Guidés par le scintillement des lumières rouges qui émanent du canal, on s’est rendus vendredi dernier au show de Foals, dans un cabaret qui avait ce soir-là tout de sauvage. Leur dernier album, What Went Down, est une beauté de rage incendiaire. Et cette furie s’est ressentie tout au long de la soirée sous le mystique chapiteau drapé de velours. Excités à l’idée de revoir le groupe dans une ambiance si intimiste, on pensait également que tout serait moins intense à cause de cette maudite extinction de voix du leader, Yannis Philippakis. Il répétera plusieurs fois pendant le concert que sa voix est fucked… On y a franchement vu que du feu en l’entendant rugir comme un félin – plutôt du genre lion que chaton.
Le show commence avec une belle montée sur Snake Oil suivi de Olympic Airways. On sent le vieux parquet trembler. On entend toutes les voix ne faire plus qu’une en hurlant à l’unisson les paroles de My Number. Entre douceur et vacarme, les morceaux du nouvel opus trouvent parfaitement leur place entre des titres qu’on a bien du écouter mille fois ces dernières années (on ne se lassera jamais de Red Socks Pugie). Et puis il y a ces moments de rêverie mélancolique, comme sur l’excellent Late Night.
Les tracks choisies sont audacieuses et finissent souvent en frénésie bourrée de distorsions. Yannis balaie devant lui un son invisible avec ses mains, il grimpe sur les amplis et part faire son tour dans le public, as usual. La tension est électrique lorsque le groupe revient sur scène pour What Went Down et le très attendu Two Steps, Twice. Les instruments cessent de gronder et le cabaret s’éteint dans un dernier souffle.
Ce soir, on a eu droit à une sacrée claque dans la gueule, en se laissant docilement apprivoiser par l’énergie bestiale d’un groupe qui n’a pas fini de se renouveler.
Photos : Yohann Jeanblanc