Chaque année, nous nous rassemblons sous la Grande Halle de la Villette, pour assister au Pitchfork Festival Entre errance et contemplation, nous découvrons les harmonies savantes et radieuses d’une programmation enchanteresse. Blood Orange, Bagarre, John Maus ou encore Muddy Monk participent à une renaissance artistique. Une fois encore, le Pitchfork nous emmène hors du temps, nous emmène dans les sentiers de la rêverie et de la poésie.
Instinctivement, nous reprenons notre ballet entre les scènes, à la recherche d’une beauté sonore qui nous dépasse voire nous transporte. Tel un éclat dans la nuit, le Pitchfork illumine les méandres de nos vies au sein d’une atmosphère intimiste. Installés en contrebas, les festivaliers attendent impatiemment les premières notes comme on attendrait un coup d’envoi. Les lueurs du noir s’estompent pour laisser place à des textures, à des défilés d’images et de couleurs. La foule disparate se rassemble pour écouter un timbre de voix troublant, touchant.
Une forme de pression enrobe notre tendre espace quand les courbes d’une silhouette se dessine. John Maus entre sur scène, seul et sans artifice. Nous assistons à une performance transcendante qui se présente comme une immersion dans la mélancolie, dans la noirceur mais d’une beauté sans nom. Inépuisable, John Maus transpire de sincérité tout en nous ouvrant les portes de la musique. Bercés par le tournoiement des lumières, nous oscillons entre le séquencement des claviers et la brutalité des percussions. Rares sont les artistes qui suscitent en nous, une telle curiosité, une telle admiration.
Embarquement immédiat pour Brooklyn. Immobiles, nous attendons cette performance comme des enfants. Bandana de rigueur, Blood Orange nous emmène dans un sentimentalisme désarmant où se mêlent harmonies savantes et cristallines. La force créative et émotive de « Best to you » résonne en nous comme un écho délicat. Une connexion intense voire spirituelle intervient entre la foule et ce conteur des temps modernes. Accompagné par ses choristes, Blood Orange donne du temps au temps en imposant des compositions contemplatives et apaisantes.
Bagarre au sens premier du terme. Le ton est donné, nous nous retrouvons dans les sous-sols du club 12345 pour partager un moment de chaos tant attendu. Subitement, Bagarre perturbe l’équilibre de la nuit en réveillant les endormis. Tenir fermement son verre est une information qui circule dès les premières notes de « Écoutez-moi ». Une performance qui permet de relâcher la pression de notre journée monotone, une performance qui nous habite le temps d’un instant. « Miroir » incarne une forme de mi-temps avant le retour de cette guerre musicalement ingénieuse.
Temple de la découverte et de la redécouverte, le Pitchfork nous permet de sillonner les routes du monde tout en restant à domicile. Lumière retrouvée, nous repartons comme réconfortés.
Merci au Pitchfork 2018