Les cinq français se lancent dans une révolution teintée de bleu.
“Un Monde Nouveau”, premier extrait du dernier album de Feu! Chatterton, rêvait d’un “grand vent nouveau”. “Écran Total” prend sa suite et crée ce renouveau en se lançant dans une vague révolutionnaire.
Le péril bleu
Vêtu d’un bleu de travail, de la même couleur que la couverture de l’album, Arthur Teboul se fait instigateur d’une révolution populaire. Face à une tyrannie du regard, il scande ” On les mettra jamais tes putains de lunettes spéciales ! “. Des lunettes qui sont ici un nouvel écran, une nouvelle séparation, entre le monde réel et les humains, à la manière qu’internet a de mettre à distance tout un univers sentimental.
Après lui, une vague de danseur prend la ville et se rebelle contre un dictateur aux airs de chef militaire, alors qu’il se moque d’un “grand président, sanglots de reptile, [qui] s’adresse aux sans-dents”. Cette référence à quelques polémiques politiques confirme l’évidence : ce titre est le lieu d’une lutte des classes à l’ère des réseaux sociaux, d’une révolte contre un système qui éloigne les âmes.
L’écran comme un mur, qui sépare. Mais aussi l’écran, comme un lien : une fois couché, c’est une surface plane sur laquelle on navigue, une médiation entre nous et les autres.
Arthur Teboul
L’écran total est ici celui qui dénature le lien et la parole, qui rend les personnes hermétiques les unes aux autres par l’intermédiaire de la technologie. Mais il offre aussi une nouvelle forme de dialogue, qui s’illustre bien ici dans le partage des idées, permettant à un homme seul de soulever toute une vague bleu roi. A la fois mal et remède, l’écran total est donc ici aussi politique qu’intime.
Toute une histoire
Si la narration est aussi limpide, c’est que l’album “Palais d’argile”, dont est extrait ce morceau, a connu une histoire bien particulière. En effet, cet ensemble aurait dû être un spectacle pensé pour occuper la scène du Théâtre des Bouffes-du-Nord, à Paris.
On ne l’a pas fait exprès, mais c’est vrai que l’album répond à l’époque, à la pandémie, à la peur… C’était dans l’air, bien avant le virus. Et les chansons nous devancent toujours un peu.
Arthur Teboul
Écrit avant la pandémie, ce spectacle analysait la distance grandissante entre les individus avec cynisme. Entre l’appel à un “monde nouveau” et la présence angoissante d’une catastrophe globale, il prédisait déjà la crise du COVID-19. Une crise qui, malheureusement, sonne la fin du projet de spectacle, dont il ne reste désormais que les chansons, regroupées sur l’album sorti en mars dernier.
Avant de les retrouver sur la scène de l’Olympia, le 29 novembre prochain, restez à l’affût de l’actualité de Feu! Chatterton sur Instagram.