Témoin d’une génération 90’s, acteur du mouvement street-art, il produit des grands enchevêtrements de lettres, en passant par la réalisation de scènes réalistes, de caricatures ou encore de free-style, Marko 93 s’empreigne de la culture américaine hip-hop qui débarque en France à la fin des années 80. Un artiste complet, fort de conviction, dont la réputation n’est plus à faire.
“C’est de la bombe bébé”
Originaire de Saint Denis, c’est sur les murs de sa ville que Marko93 trace ses premiers traits. C’est l’époque des murs des cités, des terrains vagues, des voies de chemin de fer où il pose ses peintures, ses bombes, et livre des tranches de vie de cette banlieue qui l’habite. Une influence melting-pot qui ne le quittera jamais, engrais de sa créativité.
Début des années 90, Marko93 développe ce qui fera sa patte. En découvrant la calligraphie arabe, il s’approprie un nouveau style de graff, celui du “calligraphisme” ou l’art d’écrire artistiquement sur les murs et partout ailleurs. Il adapte l’embout de sa bombe comme un calame et son geste, toujours précis mais plus nerveux. Un rendu abstrait, qui mixe la calligraphie, l’urbanité et la spontanéité, avec un attrait particulier pour la représentation des grands fauves. Une expression artistique d’un état d’esprit, celui du mélange des cultures.
Et quand, au début des années 2000, le street art s’invite dans les galeries, Marko93 lui prend la route et sillonne le monde de Rio à Hong-Kong, à la rencontre de nouveaux terrains de jeux et avide de rencontres humaines. Il s’exprimait ainsi pour Télérama : “J’aime peindre avec des gens non issus du graffiti : ça donne un souffle d’air. Le graffiti est une clé qui ouvre la porte de toutes les catégories sociales : j’ai peint pour des marginaux et des millionnaires.”
Dès lors, son style s’affirme, son nom est incontournable pour qui s’intéresse au street art. Amateur de nouvelles techniques et de nouvelles technologies, Marko93 s’illustre dans l’art du light-painting, un procédé touché du doigt un demi-siècle auparavant par Picasso et Man Ray. Il réinvente et popularise cette technique visuelle de prise de vue photographique, fondée sur la captation de la lumière, qui permet de la fixer dans un état temporel et d’espace. Des œuvres pleines de couleurs, de mouvement et d’inventivité.
Précurseur, il l’est également dans la réalisation de live-painting, il sera le premier à réaliser une real-time-vidéo, technique novatrice pour peindre l’espace en direct. Ce procédé lui ouvre de nombreuses portes, celui qui peut peindre partout se verra performer au sein du palais de la princesse des Emirats arabes, au prestigieux Mondial de l’Auto ou encore sur la scène d’un spectacle à Bombay.
“Résidences artistiques, collaborations, interventions murales, vidéo en light painting, animation d’ateliers, il sème son esthétique unique et sa sensibilité éclairante aux quatre coins du monde, au travers de commandes institutionnelles ou privées.”
Touche à tout, les gens l’inspirent et l’artiste aime mettre son art au service des autres. Dernièrement c’est un partenariat avec l’enseigne Naturalia qui lui a permis de designer un masque inspiré d’une de ses fresques, réalisée en 2016 sur un mur de Shibuya à Tokyo et dont les bénéfices sont entièrement reversés à la fondation Abbé Pierre et Cœur de forêt. Un projet de plus qui souligne son envie de partage et de créativité.
De Saint-Denis au bout du monde et inversement, l’artiste aux mille couleurs répand la lumière sur le gris des murs et de cœurs.