Lucky Strike de Kim Yong-Hoon

Notre avis sur le film Lucky Strike de Kim Yong-Hoon

Image d'avatar de Gabin VissouzeGabin Vissouze - Le 9 juillet 2020

Mercredi, jour béni des sorties cinéma. 16h30, UGC Ciné Cité Sqy Ouest.

Direction la Corée du Sud avec le film Lucky Strike, réalisé par un certain Kim Yong-Hoon (attention à la prononciation). Premier long du réalisateur, ce thriller est l’adaptation d’un best-seller de Keisuke Sone. Sélectionné à Beaunes et Rotterdam, ce nouveau cru du pays des matins calmes en a fait saliver plus d’un. Néanmoins, s’il présente de réelles qualités, ce n’en est pas moins une légère déception.

Lucky Strike de Kim Yong-Hoon
Extrait de Lucky Strike

Pour commencer, de quoi ça parle ? Plusieurs personnages, que tout oppose, sont liés par un même dénominateur : un sac Louis Vuitton rempli d’argent. Très chic. Commence alors une série de retournements où chaque élément de l’intrigue va se lier aux autres pour former une chaîne humaine gangrénée par l’appât du gain. Saluons, dans un premier temps, un scénario qui n’apporte rien au genre mais s’avère redoutablement ficelé.

Kim Yong-Hoon traduit une réelle envie de cinéma et joue avec les codes du thriller comme seuls les coréens savent le faire aujourd’hui. Loin de moi l’idée de comparer Lucky Strike à la flamboyance d’un Old Boy, à l’hypnotique frustration d’un Memories of Murder ou la tension d’un The Chaser mais reconnaissons une certaine habileté dans la maîtrise du rythme. Les amateurs seront ravis ; forêt sous la pluie, casse automobile, love room éclairées de néons scintillants seront le théâtre d’arnaques et coups bas entre mafieux, psychopathes, prostituées, pigeons et flics. Rien que ça. On pourra également apprécier un astucieux mélange des styles, grande force du cinéma coréen : le thriller tutoie le comique tandis que le drame social se permet des accès de violence pure.

Cependant, le film souffre d’une absence totale de mise en scène malgré une esthétique léchée. Kim Yong-Hoon se contente de « montrer l’action » sans aucun parti pris. Filmer un personnage sous trois angles différents et passer de l’un à l’autre le plus vite possible ne traduit pas l’anxiété dudit personnage mais plutôt celle d’un réalisateur en manque d’inspiration. A cela s’ajoute un montage fragmentant l’ordre chronologique sans réelle explication autre que celle de dynamiser le récit. Le fumet de l’artifice et du maniérisme titille les narines du spectateur qui ne s’y laissera pas tromper.

L’argent est au cœur de l’histoire sans pour autant être exploité en tant que parasite des relations humaines, n’étant réduit qu’à un simple ressort dramatique, efficace certes, bien que trop usité pour en être réellement passionnant.

Il y a du Tarantino dans l’univers mais sans la verve des mots, il y a du Guy Ritchie mais sans la truculence des personnages… Il y a, finalement, un film agréable mais sans grand intérêt.

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Gabin Vissouze
Article écrit par :
Cinéaste, réalisateur et parfois même acteur, Gabin est membre de Beware! et rédacteur spécialisé dans le cinéma.

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