Dans « Let Her Go » sorti ce mardi 27 juin, Isaac Delusion et LUCASV signent un single original qui traite du passage de l’adolescence à la vie d’adulte pour une jeune fille, que son père doit laisser voler de ses propres ailes.
Si le titre du single peut nous rappeler le morceau du même nom de Passenger sorti en 2012, c’est sans doute la seule chose que les deux morceaux ont en commun. En effet, le nouveau son de Isaac Delusion et LUCASV n’a rien à voir avec une rupture amoureuse ; plutôt que d’une rupture, il est justement question d’évolution et d’indépendance ; plutôt qu’une romance, il s’agit de parler d’amour familial.
Les artistes
Ce morceau qui signe le retour d’Isaac Delusion après trois ans d’absence (pour son EP “Make It” en 2020) saura sans doute charmer vos oreilles comme il a charmé les nôtres. La participation de LUCASV, qui a notamment réalisé, composé et mixé “L’Amour”, le dernier album de Disiz, apporte une vraie valeur ajoutée au projet, et les deux amis témoignent chacun à travers ce morceau de leurs talents artistiques réels.
Un passage obligé
Le clip réalisé par Juana Wein met en images un morceau touchant et juste, qui parle avec franchise du caractère inévitable de voir et de laisser ses enfants grandir. L’originalité du sujet choisi est redoublée par la perspective adoptée, les deux artistes français prenant aussi le point de vue du père pour envisager le passage de l’adolescence à l’âge adulte. « Let Her Go » est un conseil qui s’adresse aux parents ; et le « Her » peut être étendu à tous les enfants traversant cette période.
Isaac Delusion et LUCASV rendent sonore ce moment d’entre-deux si incertain qui caractérise la fin de l’adolescence ; un entre deux âges mais aussi un entre deux mondes, celui de la famille et celui des amis, celui de la sécurité et celui de l’aventure. Ils parlent avec justesse de cette transition parfois si difficile à accepter pour les parents, car porteuse de doutes, d’incertitudes et de craintes ; et pourtant, inéluctable. Comme l’indiquent les paroles avec diverses métaphores, c’est un phénomène naturel auquel on ne peut pas s’opposer : you can’t stop the river to flow ».
Un monde de possibles qui s’ouvre
Le point de vue de la jeune fille est également adopté de temps à autre, à travers des plans centrés uniquement sur elle tandis qu’elle découvre la vie. La caméra nous plonge dans le regard neuf et rafraîchissant qu’elle porte sur les nouveaux évènements dont elle fait l’expérience, qu’il s’agisse de moments passés à la piscine entre amies, autour d’une barre de pôle dance, de colin-maillard entrecoupés d’éclats de rire, ou encore de soirées où naissent des couples plus ou moins éphémères.
Le clip montre la beauté de tels moments pour rappeler aux parents les bonheurs simples de la jeunesse, desquels on souhaite voir la jeune fille profiter à son tour, tandis qu’ils nous replongent dans nos propres souvenirs heureux. Il nous entraîne dans un monde de rencontres, d’excitation et de nouveauté.
Laisser grandir ses enfants
L’amour que se portent le père et la fille n’est pas remis en cause, et les images témoignant de leur complicité s’enchaînent dans le clip. Mais leur relation doit évoluer, et il doit la laisser goûter à la liberté dont il a lui-même joui autrefois : « let Her see/what it feels like to be as free as you used to be ». Le morceau insiste sur la nécessité de ne pas laisser sa peur d’être seul prendre le pas sur les aspirations légitimes d’indépendance de sa fille : « you’ll never keep her forever ».
Les mots peuvent être durs pour des parents qui ne souhaitent que le bien de leur enfant, mais sont peut-être nécessaires pour encourager au lâcher prise, à l’acceptation de l’indépendance essentielle de la jeune fille qui s’apprête à vivre sa propre vie, sans plus de tutelle parentale. « You won’t protect her forever / You did your best, now let her go » ajoute le chanteur pour atténuer ses précédentes paroles ; la relation a atteint un nouveau palier, il est temps de la laisser évoluer comme elle le doit.
Des images éloquentes
Les nombreuses différences qui séparent le premier du dernier plan du clip témoignent de cette évolution dans la relation entre la fille et son père. La vidéo exprime visuellement la phrase du morceau « For the first time, you got to turn invisible » par l’effacement de la présence du père dans la scène finale, où la jeune fille apparaît cette fois-ci seule, mais heureuse.
Le court-métrage s’ouvrait sur le jardin familial : on y voyait la jeune fille allongée dans l’herbe, immobile et désabusée, tandis que son père arrosait des plantes. L’espace était circonscrit, les mouvements étaient rares. Alors qu’à la fin du clip, le père sourit derrière sa fenêtre lorsqu’il voit sa fille faire soudainement demi-tour devant leur maison, et courir à perdre haleine sur la route, un large sourire éclairant son visage tandis qu’elle s’éloigne du domicile vers un inconnu exaltant…