« Pour moi, il s’agit d’une récupération thérapeutique de la représentation du corps féminin, en démantelant peu à peu toute misogynie intériorisée ou toute notion de comment une femme devrait être ou se comporter. » explique l’illustratrice coréenne Hanna Lee Joshi à propos de sa dernière série. L’artiste dessine le corps des femmes comme personne dans ses illustrations très colorées.
Le corps des femmes
Les femmes dessinées par l’artiste Hanna Lee joshi sont uniques. Elles sont au centre des illustrations. Impossible de détourner le regard de ces corps qui se tordent, se contortionnent sans pour autant tenir des poses impossibles à tenir. Sur presque chacune des illustrations, les femmes semblent nous interpeller par des signes. Si les femmes dessinées par Hanne Lee Joshi n’ont pas de bouche, de nez ou encore de yeux, elles semblent pourtant nous regarder droit dans les yeux. Pour l’artiste, « ces gestes sont magnifiquement poétiques et sont chargés d’un puissant symbolisme. »
Hanna Lee Joshi dessine des femmes aux formes arrondies. C’est sa marque de fabrique. Pourtant, l’illustratrice déforme les proportions. On constate que les visages de ces femmes sont très petits comparés à leurs corps, imposants et somptueux. Souvent, leurs visages sont coloriés d’une seule couleur, comparé au reste de leur corps. On perçoit alors d’abord les dégradés de couleurs qui dégringolent sur la chair des silhouettes féminines. Les femmes semblent vivantes par les traits de crayons qu’elle ajoute dans le même sens. On pourrait croire à de véritables fluides qui émanent du corps ou qui le traversent. C’est la force de la série de dessins de l’illustratrice : ses illustrations semblent vivantes.
Les couleurs sont vives et multiples. Dégradées, peut être pour signifier la pluralité des corps, pour combattre les contraintes imposées par la société sur les corps des femmes : « C’est ma façon d’accepter de prendre de l’espace ; dans la société, dans ma vie quotidienne. Mes œuvres vont de l’exploration du sentiment contenu dans des contraintes sociales ou des limites créées par moi-même à la représentation de la poursuite incessante de la liberté. » explique l’artiste dans un article pour Colossal.
Pour l’artiste, ses dessins ne sont jamais qu’une invitation à réfléchir aux corps, au physique ou encore à la superficialité des corps. Pour elle, illustrer des corps c’est aussi questionner l’esprit : « Pour moi, il s’agit d’une récupération thérapeutique de la représentation du corps féminin, en démantelant peu à peu toute misogynie intériorisée ou toute notion de comment une femme devrait être ou se comporter. C’est un processus constant où je tente de redéfinir la façon dont je me vois. » explique-t-elle pour Colossal.
« Mon style a évolué à partir du moment où j’ai commencé à explorer mon identité, mes émotions et le reflet de mes expériences de vie. J’ai fait beaucoup d’art figuratif en canalisant ce que je ressentais. »
Hanna Lee Joshi dans une interview pour booooooom
Dessiner est aussi un moyen thérapeutique pour l’illustratrice : « J’ai commencé à traiter mon art comme un exutoire thérapeutique et certaines choses me semblaient plus faciles à exprimer sous forme d’abstraction. Une personne est bien plus que le corps physique. L’esprit, l’énergie, la conscience qui entrent en jeu s’additionnent. Ce sont mes deux tentatives d’exploration de l’expérience humaine. » confie-t-elle dans une interview pour le site booooooom.
De l’animation à l’illustration
Hanna Lee Joshi est une illustratrice coréenne et canadienne basée à Vancouver. L’artiste entretien une relation avec le dessin depuis son enfance, notamment grâce aux mangas : « Aussi loin que je me souvienne, je voulais devenir une artiste. Comme j’ai grandi avec beaucoup d’animés et de mangas, je voulais me lancer dans l’animation. » explique-t-elle dans une interview pour le site Baileynelson. Elle obtient son diplôme à l’université d’art et design au Canada, Emily Carr. L’université porte le nom de l’une des artistes peintre la plus reconnue au Canada.
Hanna Lee Joshi s’oriente ensuite vers l’animation. Elle travaille dans plusieurs studios d’animation pendant huit ans. C’est à cette période qu’elle forge ses compétences techniques. L’artiste dessine des illustrations et joue sur le tableau de l’art abstrait mais aussi sur celui du corps des femmes. Cette ambivalence est la particularité d’Hanna Lee Joshi. L’artiste donne alors l’impression, avec des couleurs pâles et apaisantes d’illustrer une tempête d’émotions diverses et pas forcément calmes. Pour l’illustratrice, ses dessins sont le médium idéal pour transmettre sa pensée : « Je n’ai jamais été la meilleure pour m’exprimer avec le langage. J’ai toujours trouvé les mots encombrants. J’espère que je peux communiquer mes sentiments et mes idées les plus profonds à travers mon travail. » confie-t-elle pour le site Baileynelson.
« En tant qu’introvertie et casanière, sans les médias sociaux, ma portée serait beaucoup plus réduite. Il arrive parfois que j’exagère mes insécurités, mais elles font partie du sujet dans mes pièces. »
Hanna Lee Joshi dans une interview pour Faaim
Parfois, l’artiste semble mêler ses deux univers : l’abstrait et les figures féminines :
Pour une collaboration avec Booooooom, l’artiste ancre ses illustrations dans la réalité. Les images sont mélancoliques et grandioses :
En 2018, l’illustratrice devient street-artiste en peignant un mur complet à Vancouver, à l’occasion du festival des fresques murales :
Hanna est une artiste éclectique. En plus de l’animation, des illustrations abstraites ou encore des fresques murales, elle illustre des articles ou des couvertures de magazines :
Si vous appréciez les illustrations d’Hanna Lee Joshi, vous pouvez faire un tour sur son site officiel ou sur son compte Instagram.
On est certain que vous aimerez les illustrations d’Amber Vittoria, qui, elle aussi travaille sur les corps des femmes et les diktats que la société leur impose.