JaeHoon Choi

JaeHoon Choi explore la frontière entre la vie et la mort

Image d'avatar de Tom DemarsTom Demars - Le 5 février 2020

Né en Corée du Sud, JaeHoon Choi possède un style qui peut paraître, aux premiers abords, difficile d’accès. En effet, ses visuels représentent des scènes très graphiques, qui usent de l’imaginaire horrifique asiatique, et abordent des thèmes très sombres comme la mort ou bien la solitude. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que JaeHoon Choi a été bercé dès sa plus jeune enfance par des mangakas tels que Hitoshi Iwaaki (Parasyte) ou encore Katsuhiro Ōtomo (Akira). Or, cette génération s’est démarquée par sa volonté à casser les barrières. Ils n’ont pas voulu se plier aux dogmes de l’époque (essentiellement calqué sur le style amené par Osamu Tezuka dans les années 50) et ont décidé de laisser libre court à leurs visions artistiques. C’est cet état-d’esprit qui a amené l’art du manga vers un rayonnement international. Le manga n’était, alors, plus seulement une bande-dessinée destinée aux jeunes Japonais mais bien un moyen d’expression pour des artistes torturés.

illustration réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
illustration réalisée par JaeHoon Choi
illustration réalisée par l'illustrateur JaeHoon Choi

“Je pense toujours à la mort. Ce n’est pas une pensée négative. Il s’agit de la préciosité et de la valeur de la vie… Je pense à la séparation, aux couchers de soleil, au flétrissement et à l’obscurité, etc. Habituellement, nous nous tenons à l’écart de ces choses, mais ce sont certainement des éléments importants dans nos vies.“

JAEHOON CHOI

Et quand on voit le style de JaeHoon Choi, faire un parallèle avec cette génération d’auteurs paraît évident. On retrouve, en effet, cette nervosité et cette précision dans les traits du dessin qui n’est pas sans rappeler Akira. On retrouve, aussi, ce surréalisme morbide et très graphique qui a fait le succès de Parasyte. L’artiste coréen nous embarque avec lui dans son voyage vers les ténèbres. On pénètre dans un monde où seul la peur semble régner. Un monde surréaliste où toute notion de temps et d’espace n’a lieu d’être, où la frontière entre la vie et la mort n’a jamais semblé aussi fragile. Plus qu’un simple dessinateur, JaeHoon Choi est un narrateur. Et comme ces artistes qu’il admire et qui n’ont pas hésité à obliger la société à regarder la vérité en face, Choi se sert de son art pour prendre parti sur des sujets sociétaux (sexisme, suicide, etc…) et délivrer des messages lourds de sens comme sur sa série NEO SEOUL.

illustration réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
couverture d'album réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi

“Je suis troublé par le regard masculin, la société centrée sur les hommes, le phénomène du pouvoir irrationnel et la classe contraire à l’éthique en Corée.”

JAEHOON CHOI à propos de NEO SEOUL
illustration réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
illustration réalisée par JaeHoon Choi
illustration réalisée par le coréen JaeHoon Choi

Jouer avec la perspective et créer sa propre réalité 

« De nouvelles et bonnes histoires devraient être continuellement créées pour rendre les fans et le public heureux. » Comme dit plus haut, JaeHoon Choi est un véritable narrateur. Et s’il n’a pas encore eu l’occasion de s’illustrer dans la création d’un manga, il profite de son statut d’illustrateur pour laisser libre court à sa créativité et, surtout, il ne s’impose aucune contrainte de temps. Il prend ses projets un à un et se concentre pleinement sur ce qu’il compte raconter à travers à travers son œuvre. JaeHoon Choi expérimente sans cesse. Il varie les supports ou même les styles de dessin. De plus, l’artiste coréen accorde énormément d’attention aux finitions de ses dessins. Contempler une illustration de Choi correspond à faire face à une véritable fresque qui regorge de détails.

illustration réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
réalisée par JaeHoon Choi
réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi

“Dans les bandes dessinées, le cadre est linéaire. Chaque image est fixe mais continue, créant un temps d’écoulement.Chaque image a son temps et son espace. Le personnage principal qui traverse le cadre peut voir le monde entier.

Peut-on voir le petit monde et le grand monde en même temps ?”

Jaehoon Choi
pages de manga réalisées par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi
illustration réalisée par l'illustrateur JaeHoon Choi
illustration réalisée par l'illustrateur coréen JaeHoon Choi

Une réflexion sur la condition humaine

Comment jouer sur les codes de la bande-dessinée ? Comment créer une nouvelle forme de narration ? Choi donne l’impression de ne jamais se reposer sur ses lauriers. Et c’est cette façon d’appréhender l’Art qui lui a permis de collaborer avec de grandes institutions (la NASA, Montblanc, etc…), d’exposer dans le monde entier ou, encore, de pouvoir donner des cours de dessin dans l’espoir d’inspirer les prochaines générations d’artistes coréens. “C’est {Akira} une œuvre antisystème. Que d’autres artistes continuent à s’en saisir signifie sans doute qu’elle fait toujours sens. Je ne sais pas d’ailleurs si je dois m’en réjouir…” déclarait Ōtomo lors d’une interview pour Télérama. Vouloir traiter de sujets aussi sombres peut paraître ingrat. Après tout, pourquoi parler de malheurs, de traumatismes ? Pourquoi vouloir plonger dans les plus sombres recoins de l’esprit humain ? Si cette tâche peut paraître illogique, elle permet, pourtant, de révéler une beauté beaucoup plus profonde, plus humaine.

Certains diront que c’est dans les moments les plus difficiles que notre véritable nature se dévoile. D’autres penseront que c’est après avoir vécu l’enfer que la vie prend tout son sens. Et quand on observe les œuvres de Jaehoon Choi, une certaine mélancolie apparaît. Malgré les visuels très sombres, malgré les scènes de désespoir, Choi tente de nous montrer la réelle valeur de la vie. Finalement sa véritable force réside dans cette profonde faiblesse qu’il insuffle à ses personnages. Alors que ceux-ci semblent monstrueux, voire démoniaques, ils ne sont que le reflet de nos tourments, de nos peurs, de nos imperfections, de ce qui nous rend tout simplement humain. 

illustration réalisée par JaeHoon Choi
illustration réalisée par l'illustrateur JaeHoon Choi
dessin réalisé par le coréen JaeHoon Choi
illustration

Propos recueillis dans une interview accordée à The Straits Times. Retrouvez le travail de JaeHoon Choi sur son compte Instagram et découvrez le travail de Shohei Otomo Hakuchi, un illustrateur qui décrit à travers ses dessins un Japon malade et éloigné des stéréotypes.

Partagez avec vos amis :)
Tags en rapport :
A voir aussi !
Christine and the Queens revient avec un nouveau titre “rentrer chez moi”

Christine and the Queens revient avec un nouveau titre “rentrer chez moi”

Cela fait bientôt un an que Christine and the Queens…

26 avril 2024

Eminem sort un nouvel album et annonce The Death of Slim Shady

Eminem sort un nouvel album et annonce The Death of Slim Shady

Cela faisait quatre ans que les fans l'attendaient. Eminem est…

26 avril 2024

Quest (Real Love) – Nouvelle sortie musicale et premier album pour Kartell

Quest (Real Love) – Nouvelle sortie musicale et premier album pour Kartell

Depuis la sortie de "Daybreak" en 2021, Kartell s’est fait…

26 avril 2024

Tom Demars
Article écrit par :

Laisser un commentaire

1 commentaire

  • Merci pour cette belle découverte!
    De mon côté, je ne peux m’empêcher de voir un écho entre JaeHoon Choi et Marc-Antoine Mathieu.
    Vous le connaissez déjà surement.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.