaient les téléchargements sur les plateformes. En réalité, j’ai téléchargé Trentemoller en pensant que c’était un groupe de métal (rires).
J’ai été fasciné par les sonorités qu’il arrivait à générer avec ses machines et j’ai voulu comprendre son processus créatif. Je me suis donc peu à peu éloigné du métal, pour m’intéresser à l’électro : c’est une musique universelle, qui offre plein de possibilités en terme de création et d’expérimentation.
Tu es passionné par l’intelligence artificielle et spécialiste de la question, son utilisation dans tes compositions s’est imposée à toi naturellement ?
En réalité, c’est ma rencontre avec Sony qui a été décisive. J’ai pris contact avec des professionnels rattachés au laboratoire de recherche de la maison de disque (Sony CSL), qui développent des outils d’intelligence artificielle afin de les adapter aux compositeurs et de faire en sortes que ces derniers dépassent en quelque sorte les limites humaines de la composition.
Mon morceau Let it go est le premier a avoir été réalisé à l’aide de l’IA, le résultat m’a tellement plu que j’ai eu envie de faire tout un projet en utilisant cet outil.
Qu’est ce que tu répondrais aux personnes qui rétorquent que l’IA ne peut pas apporter musicalement un plus à la musique électro, qui est déjà très formatée ?
Je pense qu’il y a toujours une forme d’appréhension face à a nouveauté, peut-être la crainte d’être remplacé. Il ne faut pas oublier que quand la photographie est arrivé, les personnes avaient beaucoup de méfiance et d’aprioris sur le sujet alors que cela a permis à des peintres de considérablement faire évoluer leurs œuvres. L’intelligence est un outil incroyable, tant qu’on en maîtrise les contours et qu’on s’en sert à bon escient, comme tous outils dans pleins de domaines différents.
Est-ce que tu pourrais me parler de ton processus de composition ? J’imagine que il y a un avant et un après l’IA puisque changer l’approche dans la manière de créer change forcement le résultat
En réalité, mes compositions sont nourries de la même énergie. Par exemple pour mon morceau Closely, je l’ai écrit en rentrant d’un concert de Woodkid, tant j’étais encore imprégné des ambiances du moment. Je pense que mon inspiration se situe dans le tout et le rien, évidemment personne n’est touché par la grâce en permanence et il faut souvent aller la chercher.
Je suis quelqu’un qui adore expérimenter des choses nouvelles, je fuis les automatismes.
Quels sont les prototypes que tu utilises le plus ?
J’aime beaucoup NoDoo qui est une sorte de paint de synthétiseur, j’utilise Polyesis qui est un assistant auteur : tu proposes ton texte et il corrige ce que tu n’aimes pas dans ton texte, ce qui est assez incroyable.
Je pourrais également citer PIA qui est un générateur de piano, Drumgame qui est un générateur de son de batterie.
Est-ce que tu pourrais me parler de Milshake, que tu présentes comme ton plus gros banger ?
Tout est parti de la volonté de mon manager de faire une remixe. J’ai découvert le groupe Train Fantôme, et j’ai tout de suite accroché. Ils ont l’énergie du métal qu’ils mettent dans le RAP ! Donc j’ai eu envie de m’en inspirer pour Milshake.
Quelque chose a rajouter ?
Venez me voir en Live ! (rires).
Whim Therapy jouera à La Grange à Musique de Creil, le 22 Février à 19 heures