C’est au cœur du Guatemala que s’est arrêté, en 2016, le camion camping car de Benoit Paillé, photographe québécois de 34 ans.
Après sa série « Surreal Mexico » et son projet « Migrants Guatemala/Mexico », cet ancien étudiant en biologie médicale, photographe itinérant depuis 2013, nous ouvre de nouveau la porte de son univers fabuleux et psychédélique.
À travers « RoadTrip guatemala », on retrouve les couleurs avec lesquelles il ne représente pas, mais crée le réel. En utilisant ses flashs et ses gélatines de couleurs, il invente des ambiances expérimentales ; un monde mystique et poétique. Souvent rosées, ses photographies visent à reproduire une expérience sensorielle chez le spectateur.
Ce surréaliste du XXIème siècle produit des images qu’il décrit comme des « fragments documentaires d’un état de conscience altéré ». Désireux de rompre avec toute convention, Benoit Paillé fait apparaître sa vérité et s’applique à « penser à ce à quoi les autres ne pensent pas ». Méthodique, il joue avec les détails et cherche constamment à franchir le réel. Nomade, ses sujets varient ; de paysages déstructurés (« The Kitsh destruction of our world ») en portraits d’inconnus dans leur quotidien (« Château D’eau »). Les zones éclairées à dessein par le photographe attirent l’œil du spectateur et intensifient le ou les sujets de l’image. Il offre ainsi un travail documentaire captivant.
Pour la série « RoadTrip guatemala », Benoit Paillé est resté frileux sur les descriptions. Puissantes, ses photographies parlent d’elles-mêmes.
Brumeuses et surnaturelles, elles retracent l’itinéraire du photographe sur les routes de ce pays de transit, frontalier du Mexique. Benoit Paillé a réalisé ses clichés autour du ravissant lac Atitlan, dans le département de Solola. Parmi ceux-ci, on retrouve son éternel camion de voyage dans la ville de San Antonio Palopo sous un ciel extraordinaire ou encore le fameux carré lumineux du photographe. Présent sur bon nombre de ses clichés et toujours placé au centre de ceux-ci, ce carré flottant dans l’espace représente « un élément humain » dans un paysage naturel.
À San Pedro – ville en partie détruite en 2005 à cause de l’ouragan Stan – c’est un agriculteur en plein pied dans son champ de maïs éclairé et une station de lavage du linge que le photographe choisit de nous montrer. Enfin, certains clichés représentent les membres d’une famille qu’il a rencontrée dans la petite ville de Patzun alors qu’il garait son camion près de chez eux. Chaleureusement accueilli, il a pu rester dans leur jardin pendant une semaine avant d’en être chassé par l’Eglise (propriétaire) prétextant qu’il n’était pas en sécurité.
Par ces clichés pris tout au long de son voyage, Benoit Paillé devient témoin de la société guatémaltèque.
« Le ciel est en veille et il nous reste demain pour recommencer » peut-on lire sur son site internet. Espérons alors qu’il recommence et que sa prodigieuse imagination continue de faire voyager le spectateur.
Pour voir le reste de sa série, rendez-vous sur son behance.
Pour découvrir plus de création et en apprendre plus sur ce photographe atypique, nous vous invitons à regarder sa page dédiée sur Beware Magazine ainsi que ces autres séries photos.