En cette sombre période, les salles de cinéma souffrent et agonisent. Peu voire pas de sorties, encore moins de spectateurs… Tant et si bien que la plupart des grands complexes ont pris la décision de n’ouvrir que l’après-midi. Mais point d’accablement, « après la pluie le beau temps » diraient certains amateurs de formules bien faites et toutes faites. C’est d’un pas déterminé que nous allons dénicher l’objet cinématographique de nos désirs et alors se déroulera, devant nos yeux émerveillés, le miracle des 24 images à la seconde.
Ici, point de miracle mais une bonne surprise : Irresistible de Jon Stewart.
Cette satire politique portée par un Steve Carrel en grande forme (comme toujours) est un juteux mélange entre humour piquant et vannes trash, comme seuls les américains savent le faire.
Carrel y interprète un consultant politique démocrate, bobo de D.C. qui décide de soutenir un ancien colonel de la Marine dans sa campagne électorale. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’il s’agit de la course à l’autorité municipale d’une petite ville du Wisconsin. Nous n’échappons malheureusement pas aux habituelles blagues sur le « choc des cultures » entre le rural et le citadin, si chères à nos bonnes vieilles comédies françaises, mais qu’importe ! Le sujet n’est pas là puisqu’il s’agit surtout pour Stewart d’offrir une critique acerbe du monde politique, véritable Colisée où gladiateurs en costume/cravate s’écharpent à travers interviews et tweets interposés. Le réalisateur a l’intelligence de mettre tout le monde dans le même panier, démocrates comme républicains ; c’est le système qu’il remet en question, médias y compris. Magouilles, mensonges, mondanités… Les trois « m » de manipulation.
Tout y passe et s’emmêle au sein d’un scénario qui ne propose rien de bien nouveau mais a le mérite d’être efficace et élégant dans son écriture.
« C’était votre fille avec le bras dans la vache ? »
Irrésistible gagne en force comique grâce à la relation qu’entretiennent Steve Carrel, en grande forme, et Rose Byrne très drôle en peste castratrice. C’est l’occasion de distiller quelques piques vulgaires, toujours bienvenues car pleines de fraîcheur.
En somme, une comédie intelligente qui à défaut d’être irrésistible sait se rendre intéressante. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Et puis il y a Steve Carrel.
En grande forme.