Irène Drésel revient avec un nouvel album séduisant : Kinky Dogma. Dès le titre, elle nous fait entrer dans un univers paradoxal et spirituel. Cet oxymore, formé des mots « Kinky » qui signifie « coquin », « vicieux » et de « Dogma » qui rappelle la croyance, fait de cet album une vérité absolue fondée sur des valeurs perverses et immorales. Dans cet album les notes sont une alchimie entre le sacré et le païen, un objet musical profane qui nous invite à de nouveaux rites sectaires.
L’album a déjà été annoncé lors de la sortie du clip de « Bienvenue » où l’on pouvait voir la musicienne dans son salon, en peignoir satiné, avec Sizo Del Givry son percussionniste. Le clip, réalisé par Gilles Degivry et Mika Bernard, rempli de codes mystérieux, dévoilait les titres à venir pour cet album à travers un jeu de carte divinatoire aux images florales. Irène Drésel s’amusait à mélanger des liquides parfumés, telle une sorcière créatrice de charme, symbolisant la transformation de son album.
Une potion avec différente saveur
Irène Drésel réalise une musique électronique éclectique qui tend bien souvent vers la transe. Ses notes de musiques nous ensorcellent vers un monde sensuel et envoutant, elle nous plonge dans sa psyché folle et nous propose de danser toute la nuit dans un champ de fleur. Parfois frémissantes ou plus solennelles, les musiques doivent s’écouter comme un chant spirituel pour libérer notre corps dans des fêtes dionysiaques.
L’album est composé de 14 tracks, chacun est un cheminement de pensée, une réflexion profonde de l’artiste qui possède sa propre formule magique « attraction + répulsion = fascination ». Elle se sert de ses pouvoirs musicaux pour faire jaillir de nous une tension libératrice entre ces deux extrêmes. On ne peut qu’être subjugué en écoutant les mélodies obsédantes.
Chaque titre est une preuve de sa folie créatrice qui nous fait parcourir différents sons entre des mots prononcés à l’envers (Vestale), des sons mystiques et étranges (Bienvenue), le chant de son coq (Carl) à des bruits d’animaux (Yage), des sonorités orientales qui prennent possession de notre corps (Stupre) jusqu’à des gémissements provenant de sa voix (Kinky). Cet album se présente comme un hymne à la vie et un émerveillement de nos sens.
L’art du symbolisme
Irène Drésel se joue des croyances et de leurs symboles. Diplômée des Beaux-Arts de Paris où elle a étudié le rêve et la dichotomie du corps et de l’esprit, elle s’est mêlée aux innombrables allégories de notre culture qu’elle introduit aujourd’hui dans son album. Un mélange de croyance païenne et chrétienne qui fait de l’album un livre de sorcellerie à écouter. On peut y retrouver des références à des rites anciens comme « Vestale » qui est le nom de prêtresses romaines de l’Antiquité ; ou encore des inspirations de musique liturgique comme celle de Jocelyn Pook, « Mashed Ball » pour son titre « Omerta » fait d’impressions inquiétantes et énigmatiques.
Elle tire d’ailleurs cette musique du film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick et notamment de la scène mythique où l’on voit un prêtre en tenue rouge au milieu de femmes nues s’embrassant. Cette scène est une séance sectaire prônant le sexe. En mixant le profane et le spirituel, elle est devenue iconique tant elle joue sur nos fantasmes les plus enfouis. (Si vous l’avez manqué pas de panique on vous la met juste en dessus…). Irene Drésel, passionnée par ce film, s’inspire profondément de ce passage pour le titre de l’album.
Vous êtes bienvenue dans un nouveau dogme
Il faut voir le travail de l’artiste comme une invitation à rejoindre sa nouvelle secte musicale. Dès le premier track, « Bienvenue », le message est fort et sa voix se répète pour nous initier à sa musique. C’est une référence au film Midsommar de Ari Aster dans lequel des jeunes se trouvent dans un cadre bucolique, une secte est présente et se cache derrière un message « peace & love » pour réaliser des rites sexuels liés à la drogue et à la sorcellerie ; une ambiance surréaliste et fascinante comme l’album.
La pochette de l’album est aussi tirée de Midsommar. Irène Drésel est pieds nus, au milieu d’un champ de fleurs, dédoublée à l’infini ; elle tend la main vers la lumière pour guider son auditeur et le faire s’immerger dans un monde coloré et frénétique. L’image suffit à démontrer le génie de cette déesse de la musique techno.
Irene Drésel sera de retour avec le clip de « Vestale » en juin et celui de « Kinky » en septembre prochain. En attend allez écouter son album sur Spotify !