Grand maître du stylo à bille, des dessins hyperréalistes mêlant tradition japonaise et modernité, aversion des stéréotypes japonais, Shohei Otomo Hakuchi, vision d’un Japon underground éloigné de tous clichés.
À 37 ans, l’illustrateur Tokyoïte, Shohei Otomo, décrit à travers ses dessins un Japon éloigné des stéréotypes japonais, une immersion dans un monde truffé d’hommes ivres, de yakuzas tatoués, de geishas maltraitées, sans oublier des policiers en uniformes raides défoncés. Un point commun rassemble ses personnages pourtant bien éloignés : leurs uniformes, objet de fascination pour l’artiste, allant du policier à celui d’écolière japonaise.
” La société japonaise est dure avec les gens qui veulent vivre librement. En tant qu’artiste ça m’inquiète, d’où l’envie de montrer des policiers qui se droguent, afin de montrer le caractère répressif du Japon “.
Shohei Otomo Hakuchi
Shohei Otomo Hakuchi est diplômé de la Tama Art University de Tokyo option peinture à l’huile. C’est rapidement qu’il adopte le stylo à bille et commence à illustrer des pochettes pour des groupes indépendants mêlant à la fois tradition et modernité dans ses œuvres. S’entrechoquent alors, gravures érotiques du XVIIème siècle surfant sur les symboles de contre-culture Nippone ou occidentale.
” Lorsque tu dessines au stylo à bille, tu ne peux rien effacer. Tu n’as pas le droit à l’erreur ” .
Shohei Otomo
Pour Otomo, cette précision que demande l’art du dessin au stylo à bille est la convergence entre son art et celui du tatouage. L’art du tatouage est partie prenante de ses œuvres, offrant la part belle à la face cachée du Japon, tout en rappelant son père, l’illustre Katsuhiro Otomo fasciné par les marges. Il met donc en scène un monde plus ou moins post apocalyptique de mutant rebelle et d’ado désorienté. Shohei Otomo n’est pas son père mais il partage et revendique, tout comme lui, cette volonté d’être pessimiste, ainsi qu’une détestation profonde des gens positifs. À la différence, les illustrations de Shohei Otomo divisent et ne s’inscrivent pas dans un contexte particulier, ou dans une œuvre plus dense, mais plutôt comme une captation de la société contemporaine à l’instant T. Le noir et blanc de ses illustrations n’acceptent aucune couleur, à l’exception de quelques traces rouge sang. S’anime une partie obscure du Japon : le tatouage, les marginaux, les yakuzas, l’alcool. La quasi-totalité de ses dessins joue avec le tatouage, les codes : des geishas maltraitées, des voyous qui se battent, boivent ou s’exhibent. Il exprime une violence profonde, sublimée par la qualité de sa technique artistique d’une précision implacable, presque réelle, à l’aspect photographique. L’innocence n’a pas sa place dans son dessin.
Retrouvez son travail sur son Instagram où sur son site internet.
Dessins plus anciens de l’illustrateur Shohei Otomo Hakuchi
Article original publié le 13 juin 2009 mis à jour le 20 janvier 2020.
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