Jean Jullien

Jean Jullien ou quand la simplicité fait des merveilles

Image d'avatar de Tom DemarsTom Demars - Le 8 décembre 2021

Jean Jullien aurait sûrement préféré se retrouver sous le feu des projecteurs pour d’autres raisons. Mais, force est de constater qu’une grande majorité du grand public l’aura, hélas, connu suite à l’un des pires tragédies que la France est connue récemment. À savoir, l’attentat du 13 novembre 2015 à Paris. L’artiste nantais est alors de retour en France – il a rapidement quitté l’hexagone pour Londres, puis New York – pour de simples vacances avec sa compagne. Seulement, quand Jean Jullien allume France Inter peu de temps après son arrivée, il ne s’attend pas à devoir vivre cela en direct. Effaré par la tournure des événements, Jullien prend, dans un premier temps, des nouvelles de ses proches habitants dans la capitale, avant d’errer sans but précis sur les réseaux sociaux, entre les nombreux messages de soutiens et d’incompréhensions. Puis, l’artiste reprendra vite le dessus.

Jean Jullien attrape de quoi dessiner et, sous l’impulsion de son état-d’esprit du moment, imagine un symbole d’espoir, un message de paix. Un trait épais, sauvage même, qui vient souligner l’instantanéité de ce dessin et, surtout, une fusion entre la Tour Eiffel et le symbole de peace and love… Peace for Paris était né. Ce visuel, pourtant réalisé à l’arrache, va par la suite faire le tour du monde, d’une apparition dans Les Simpson à la tournée européenne de U2, en passant par les maillots de foot des clubs de Ligue 1. Alors que Jean Jullien ne cherchait qu’à mettre sur papier ce sentiment de désespoir qui l’a frappé durant cette soirée, l’artiste d’origine nantaise a donné naissance à une image devenue – à la manière de Je suis Charlie – le symbole du post-13 novembre 2015 et du deuil qu’en découla.

Illustration intitulée Peace for Paris et réalisée par l'artiste français Jean Jullien

Entre hommage à la BD et ode à la simplicité

Si la surmédiatisation de Peace for Paris fut une surprise, il ne faut pas oublier à quel point Jean Jullien a su comprendre à la perfection les codes des réseaux sociaux, pour ensuite se les réapproprier. Aujourd’hui suivi par plus d’un million d’abonnés sur son compte Instagram, Jullien est un modèle de réussite. Pas que cette incroyable fidélisation est transformé en profondeur son métier – après tout, l’artiste dessine quoi qu’il arrive à longueur de journée. “Sans mentir la vraie stratégie, c’est de produire autant que faire se peut. C’est d’essayer de garder une pratique constante, pour arriver à de bons résultats.…” expliquait-il ainsi lors d’une interview. Au final, ses réseaux sociaux ne restent qu’un portfolio de grande envergure.

Mais, cette présence à le mérite de lui offrir une visibilité et une proximité unique. D’autant plus que cette visibilité engendre un grand intérêt de la part de nombreuses marques et institutions. Le New York Times, AMI, Colette, Télérama, Nike, etc., la liste de partenaires que s’est construite Jean Jullien au fil des années est tant éclectique que démonstrative de son succès fulgurant. Jullien est, de fait, l’exemple parfait de cette génération d’artistes freelances qui, sur un même laps de temps, peuvent être à la fois exposés dans une galerie et collaborer avec une chaîne de magasins. L’artiste privilégie ainsi les collaborations qui lui offrent la possibilité de “se mettre dans l’univers de quelqu’un.” Or, l’éditorial et la publicité sont aujourd’hui deux des domaines qui offrent la plus grande marge de manœuvre aux artistes.

Et puis, que Jean Jullien soit tant plébiscité est guère étonnant quand on se penche sur son style. L’artiste basé à Londres cultive, en effet, un amour profond pour un dessin simple et accessible. Cela lui permet de transmettre des messages ou des humeurs “de façon peut-être plus brute”, ce qui pousse le pousse à voir son œuvre “comme une matière première”, à laquelle il faut donner la forme “la plus appropriée en fonction des supports.” Jullien a ainsi beaucoup travaillé ces dernières années sur du mobilier, tel que des chaises, des tables, des sculptures, des vêtements ou même, sur l’agencement de salles entières. Il développe aussi, depuis quelques années, des projets de dessins animés avec son frère. Jean Jullien ne manque donc clairement pas de projets et cela semble bien parti pour continuer dans un avenir qui s’annonce plus que radieux.

Illustration pour une couverture de Télérama et réalisée par Jean Jullien
Pièce des Galeries Lafayette réaménagée par l'artiste français Jean Jullien
Toile peinte par Jean Jullien
Illustration de l'artiste français Jean Jullien réalisée pour le New York Times
Toile peinte par l'artiste basé à Londres Jean Jullien

Suivez l’actualité de Jean Jullien sur son compte Instagram et retrouvez une partie de son travail sur son site, puis découvrez les peintures de Alex Gardner, le poète des contrastes.

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Tom Demars
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