Jean-Baptiste de Laubier, aussi connu sous le nom de Para One, dj et compositeur attitré de Céline Sciamma qu’il a rencontrée à la Fémis, réalise en 2009 le court-métrage It Was On Earth That I Knew Joy, hommage à Chris Marker et son film photo La Jetée.
Il s’agit d’un dialogue entre machines, qui à travers les mémoires entreposées sur le disque dur d’un être humain, nommé survivant, retracent les derniers instants de la vie sur Terre. Mais au-delà du simple travail de mémoire, c’est la confrontation entre le langage de l’homme et celui, binaire, des machines. Ainsi, que signifie la mort ? Qu’est-ce qu’un père ? Et surtout, qu’est-ce qu’une émotion ? Le véritable défi n’est pas de savoir ce qu’il a pu se passer mais de comprendre le poids de ce qui a disparu.
Le film se propose comme un voyage dans les souvenirs, une exploration de ce qui nous compose : l’enfance, le voyage, la solitude mais surtout l’amour… Toutes ces choses qui font la joie sur Terre.
Un troisième langage se révèle sous nos yeux, celui des images, que seul le septième art peut offrir. Car nous sommes bien face à une œuvre de pur cinéma dont le souffle visuel déploie ici toute son ampleur, où un pare-brise inondé, un embouteillage, une dispute dans la rue, se transforment en symbole de l’effondrement du monde.
Enfin, en cette sombre période de pandémie mondiale, le film prend une toute importance de par son propos et sa terrifiante actualité. Mais point d’accablement car en apparence tragique, It Was On Earth That I Knew Joy est avant tout une ode à la vie et à l’espoir.